La méthode Alonso : "Détruire les forces des autres"
Fernando Alonso a semé le chaos sur le marché des transferts de Formule 1, ce qui n'est pas sans lien avec ce dont il est capable en piste.
S'il est le pilote le plus âgé de la grille à 41 ans, Fernando Alonso prouve depuis le début de la saison 2022 qu'il a conservé toutes ses capacités, ajoutant les bénéfices de l'expérience à son immuable talent pur.
Un aspect particulièrement fascinant cette année est l'attention au détail dont fait preuve le pilote Alpine pour tirer le moindre avantage d'une situation. Au Grand Prix d'Autriche, par exemple, il a fait l'effort de nettoyer son emplacement sur la grille pendant les essais libres du samedi matin, les qualifications ayant eu lieu le vendredi après-midi ; cela aurait pu lui permettre de prendre un meilleur envol lors du sprint si une défaillance technique ne l'avait pas empêché de prendre le départ.
Ce n'est pas tout. Lors des tours de mise en grille au Grand Prix de France, Alonso roulait très doucement à la sortie des stands. Cela lui a permis de braquer fort à gauche pour déposer de la gomme à l'intérieur du premier virage et à l'extérieur du virage 2. Autrement dit, il avait l'intention de dépasser là au départ, quand d'autres pourraient croire que la piste est trop sale pour ce faire. C'est exactement ce qui s'est produit : il a pris un superbe envol et a doublé Lando Norris et George Russell sur les portions de piste qu'il venait de nettoyer.
Alonso confesse prendre un grand plaisir à ce que ces petits moments soient remarqués. Pour lui, cela fait partie de son esprit de compétition : exploiter ses forces tout en espérant exposer les faiblesses des autres.
"Oui, je suis ce genre de gars", sourit l'Ibère dans un entretien avec Motorsport.com, réalisé avant l'officialisation de son transfert chez Aston Martin pour 2023. "Il faut que je fasse mon truc à 100% et que je tue les forces des autres, quelles qu'elles soient. Mais ça, je le fais dans tout ce que je pratique, quand je joue."
"Avant, je jouais au tennis, et quand je jouais avec quelqu'un de bon, je mettais la balle très haut. Parce qu'ainsi, on leur coupe le rythme, car ils ont l'habitude de frapper la balle très fort. Quand on joue avec des professionnels, la balle arrive très fort pour eux, alors ils ont l'habitude de ce genre de coup. Mais quand on met la balle haut, ils commettent des erreurs, parce que la balle arrive très doucement. Je joue donc mieux au tennis quand je mets la balle haut. Mettre la balle haut est ma seule chance de les battre, alors je le fais automatiquement. Ce n'est pas qu'en sport auto que je dois détruire les forces des autres et essayer de maximiser les miennes."
Fernando Alonso (Alpine)
Alonso se montre clair sur le fait que son expérience en F1 lui donne un avantage, lui permettant de mieux évaluer sur quels domaines il doit se focaliser. "C'est sûr, l'expérience aide de nombreuses manières", indique l'Espagnol. "Pour le départ, la conscience des choses, la gestion des pneus, les arrêts au stand, l'approche avec les mécaniciens. L'approche du week-end aussi : les essais libres et leur importance – ou parfois leur manque d'importance. Quand on est jeune, on fait très attention à chaque tour que l'on fait ; même les EL1 sont comme le dernier tour du championnat. Je pense que vous [journaliste] comprenez ces choses-là."
"J'ai beaucoup progressé dans les conditions pluvieuses et humides. En temps normal, lors de courses sous la pluie, les choses changent très vite, il y a beaucoup de voitures de sécurité, beaucoup de trajectoires sèches qui apparaissent. Bref, il y a plus d'opportunités. Chaque tour n'est pas forcément le dernier tour. Avant, je faisais des erreurs de ce côté-là, en début de course, que j'essaie désormais d'éviter. Et cela ne vient qu'avec l'expérience et qu'en faisant des erreurs."
Alonso ne pense pas que son âge ait des aspects négatifs, surtout après deux ans de pause qui lui ont permis de recharger les batteries : "Quant aux inconvénients, c'est difficile à dire car je ne pense pas manquer de quelque chose que j'avais quand j'étais plus jeune. Peut-être qu'en 2018 je me sentais épuisé mentalement par tout le marketing, les voyages et les choses comme ça. Et j'avais besoin de partir pendant ces deux années. Maintenant, je me sens bien. Je ne sais pas si ce sont juste ces deux années qui m'ont aidé, ou si c'est simplement une approche différente que j'ai maintenant."
Surtout, Alonso pense être une bien meilleure version de lui-même pour son retour en F1 que lorsqu'il a mis un terme à son premier passage dans l'élite. "Ayant regardé les courses de l'extérieur, il y a différentes choses et différents comportements que l'on ne comprend pas toujours [quand on est dedans]. Je ne suis pas restreint à mon cockpit et ma stratégie, alors j'ai peut-être une meilleure compréhension du déroulé de la course."
"Il y a aussi les différentes catégories où j'ai roulé : je pense qu'elles m'enseignent différentes choses. Il y a différentes philosophies de course, différentes techniques de pilotage. Ce n'est pas qu'elles s'appliquent à une F1, mais quand je perds la voiture, que j'ai du survirage, peut-être que mes mains et mes pieds font quelque chose que je ne connaissais pas avant car je ne pilotais que des F1. D'une certaine manière, je me sens plus en contrôle désormais."
Si l'on se fie à ce qui s'est passé sur la piste et en dehors cette année, Alonso n'a jamais autant maîtrisé les choses que maintenant.
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