MotoGP GP d'Australie

Márquez embauché presque "gratis" par le team Gresini

Le directeur sportif de Ducati Corse lève le voile sur les coulisses du recrutement de Marc Márquez par l'équipe Gresini, suggérant que le champion espagnol a choisi de courir pour le team de Nadia Padovani en 2024 sans percevoir pratiquement de salaire.

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Marc Márquez, ce sont six titres de Champion du monde MotoGP en sept ans et une aura de star avec laquelle personne ne rivalise sur la grille actuelle. Doté d'un palmarès parmi les plus grands de l'Histoire, l'Espagnol a immanquablement braqué les projecteurs sur son équipe tout au long de sa carrière, qu'il ait été au sommet de sa gloire (jusqu'en 2019) ou écarté de la course au titre, voire des podiums, depuis sa blessure de 2020. Ces trois dernières années, il est bel et bien resté le pilote le mieux payé du championnat, sur la base d'un contrat exceptionnel signé début 2020 et couvrant les saisons 2021 à 2024.

C'est ce contrat que l'Espagnol a choisi de rompre il y a quelques jours, une requête acceptée sans difficulté par Honda. Lassé des grandes difficultés qu'il rencontre au guidon de la RC213V, Márquez a fait le choix d'arrêter les frais avec le constructeur japonais et de tenter de relancer sa carrière au guidon d'une Ducati satellite, la seule qui pouvait lui revenir en 2024. Il rejoindra donc le team Gresini Racing, où son frère court déjà au guidon d'une Desmosedici un an plus ancienne que celle des pilotes officiels de la marque.

Interview exclusive :

Dans un long entretien pour le podcast du site moto.it, Paolo Ciabatti est revenu sur la genèse de ce transfert historique, qui s'est préparé sans les dirigeants de Ducati Corse. À tel point que le directeur sportif de Borgo Panigale ne croyait pas à ce dénouement entre Marc Márquez et Honda.

"Les rumeurs tournaient déjà depuis quelque temps dans le paddock", explique-t-il. "Ça n'est pas normal qu'une entreprise comme Honda, et comme le HRC, se trouve dans une situation comme celle-ci. Mais de là à penser qu'en devant refonder leur projet MotoGP, ils pourraient renoncer à un pilote de pointe comme Marc, cela me laissait perplexe."

S'il n'y croyait pas vraiment, c'est aussi que Paolo Ciabatti, il le répète, n'était pas impliqué dans ces discussions, puisque Gresini Racing, comme VR46, sont deux formations qui choisissent elles-mêmes leurs pilotes, sans que ceux-ci soient sous contrat avec le constructeur.

"Marc a trouvé un accord avec le team Gresini après, je l'imagine, avoir longuement parlé à son frère, qui est déjà dans l'équipe. Je crois que Marc a dû bien évaluer le potentiel des motos qui sont celles de l'année précédente en ayant vu ce qu'a fait son frère, ainsi que les autres pilotes", souligne-t-il.

Disant sa fierté qu'un pilote d'un tel calibre "décide en substance de courir gratis pour un team indépendant", Paolo Ciabatti est immédiatement questionné par le journaliste sur ce terme qu'il vient d'employer. Le directeur sportif de Ducati Corse précise alors qu'en effet, selon lui, l'Espagnol ne percevra pas de salaire : "D'après ce que j'en sais, c'est le cas, mais je le répète : je ne sais pas. Il faut demander au team Gresini ou lui poser la question à lui s'ils souhaitent le dire, mais il me semble qu'il court pratiquement pour rien."

"Il est certain que le team Gresini ne peut pas se permettre de payer un pilote avec les sommes auxquelles Marc Márquez était habitué. Donc quelle que soit la situation, on parle de quelque chose de complètement différent. Le facteur économique n'est pas celui qui a guidé ce choix", ajoute le responsable italien.

"De ce point de vue-là, nous devons être fiers qu'il considère Ducati comme étant la meilleure moto pour redevenir un pilote compétitif et qui s'amuse à courir, qui est ce qu'il a déclaré", poursuit Paolo Ciabatti, qui ne cache pas néanmoins que l'arrivée de Marc Márquez est un bouleversement au sein d'un groupe qui avait déjà ses pilotes de pointe, trois d'entre eux occupant actuellement les premières places du championnat.

Paolo Ciabatti, directeur sportif de Ducati Corse

Photo de: Alexander Trienitz

Paolo Ciabatti, directeur sportif de Ducati Corse

"D'un certain point de vue, il n'y avait pas cette nécessité d'intégrer un élément de compétitivité en plus car il me semble qu'à l'heure actuelle, la Ducati est déjà suffisamment compétitive pour les pilotes qu'elle a", souligne-t-il, conscient de la gestion interne que cela va entraîner. "Mais comme dans toute situation, il faut aussi voir l'aspect positif", ajoute-t-il, "et je crois que c'est un benchmark de plus pour nos pilotes afin de démontrer à quel point ils sont forts et de trouver une motivation supplémentaire pour être encore plus compétitifs."

Malgré tout, Paolo Ciabatti ajoute qu'il y a eu une volonté de la part de Ducati de ne pas brider l'équipe Gresini dans cette démarche exceptionnelle. "Contractuellement, il n'y a qu'avec Pramac que nous avons la possibilité de choisir les pilotes, avec leur accord. Que ce soit bien ou pas, les contrats de VR46 et Gresini ne prévoient ni notre approbation ni le fait qu'ils doivent nous consulter. Après, il est vrai qu'ils nous ont informés quand les négociations semblaient être entrées dans une phase plus chaude, s'approchant d'une possible conclusion."

"Ceci étant dit, étant donné que nous n'aurions de toute façon pas eu la possibilité de dire ni oui, ni non, car ce n'était pas dans nos facultés, nous avons compris qu'il s'agissait d'une occasion unique pour Gresini. Quand dans l'Histoire peut-on voir un team indépendant attirer un pilote huit fois Champion du monde avec, disons-le comme ça, des coûts très raisonnables ? Du point de vue du team Gresini, il s'agit d'une opportunité unique et cela ne nous aurait de toute façon pas semblé correct de dire à quelqu'un qui avait cette opportunité d'y renoncer."

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