Multi 21, "l'un des plus grands regrets" de Mark Webber
Des années après, Mark Webber conserve des souvenirs amers du Grand Prix de Malaisie 2013, point culminant de sa rivalité avec Sebastian Vettel.

Mark Webber et Sebastian Vettel s'étaient livré un duel de longue haleine en ce jour de mars à Sepang, Webber ayant pris l'avantage au cinquième tour avant de devancer son coéquipier jusqu'à la deuxième salve d'arrêts au stand. Par la suite, Red Bull a demandé aux pilotes de maintenir leurs positions sans s'attaquer et de baisser leur puissance moteur, via la consigne Multi 21, Webber ayant le numéro 2 et Vettel le #1 du Champion en titre. L'Allemand ne s'en est toutefois pas laissé conter et a attaqué son coéquipier avec succès, remportant la 27e victoire de sa carrière. La relation des pilotes au taureau avait atteint un point de non-retour.
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"L'un de mes plus grands regrets est que j'aurais dû réaugmenter la puissance de mon moteur [quand Vettel a attaqué]", confie Mark Webber à son ancien coéquipier David Coulthard lors d'une interview pour la série vidéo F1 Unscripted. "Mais instinctivement, je me suis dit : 'Il faudrait conclure cette course, il ne nous reste que trois ou quatre tours, et nous nous battons en mettant à l'épreuve notre matériel et notre voiture', car il était clair pour cette course en particulier qu'il fallait la conclure."

"Au fond, qui sait si Sebastian regrette encore ce Grand Prix à ce jour ? Peut-être que non, je ne sais pas. Il y a eu d'autres moments çà et là où je n'ai pas été un ange. Mais celui-là… il y a eu tant de scénarios qui ont mené à cette situation, ce n'en était qu'un autre, qui a été très médiatisé, avec les communications radio. De toute façon, j'allais partir. J'avais pris la décision de prendre ma retraite." Webber a quitté la Formule 1 fin 2013 et a rejoint le Championnat du monde d'Endurance, qu'il a remporté en 2015.
Turquie 2010 : la tension monte
Un autre épisode marquant de la rivalité entre Vettel et Webber s'était déroulé trois ans plus tôt, au Grand Prix de Turquie. Les deux hommes se partageaient alors la tête du championnat avec 78 points chacun, mais le top 8 se tenait en 22 unités. La course d'Istanbul a été le théâtre d'une longue bataille à quatre, dans une atmosphère difficile au sein d'une écurie Red Bull où Webber se sentait déjà considéré comme le numéro 2. Alors que les deux RB6 étaient en tête aux deux tiers de la course juste devant les McLaren, Vettel a agressivement attaqué son coéquipier, provoquant un accrochage qui a offert le doublé sur un plateau à Lewis Hamilton et Jenson Button.
"Il y avait quelques intrigues secondaires en arrière-plan concernant les runs de qualifications – qui passe en premier, qui passe en deuxième. Parfois, ça n'a pas été respecté", se souvient Webber. "La tension montait. J'avais remporté les deux Grands Prix avant la Turquie, j'étais en pole position et je menais cette course."
"En début de course, ce qui est devenu très clair, c'est que Lewis me donnait du fil à retordre ; il fallait maintenir les McLaren derrière nous, et c'est ce que j'avais fait pendant 80% du Grand Prix. Lewis était très fort dans les virages rapides, Mercedes était très fort en ligne droite, mais finalement, je lui avais longtemps résisté. Je ne dis pas que c'était une victoire garantie, mais Lewis avait essayé [de doubler] lors des arrêts au stand et nous avions pris toutes les bonnes décisions pour lui résister. Les paris stratégiques de Lewis ont finalement aidé Sebastian, qui est passé devant lui dans les stands. Nous n'avions pas la course gagnée, mais nous avions fait le plus dur."

"Cela m'a surpris quand Seb s'est déporté vers la droite de manière si agressive. Nous nous sommes accrochés, et il a levé le pied du frein, je pense qu'il essayait de me percuter à nouveau. Ça [Vettel qui fait un geste de folie avec le doigt contre la tempe], ça a vraiment mis ma mère hors d'elle : 'Mon dieu, il ne peut pas te faire ça, dire que tu es fou !' J'ai répondu : 'Maman, écoute, nous étions à 300 km/h, il se passait pas mal de choses…' Christian était furieux, forcément, comme toute l'équipe, et c'était justifié. C'était fou."
L'incident a eu de fortes répercussions sur l'ambiance de travail au sein de l'écurie et sur la collaboration entre Webber et Vettel. "Helmut Marko a pris position contre moi dans la presse. C'était dur à gérer dans l'équipe, et à l'époque, notre relation commençait à être tendue, parce qu'il était difficile de gérer notre dynamique, les forces et faiblesses de chacun, à ce stade. J'estimais certainement que je maîtrisais cette voiture et que je la pilotais brillamment, mais l'équipe me posait des problèmes et cela a mis de l'huile sur le feu de notre relation." Webber allait finalement perdre le titre 2010 au profit de son coéquipier après avoir abordé le dernier Grand Prix en principal challenger de Fernando Alonso.
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À propos de cet article
Séries | Formule 1 |
Pilotes | Mark Webber , Sebastian Vettel |
Équipes | Red Bull Racing |
Auteur | Benjamin Vinel |
Multi 21, "l'un des plus grands regrets" de Mark Webber
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