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Cet été, Zarco veut "se faire mal" pour franchir un cap

Le pilote KTM s’est beaucoup remis en question avant le Sachsenring, et un changement mental semble avoir commencé à s’opérer. Dans sa lancée, il compte mettre à profit ses semaines de pause pour se faire violence et aller chercher ce qui lui manque.

Johann Zarco, Red Bull KTM Factory Racing

L’entame de la trêve estivale est chaque année l’occasion de tirer les premiers bilans de saison, et il est certain que du côté de Johann Zarco, la déception est présente. Si le pilote français s’attendait à rencontrer des difficultés sur la KTM, il ne pensait pas que celles-ci dureraient aussi longtemps, ce qui a sensiblement affecté son moral ces dernières semaines, jusqu’à le voir abandonner au Grand Prix des Pays-Bas. Mais seulement quelques jours après, c’est un pilote reboosté qui s’est présenté en Allemagne, avec un discours différent. Le week-end compliqué et la chute en course n’ont pas affecté sa motivation, et son programme de l’été y est pour quelque chose.

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Faire le point sur ses émotions

"Il est clair que le bilan de cette moitié de saison n’est pas très coloré, mais cela fait partie de l’expérience, de ce que je dois franchir", a-t-il alors commenté auprès de Canal + à son arrivée au Sachsenring. "On a fait un bon point tout de suite après la course et puis je suis rentré à Nice, j’ai mangé avec toute la famille. Ensuite j’ai pris ma voiture, car pour plein de raisons c’était mieux que je monte en voiture, et cela m’a fait du bien de faire la route tout seul, d’avancer, de réfléchir, de faire le point et de bien me rendre compte que c’est dur mais qu’il faut que j’arrive à rester le plus pro possible pour grandir dans cette situation difficile, qui est que les sensations ne viennent pas sur la moto depuis maintenant quand même un long moment."

Ce long trajet d'introspection lui a ainsi permis de "philosopher" et de "faire le point sur ses émotions", ce dont il avait besoin après avoir atteint une sorte de point de non-retour à Assen qui, il l’espère, ne se reproduira plus. Plongé dans ses réflexions durant des heures, le pilote de bientôt 29 ans (il les aura le 16 juillet), a pris conscience des points qui pêchaient, et a décidé de réagir pour retrouver le champion en lui.

"Je pense que j'ai déjà pu suffisamment penser à tout ce que j'ai traversé pendant ces sept mois et la pause estivale va être pour moi un moment pour me pousser dans de nouvelles limites et vraiment avoir une énergie de l'intérieur à faire sortir et à utiliser pour devenir plus fort, au moins en tant qu'homme, comme le champion que je veux être. Et même si je n'arrive pas à aller plus vite sur la moto, au moins je vais beaucoup mieux contrôler cette situation. Je ne me suis pas fait mal et l'été arrive pour réussir à changer des choses, physiquement et mentalement, et il y a comme une revanche à prendre." C’est par ces mots que le double Champion du monde Moto2 2015 et 2016 a annoncé son programme de l’été, qui fait suite au processus de réflexion entamé à la veille du Grand Prix d’Allemagne. Bien que celui-ci se soit conclu par une chute, il expliquait dès son retour au box qu’il savait ce qu’il allait faire pour passer au-dessus.

Se faire violence

Le programme s’annonce donc chargé, et surtout très intense, le pilote français voulant se faire violence pour apprendre à gérer cette situation qui lui échappe jusqu’à présent. "En général, on essaye d'avoir un petit temps de pause, mais je ne vais pas prendre ce temps de pause. Comme la moto me pousse à des limites que je ne connaissais pas, ou face auxquelles je bloque beaucoup, eh bien on va en profiter pour aller se faire encore plus mal et développer une volonté… C'est plus dur à dire qu'à faire, mais [on va] développer une volonté, une force de caractère que j'ai peut-être un peu perdues ces derniers temps parce que la moto me donnait trop peu de satisfaction. Il suffit d'une bonne nuit de sommeil et j'arrive à repartir, mais là on va vraiment aller puiser dans les ressources et aller chercher une énergie intérieure puissante, qui ne me fera peut-être pas aller plus vite sur la moto mais au moins me comporter comme un champion."

À l’inverse de nombre de ses adversaires qui vont profiter de ces quelques semaines de vacances pour souffler, au moins dans un premier temps, avant de reprendre l’entraînement, le #5 ne compte pas manger de ce pain-là. "Ce n’est pas une question de repos, c’est utiliser ce repos pour aller taper dans la machine, dans mon corps, qui peut faire plus que ce que je crois", a-t-il commenté, avant de détailler : "Cela sera de l’entraînement, retrouver des moments, parfois même s’entraîner seul pour simplement se dire ‘pourquoi je fais ça ? C’est pour être meilleur à moto’ et donc forger le caractère. Ce que j’ai franchi cela forge le caractère et là il faut oser se faire encore plus mal, donc un cap à franchir que j’espère franchir cet été."

Déjà au Sachsenring, un premier cap mental semblait avoir été passé par le pilote KTM qui déclarait avoir déjà "switché les pensées, les idées, pour prendre une meilleure dynamique" dans le but, à défaut d’aller plus vite, d’au moins "mieux vivre" la situation. Le mental, voilà son point faible depuis le début de la saison, et il reconnaît volontiers avoir "souvent été triste" : "C'est juste parce que je n'ai pas obtenu de grandes satisfactions sur la moto, et en tant que pilote on veut juste monter sur la moto et être rapide, or je ne peux pas être rapide alors il est plutôt normal d'être triste. Si j'étais heureux de la situation, je ne serais pas au bon endroit."

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Johann Zarco souhaite donc tirer un trait sur les difficultés rencontrées durant cette première partie de saison, qui lui ont néanmoins beaucoup appris. Après la remise en question, l’heure est à présent au passage à l’action, et nul doute que son été sera chargé. Si toutefois les changements qu’il souhaite opérer ne fonctionnaient pas, il n’aurait aucun regret, ce qui n’est actuellement pas le cas. "J’ai juste de hauts espoirs, c’est la meilleure chose pour continuer à se battre. Mais si nous ne trouvons pas de solution, je serai au moins resté le même et j’aurai fait le meilleur travail que je pouvais faire", a-t-il conclu.

Avec Léna Buffa

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