Biocarburants, neutralité carbone : le MotoGP songe à son avenir

Les constructeurs impliqués en MotoGP ont conscience qu'ils doivent se rapprocher de la neutralité carbone. Les futurs règlements doivent encore être définis mais des propositions émergent, notamment en faveur de biocarburants.

Fabio Quartararo, Yamaha Factory Racing

Fabio Quartararo, Yamaha Factory Racing

Dorna

L'Union européenne a récemment annoncé la fin de la commercialisation des moteurs thermiques en 2035. Les sports mécaniques devraient suivre la même transition que les modèles de série et des catégories comme la Formule E, le Pure ETCR et le MotoE ne devraient plus avoir le monopole de l'électrique dans la prochaine décennie. L'annonce de l'UE concerne avant tout les voitures et la situation reste plus floue pour les deux roues mais le MotoGP commence à songer à un avenir plus vert.

Les six constructeurs actuellement impliqués se sont tous engagés jusqu'en 2026, échéance jusqu'à laquelle les règlements devraient rester assez stables. Aucun changement majeur n'a été décidé pour 2027 mais une évolution technique est inéluctable aux yeux des constructeurs, à commencer par Yamaha, dont le plan environnement prévoit d'atteindre la neutralité carbone avec ses modèles de route en 2050.

"Maintenant que la situation globale a drastiquement changé avec quelque chose qui va vers la neutralité carbone, en tant qu'industrie nous devons penser à l'avenir en envisageant l'équilibre entre performance, divertissement et environnement", déclare Takahiro Sumi, le chef de projet de la marque en MotoGP. "La moto ne porte pas tellement là-dessus à l'heure actuelle, mais il est temps d'y penser."

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L'abandon des moteurs thermiques n'est pas encore évoqué mais Aprilia souhaite des évolutions progressives plus que des changements drastiques synonymes d'explosion des coûts. La firme de Noale milite ainsi pour l'introduction de biocarburants qui permettraient de conserver les motorisations actuelles. "Nous avons désormais atteint un bon niveau de performance, alors j'espère qu'il n'y aura pas de révolution et que nous ne devrons pas tout recommencer de zéro", prévient Romano Albesiano, directeur technique d'Aprilia. "Il est clair que nous sommes au milieu d'une révolution. Cette révolution de la neutralité carbone va impacter l'industrie et les sports mécaniques."

"J'espère que dans un avenir proche, cela aura un impact intelligent sur les sports mécaniques, via l'utilisation par exemple de carburants écologiques. Donc des carburants assurant la neutralité carbone avec des moteurs à combustion, sans commencer à utiliser d'étranges outils électriques ou hybrides qui augmenteraient les coûts de manière folle et rendraient tout beaucoup plus difficile pour tout le monde."

Les évolutions dépendront de l'industrie automobile

Les motorisations hybrides ou électriques sont plus développées dans le secteur de l'automobile que dans celui de la moto, malgré de nombreux projets en cours. Les évolutions à venir sur deux roues dépendront des avancées faites sur les voitures selon Davide Barana, directeur technique de Ducati, filiale d'Audi et donc du groupe Volkswagen.

"On voit une tendance claire", estime l'Italien. "Si on regarde le monde des deux roues, c'est dur d'être pionniers dans les changements de technologie, parce que cela demande de gros investissements qui sont surtout faits par les constructeurs automobiles. Quand ces technologies sont matures, elles arrivent dans le monde de la moto avec des adaptations. Je parle pour la série mais c'est presque la même chose en compétition. Cette transition implique de gros investissements, de grosses ressources et de l'argent. Le business du deux roues est plus faible."

Comme son homologue d'Aprilia, Barana espère des évolutions dans la douceur : "Il faut faire le nécessaire mais ne pas surréagir. Il y a plusieurs parties impliquées. Les constructeurs ont des avis, qui peut être différents. Il y a l'organisateur et la FIM. Nous sommes au tout début d'un nouveau contrat, le règlement technique devrait rester assez stable. Je pense qu'au début de l'année prochaine, on commencera à discuter pour l'avenir à moyen terme."

Honda, constructeur de motos mais aussi de voitures, est dans une situation similaire à celle de Ducati. La marque a décidé de quitter la F1 en fin d'année, mettant en avant la volonté de consacrer ses ressources au développement de technologies zéro émissions. La présence en MotoGP ne semble pas menacée mais la diminution des émissions de CO2 est une priorité pour Honda.

"Nous avons annoncé que nous allons vers la neutralité carbone", rappelle Takeo Yokoyama, manager technique du HRC. "La politique de l'entreprise est de suivre cette direction. C'est un gros objectif pour le constructeur d'arriver à un monde neutre en carbone. La compétition sur deux roues est différente mais tant que l'entreprise sera impliquée en course, notre intention sera de suivre la même direction. C'est la position de Honda et les constructeurs ont peut-être des positions différentes."

Les marques actuellement présentes en MotoGP n'ont pas encore véritablement confronté leurs opinions selon Yokoyama : "On doit en discuter. On a un peu entamé les discussions entre constructeurs et avec les organisateurs, mais l'intérêt de tous est d'améliorer les sports mécaniques en lien avec l'industrie de la moto et de l'automobile. Je pense que la direction est assez claire, mais la façon l'atteindre, et avec quelle technologie, reste à débattre. C'est pour ça qu'on doit discuter."

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Avec Léna Buffa

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