Vergne revient sur ses débuts non rémunérés en Formule E
C'est sans salaire et avec un enthousiasme très modéré que Jean-Éric Vergne a fait ses débuts dans le championnat qu'il allait remporter à deux reprises.
Fin 2014, Jean-Éric Vergne ne savait pas ce que l'avenir lui réservait. Sans volant en Formule 1 à la suite d'un concours de circonstances défavorable chez Red Bull, le Français devait donner un second souffle à sa carrière, mais où ? L'opportunité existait notamment de rester au sein de sa famille de longue date en 2015, puisqu'il aurait fait le pilote de réserve idéal, mais Vergne a préféré accepter une proposition similaire de la part de Ferrari.
"J'étais très énervé à l'époque, que certaines personnes chez Red Bull m'aient dit que c'était moi qui allais remplacer [Sebastian] Vettel s'il partait, et vu la fin de saison que j'ai faite par rapport à [Daniil] Kvyat, je n'étais pas d'humeur à rester chez eux", explique l'intéressé dans le podcast Beyond The Grid. "J'ai bien discuté avec d'autres équipes, mais elles voulaient toutes de l'argent. La seule écurie qui m'a proposé un job est Ferrari, en tant que pilote de réserve et de simulateur. C'était une expérience incroyable d'être chez Ferrari, mais c'était très dur de venir sur toutes les courses et de voir mes amis courir pendant que je ne faisais que prendre un café dans l'hospitalité."
Ainsi Vergne a-t-il pris le chemin du nouveau championnat tout électrique. "Je me suis concentré sur un objectif : la Formule E", poursuit-il. "Il fallait que je renoue avec la victoire, avec la mentalité que j'avais avant la F1. Il m'a fallu un an et demi pour retrouver cette mentalité. C'était important d'accepter que je n'avais pas la carrière que je voulais, de comprendre pourquoi et de transformer ça en positif, de devenir un meilleur pilote, plus fort."
Cependant, pour ce faire, il lui a fallu accepter de participer sans rémunération à l'E-Prix de Punta del Este en décembre 2014, chez Andretti Autosport… avec un certain succès et un sentiment de libération. "J'étais assez inquiet, car je n'avais pas de volant pour l'année suivante, il fallait que l'on trouve quelque chose. Julian [Jakobi], avec qui je venais de signer comme manager, m'a dit qu'il allait peut-être y avoir une opportunité. Il m'a rappelé et a dit : 'OK, je t'ai trouvé un baquet, mais juste pour une course en Formule E'. Je me suis dit : 'OK, pourquoi pas, on va essayer'. Il a ajouté : 'Ce n'est pas rémunéré, ils te payent l'avion'. 'OK, encore une mauvaise nouvelle…' Il m'a dit : 'Écoute, va faire cette course, fais ton job, fais ce que tu fais le mieux, et laisse-moi gérer le reste pour l'avenir'. Pour la première fois, j'avais cette relation avec quelqu'un en sport auto qui me disait plus ou moins comment faire les choses, comment me comporter… Ce n'est pas comme si je ne le savais pas, mais c'était agréable d'avoir ce genre de relation et de discuter avec Julian."
"Je lui ai dit : 'Super, faisons ça. La course est quand ?'.'Tu pars demain matin'. 'Où ?'. 'À Punta del Este'. Je ne savais pas où c'était. Je n'ai pas fait de simulateur, les autres pilotes avaient fait deux courses avant ça. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. C'est une voiture très dure à conduire : pas d'adhérence, beaucoup de couple, un circuit relativement difficile avec du sable dessus, car c'était à la plage. Mais ce qui est bien, c'est que tout le monde avait la même voiture. C'était la meilleure chose qui me soit jamais arrivée, revenir dans une catégorie où tout le monde avait la même voiture."
C'était la meilleure chose qui me soit jamais arrivée, revenir dans une catégorie où tout le monde avait la même voiture.
Jean-Éric Vergne
"En essais libres, j'avais fait beaucoup d'erreurs en cherchant la limite de la voiture. Je me rappelle que Michael Andretti est venu me voir avant les qualifications et m'a dit : 'JEV, si tu rentres dans le top 10, je te donne le volant pour le reste de l'année'. En qualifs, j'ai fait la pole avec trois dixièmes d'avance. Et quand j'ai fait ce tour, parce que tout le monde avait la même voiture, je savais que je n'allais pas être battu. Ce sentiment m'a vraiment libéré, je me suis senti beaucoup plus confiant."
"Helmut Marko était à cette course, il est venu me voir et m'a dit : 'Je suis surpris, je pensais que tu allais être lent en qualifications'. J'ai répondu : 'Tu sais très bien que Kvyat avait dix kilos de moins que moi et que je ne pouvais même pas en parler dans la presse, alors forcément…' Je lui ai dit ça devant quelques personnes, il n'était pas très content, mais c'était la vérité. Kvyat, en F1, était toujours dix kilos plus léger que moi, et on sait qu'en F1, cela fait trois dixièmes. Croyez-moi, quand je suis arrivé en Formule E en qualifications avec la même voiture et le même poids pour tout le monde, j'ai eu l'impression qu'on m'enlevait un sac plein de cailloux."
Vergne allait devenir l'un des pilotes les plus victorieux en Formule E et le seul double champion de la discipline à ce jour, auteur de 11 poles, dix victoires et 24 podiums en 82 courses.
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