Pourquoi la survie du GP de Monaco n'est pas menacée

Les avis sont divisés sur la place du Grand Prix de Monaco au sein du calendrier de la Formule 1. Néanmoins, l'épreuve continue d'offrir un défi unique pour les pilotes et les équipes.

Max Verstappen, Red Bull Racing RB16B, Valtteri Bottas, Mercedes W12, Carlos Sainz Jr., Ferrari SF21, Lando Norris, McLaren MCL35M et le reste du peloton au départ

Max Verstappen, Red Bull Racing RB16B, Valtteri Bottas, Mercedes W12, Carlos Sainz Jr., Ferrari SF21, Lando Norris, McLaren MCL35M et le reste du peloton au départ

Jerry Andre / Motorsport Images

Le Grand Prix de Monaco est réputé pour offrir des courses lénifiantes. La piste étroite, les monoplaces larges, lourdes et sensibles à "l'air sale", et les pneus à forte dégradation forment un parfait cocktail d'ennui. Sauf rares exceptions, tous les ans, les spectateurs du monde entier ont droit à une procession longue de deux heures. Et tous les ans, une éternelle question refait surface dès la fin du week-end de course : est-ce que Monaco mérite de rester en F1 ?

Bien que je sois le premier à soutenir tout changement de tracé pour augmenter les opportunités de dépassement, la valeur du Grand Prix de Monaco sort du simple cadre de la course du dimanche après-midi. Si l'on proposait un Grand Prix où cinq équipes différentes s'élanceraient depuis les cinq premières places sur la grille, où l'auteur surprise de la pole position connaîtrait un accident aux qualifications l'empêchant de prendre le départ, où la tête du Championnat du monde changerait de main et où la pression serait si intense que les équipes commettraient plus facilement des erreurs stratégiques, la plupart des gens regarderaient cette course sans hésiter.

Surtout, Monaco incarne l'Histoire, avec des surprises, des joies et des peines. Certes, les yachts, les voitures de rêve et les célébrités renforcent l'intérêt général pour la course la plus célèbre de la F1. Mais sur le plan sportif, Monaco offre un défi qui n'existe nulle part ailleurs.

Voir les pilotes repousser les limites, frôler les barrières, s'engouffrer dans l'obscurité du tunnel, payer le prix fort lorsque les choses tournent mal plutôt que de profiter d'une zone de dégagement asphaltée... Tout cela rend les essais et les qualifications de Monaco bien plus palpitants que sur n'importe quel autre circuit du calendrier.

Les petites vitesses et les appuis aérodynamiques renforcés maximisent ou minimisent le potentiel des monoplaces, car une machine performante sur des circuits rapides pourrait être en difficulté sur le Rocher. N'était-il pas rafraîchissant de voir Ferrari et McLaren perturber les plans des ultra-dominateurs Red Bull et Mercedes en jouant la victoire à la régulière ?

Même si la Scuderia a admis que son rythme à Monaco n'avait rien d'exceptionnel, puisqu'il était dû aux caractéristiques aérodynamiques de la voiture sublimées par une excellente gestion des pneumatiques, le fait d'avoir plusieurs équipes aux avant-postes sur différents types de circuits est essentiel pour la F1 à mesure que son calendrier s'élargit. Si chaque circuit avait les mêmes exigences, il n'y aurait aucun moyen de bouleverser la hiérarchie et nous n'obtiendrions que des résultats copiés-collés.

Le Grand Prix de Monaco 2021 n'a pas donné lieu à une guerre des pneumatiques, comme ce fut le cas à Bahreïn et en Espagne, ni à un festival de dépassements comme au Portugal. Ce qu'il a offert en revanche était une impasse mexicaine : pendant le premier relais, les équipes se sont regardées dans le blanc des yeux, la main posée sur le bouton de communication radio, prêtes à dégainer le classique "box, box, box" au moment opportun.

Compte tenu de la difficulté pour les leaders à créer une avance sur le ventre mou du peloton en Principauté, les équipes ont toujours des difficultés à identifier le bon moment pour craquer et rentrer au stand. Un mauvais timing, une mauvaise stratégie, un mauvais arrêt, et tout s'effondre comme un château de cartes.

À Barcelone, par exemple, l'undercut vous garantit toujours de dépasser les voitures vous précédant. Monaco est différent. Le profil des virages rend plus difficile la mise en température des gommes. Et comme la position en piste est reine, le pari le plus sûr est de choisir le pneu le plus lent mais le plus endurant. Cette stratégie permet également de disposer de plus d'options en cas d'apparition inattendue du Safety Car.

Ainsi, lorsque Mercedes a ordonné à Lewis Hamilton de rentrer au stand pour passer des pneus tendres aux pneus durs, l'espoir de pouvoir faire sauter le bouchon Pierre Gasly ne s'est pas concrétisé. Et, pire encore, l'erreur stratégique des Champions du monde en titre a été aggravée lorsque Sebastian Vettel et Sergio Pérez ont maximisé leur overcut en restant devant le duo Hamilton/Gasly lors de leur arrêt respectif.

Le manque d'opportunités de dépassement à Monaco signifie que Mercedes ne pouvait pas simplement se servir de sa voiture plus rapide pour dépasser ses rivaux ayant fait un meilleur travail sur la stratégie. De la même manière que le circuit punit les pilotes après une erreur, il sanctionne les écuries aux voitures bloquées dans le trafic. Cela fait partie du folklore du Grand Prix de Monaco.

Il est aussi important de préciser que, si Monaco n'est pas le meilleur des tracés pour les dépassements, la génération actuelle de monoplaces n'est pas adaptée. Les énormes appuis aérodynamiques et toute la cavalerie se cachant sous le capot moteur sont très appréciés au moment des qualifications, lorsque les pilotes sont isolés sur la piste pour tenter de réaliser le tour le plus rapide. Mais, à mon grand regret, ces machines sont incapables de rendre les dimanches palpitants, du moins à Monaco.

En raison de la sensibilité aérodynamique, les voitures ne peuvent pas se suivre à la trace. Dès que l'aileron avant commence à perdre en performance, les pneus sont les premiers à souffrir en surchauffant et en se dégradant, ce qui fait glisser la voiture de plus en plus. Et cela conduit à une situation où, malheureusement, la meilleure façon d'arriver à la fin de son relais est de rester à environ deux secondes du pilote pris en chasse puis d'attendre.

Plutôt que de vouloir modifier le tracé, la solution la plus simple est de donner aux pilotes des voitures qui ne sont pas aussi sensibles aux turbulences créées par leurs rivaux et des pneus capables de tenir la distance sans surchauffer. La physionomie de la course serait alors totalement différente. Lewis Hamilton, qui est resté prostré pendant près de deux heures et qui a eu tout le temps d'observer le diffuseur de l'AlphaTauri AT02, serait beaucoup plus à même de mettre la pression sur ses adversaires et d'augmenter les chances de partir à la faute.

Il est intéressant de se demander quel type de Grand Prix nous aurons à Monaco en 2022, avec de nouvelles monoplaces et des gommes 18 pouces. La course pourrait ne pas être digne de figurer dans un blockbuster américain. Ce qui comptera au final, ce sera de voir du stress, des incidents, des doutes et du spectacle tout au long du week-end.

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