Williams : sponsoring et COVID-19, les "derniers clous du cercueil"
Claire Williams se montre lucide sur les éléments qui ont conduit à la vente de l'écurie familiale l'an dernier, mais souligne les conséquences désastreuses des événements survenus début 2020.

Quand Claire Williams évoque les dernières années difficiles et les violentes critiques formulées à son encontre, elle assure aussi qu'elle aurait pu faire perdurer la saga familiale si elle en avait eu le temps et les moyens. Dans l'entretien qu'elle a accordée au magazine britannique The Spectator, l'ancienne directrice de l'écurie de Grove estime également qu'il y a un an encore, tout semblait encore possible. Avant que deux événements ne viennent faire s'effondrer un édifice encore trop fragile.
"Au début de l'année dernière, nous pensions avoir pris un virage", explique-t-elle. "Puis nous avons eu des problèmes avec notre sponsor titre, ce qui a amputé notre budget de beaucoup d'argent. Et ensuite la pandémie a frappé. Nous venions de traverser ces deux années très difficiles, nous pensions avoir pris le bon tournant, ramené l'équipe là où nous voulions qu'elle soit, avec le sentiment de progresser. Nous étions une seconde voire une seconde et demie plus rapides sur de nombreux circuits [en 2020 par rapport à 2019] grâce à un énorme travail, ce qui montre que nous franchissions les étapes. Mais il y a eu ces deux derniers clous plantés dans le cercueil."
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"Sur le plan familial, nous sommes arrivés au bout du chemin en 2020. Nous devions abandonner et laisser faire des gens capables d'investir, car ils ont l'argent et ils n'ont pas besoin de rechercher du sponsoring ou je ne sais quoi d'autre. Ils peuvent gagner du temps pour gravir les échelons de la Formule 1."
Le cercle vicieux du fond de grille

Avant de subir les effets du retrait de son sponsor titre ROKiT puis ceux dévastateurs de la crise du coronavirus, Williams estime avoir payé le prix d'une F1 devenue techniquement de plus en plus complexe tout en ouvrant la porte à des possibilités qui n'ont jamais été sérieusement envisagées à Grove, où le statut d'équipe indépendante aura été chéri jusqu'à la vente de l'écurie survenue à l'été 2020.
"Les meilleurs de la grille dépensaient un demi-milliard face à notre budget de 120 [millions]", précise Claire Williams. "Ce n'est tout simplement pas équitable dès le départ, donc c'est très difficile d'essayer de lutter. Quand on est dans cette situation, c'est difficile de reprendre du terrain. Nous avons aussi eu d'autres difficultés internes avec le personnel. Nous nous battions contre toutes ces règles très techniques, très complexes, et qui le devenaient de plus en plus d'une saison à l'autre au point de ne plus y faire face chez Williams."
"Le nombre de pièces listées, qui sont les pièces qu'il faut fabriquer soi-même et qui font de vous une écurie indépendante, a considérablement diminué. D'autres équipes qui étaient en F1 depuis moins longtemps que nous et qui n'avaient pas de ressources ont pu acheter ces pièces auprès d'écuries mieux placées sur la grille, ce qui les a rendues efficaces beaucoup plus rapidement, quasiment en raccourcissant le processus."
"Toutes ces choses se sont liguées contre nous et ont envoyé Williams en fond de grille. Et une fois que l'on y est, on reçoit moins de primes, il y a moins d'intérêt des sponsors, le budget est de plus en plus réduit, et on ne peut pas dépenser pour s'en sortir. Et en Formule 1, si l'on est en difficulté, il faut pouvoir dépenser pour s'en sortir."

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À propos de cet article
Séries | Formule 1 |
Équipes | Williams |
Auteur | Basile Davoine |
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