Hamilton : Si j'étais resté chez McLaren, je n'aurais qu'un titre
À quel point la carrière de Lewis Hamilton aurait-elle été différente s'il était resté chez McLaren ?
Photo de: Sutton Motorsport Images
L'arrivée de Lewis Hamilton chez Mercedes en 2013 restera connue comme l'un des transferts qui ont marqué l'Histoire de la Formule 1, source de six titres mondiaux pour le Britannique. Car lorsqu'il a pris cette décision en marge d'un Grand Prix de Singapour où il a perdu la victoire sur un problème technique, le pilote McLaren avait déjà signé trois succès en 2012, quand la marque à l'étoile n'en avait qu'un à son actif en trois saisons.
Cependant, Mercedes a particulièrement bien négocié le virage de la nouvelle réglementation de 2014, tandis que McLaren n'est plus parvenu à concevoir un châssis de pointe, tout en souffrant du manque de performance de ses partenaires moteur. Les statistiques sont édifiantes : de 2013 à 2020, Mercedes a signé 105 victoires, 117 pole positions, 213 podiums et marqué 5164 points. Dans le même laps de temps, pas la moindre victoire ni pole pour McLaren, qui a dû se contenter de 5 podiums et de 845 points, malgré la présence de têtes couronnées comme Jenson Button et Fernando Alonso dans ses rangs.
Et même à l'époque où McLaren gagnait encore des courses, Hamilton était empreint de doute quant à savoir s'il allait un jour remporter un deuxième titre mondial. "C'est clair qu'il y a des moments où je me suis dit 'bon sang, je ne sais pas quand est-ce que je vais gagner à nouveau'", reconnaît le septuple Champion du monde dans une interview pour Crowdstrike, sponsor de Mercedes. "J'ai vraiment dû peser le pour et le contre."
"Mais pour moi, il fallait prendre le risque : Senna disait 'si on ne se lance pas dans une ouverture, on n'est plus un pilote de course'. Je pense que si on ne prend pas de risque dans la vie, alors on n'avance pas. J'aurais donc pu rester là-bas. Avec le recul, si j'y étais resté, je n'aurais pas d'autre titre mondial à mon actif. Je serais encore simple Champion du monde, après 14 ans."
Hamilton ne cache pas que l'envie de bâtir un nouveau projet a joué en faveur de Mercedes, par rapport à une écurie déjà couronnée à 12 reprises chez les constructeurs et huit côté pilotes. "J'étais avec McLaren depuis mes 13 ans, c'était donc ma famille et j'y étais parfaitement en sécurité, on prenait bien soin de moi", poursuit-il. "Mais McLaren avait cette histoire incroyable, ils avaient plusieurs titres mondiaux, ils avaient un immense succès et j'avais l'impression de ne pas forcément aider à construire quelque chose. C'était déjà une écurie illustre, elle avait déjà eu tout ce succès, elle avait toute cette vitrine de trophées. Je voulais aller quelque part où je pouvais aider, jouer un rôle majeur pour construire quelque chose."
"Quand j'ai rejoint [Mercedes], l'équipe n'avait pas beaucoup de trophées en vitrine. Elle était sur une pente ascendante, elle se développait, elle se construisait. De nouvelles personnes arrivaient. Et je voulais aller quelque part pour voir si je pouvais utiliser tout ce que j'avais appris pendant toutes ces années, le privilège de travailler chez McLaren et appliquer ces connaissances à une équipe qui n'avait pas beaucoup de succès, afin de lui en donner."
Mais encore fallait-il convaincre Hamilton du véritable potentiel de Mercedes ; les dirigeants de l'écurie, Niki Lauda et Ross Brawn, s'y sont attelés. "Je suis sûr que Niki est le premier à qui j'ai parlé", se souvenait l'Anglais en fin d'année dernière. "Il me disait qu'il fallait que je rejoigne l'équipe. Je n'étais pas forcément convaincu au début. Ce qui m'a vraiment convaincu d'étudier le projet, c'est quand Ross est venu chez ma mère et s'est assis avec moi dans la cuisine. Nous avons pris le thé et il m'a montré quel était le plan pour l'écurie. C'était un véritable aperçu approfondi de ce que prévoyait l'équipe, des changements qui étaient prévus. C'est ça qui m'a vraiment convaincu."
Pour autant, un tel succès était quand même inattendu. "Je le dis régulièrement, j'étais très loin d'imaginer que j'arriverais à sept [titres]. Un titre, c'était super. Ça a été dur d'en avoir un deuxième, et j'ai passé des années à travailler pour essayer d'aider [McLaren] à gagner un autre championnat du monde. Puis j'ai dû prendre une grande décision : rester où j'étais et me traîner, ou aller faire quelque chose de plus aventureux. J'ai fait ce pari, et nous enchaînons les titres ici."
"Je savais avoir pris une bonne décision quand je l'ai prise. Je savais que c'était ce qu'il me fallait. Mais est-ce que je savais que nous allions remporter six titres mondiaux ? Non. Je pense que cela montre que dans la vie, il faut faire ce qui est bon pour soi et pas ce que les gens vous disent de faire ; travailler pour peser le pour et le contre, puis y aller. Tout donner, que ce soit bon ou mauvais", a conclu Hamilton.
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