Pourquoi Ferrari doit croire en ses chances de victoire à Monaco

La Scuderia Ferrari a trusté les premières places des deux séances d'essais libres du jeudi au Grand Prix de Monaco, ce qui a naturellement fait naître l'espoir d'une victoire rouge dans les rues de la Principauté. Alors, est-ce un objectif réaliste ou les Ferrari ont-elles simplement surperformé ce jeudi ?

Carlos Sainz Jr., Ferrari SF21

Photo de: Steven Tee / Motorsport Images

Le week-end monégasque de Ferrari a mal commencé, puisque Charles Leclerc n'a bouclé que quelques kilomètres lors de la première séance avant d'être immobilisé dans son garage en raison d'une boîte de vitesses défectueuse, prolongeant sa série noire à domicile. Les espoirs de la Scuderia ont donc uniquement reposé sur les épaules de Carlos Sainz. L'Espagnol a conclu les EL1 en décrochant le deuxième temps derrière la Red Bull de Sergio Pérez. Une fois le problème de Leclerc réglé, le régional de l'étape a rapidement pointé le bout de son nez en haut de la feuille des temps de la deuxième séance, puis a signé le meilleur tour de la journée avec un 1'11"684.

Classement des EL2 selon la meilleure performance des écuries

Pos Pilote Équipe Temps Écart
1 Charles Leclerc Ferrari 1'11"684  

2

Lewis Hamilton

Mercedes 1'12"074 +0"390
3 Max Verstappen Red Bull 1'12"081 +0"397
4 Lando Norris McLaren 1'12"379 +0"695
5 Pierre Gasly AlphaTauri 1'12"498 +0"814
6 Antonio Giovinazzi Alfa Romeo 1'12"746 +1"062
7 Sebastian Vettel Aston Martin 1'12"982 +1"298
8 Fernando Alonso Alpine 1'13"175 +1"491
9 George Russell Williams 1'13"509 +1"825
10 Nikita Mazepin Haas 1'14"407 +2"723

Au terme de chaque séance, les écuries ont l'habitude de faire un débriefing et de s'appuyer sur les données récoltées pour établir un "tour idéal", réunissant les meilleurs secteurs de chaque pilote. Et même dans cet exercice, Leclerc est le premier. Le Monégasque compte trois dixièmes de seconde d'avance sur Lewis Hamilton, son plus proche poursuivant.

Mais il est important d'atténuer l'engouement des tifosis. Tout d'abord, et c'est le plus important, tout est une question de timing en Principauté. Sur ce circuit plus que sur n'importe quel autre du calendrier, les chronos ne cessent de s'améliorer au fil des séances, si bien qu'il sera hautement improbable de voir une équipe prendre le risque de se qualifier en Q3 avec des pneus mediums. Avec cette information en tête, Leclerc a signé son meilleur temps en EL2 aux deux tiers de la séance, 10 minutes après la meilleure marque de Sainz et quelques instants après celle de Hamilton.

Par ailleurs, le septuple Champion du monde a été invité à commenter l'évolution perpétuelle des conditions de piste à Monaco. "C'est un circuit où vous devez marcher avant de pouvoir courir. Mais, évidemment, vous devez le faire rapidement", a-t-il expliqué au terme des EL2. "L'adhérence de cette piste est très élevée cette année, le circuit a été resurfacé donc il y a beaucoup plus de grip."

Pour mettre en perspective le rythme de Leclerc, il est aussi important de savoir que son meilleur temps a été enregistré avec un mode moteur plus puissant, du moins par rapport à Mercedes. Mais, et c'est très encourageant pour Ferrari, Red Bull aurait également suivi le chemin du Cheval cabré sur les niveaux de puissance, se traduisant approximativement par un avantage de 10 km/h sur Mercedes au sommet de la montée de Beau Rivage.

Lewis Hamilton et Max Verstappen ont toutefois rencontré des problèmes dans le tour où leurs gommes tendres ont atteint le pic de performance. Le premier a escaladé les vibreurs de la Chicane, le deuxième a été gêné par le trafic. Cependant, Verstappen a réalisé sa meilleure marque au bout de sa troisième tentative, tout comme Sainz. L'Espagnol a pourtant devancé le Néerlandais de près de trois dixièmes. Valtteri Bottas a fait son meilleur temps lors de son quatrième tour, Hamilton lors de son neuvième et Leclerc lors de son septième. Cela suggère que Leclerc ne malmenait pas le train arrière de sa Ferrari SF21, ce qui est vital pour une bonne performance en qualifications et en course.

Lire aussi :

Les données sur les longs relais, toujours très utiles pour déchiffrer le vrai rythme des équipes, se sont avérées insignifiantes à Monaco, la faute au trafic dense qui a empêché les pilotes de boucler leur programme sans lever le pied de la pédale d'accélérateur. Ainsi, les runs ont été relativement courts, de même que la séance en elle-même puisque la direction de course a présenté un drapeau rouge définitif à la suite de l'accident de Mick Schumacher.

Malgré tout, Mercedes a estimé être en retard sur Ferrari et Red Bull sans pouvoir fournir une explication. Il se peut que l'écurie allemande ait roulé avec plus de carburant que ses rivaux mais elle n'a pas exclu l'hypothèse d'un simple manque de rythme.

"Cette saison, nous avons appris à devoir gérer Max dans la lutte pour la victoire, nous avons donc été surpris de voir les deux Ferrari aussi performantes", a déclaré Andrew Shovlin, responsable de l'ingénierie piste de Mercedes. "Il n'y a pas besoin de scruter longtemps la feuille des temps pour voir que leur rythme est réel, ils pourraient être de vrais prétendants à la victoire."

Une autre mise en garde s'impose. Avec son format unique, le Grand Prix de Monaco offre une journée supplémentaire d'analyse de données aux équipes avant la reprise des activités le samedi. Et s'il y a une structure qui a prouvé plusieurs fois qu'elle était capable de combler rapidement un écart, c'est bien Mercedes.

Ainsi, les différents modes moteur, la perpétuelle évolution de la piste et l'habitude pour Mercedes d'être hors du coup en essais libres sont autant d'éléments qui nous poussent à ne pas rayer le nom du constructeur allemand de la liste des vainqueurs potentiels à Monaco. Mais le rythme de Ferrari en fait également un candidat crédible. Après tout, la Scuderia continue d'accuser le coup avec la performance de son moteur. Or, ce n'est pas un facteur important en Principauté.

Lire aussi :

Chez Red Bull, on soupçonne une difficulté à garder les pneus arrière en vie dans le dernier secteur, ce qui explique pourquoi le taureau rouge est si loin au classement. "Nous avons manqué la meilleure fenêtre pour les pneus [en EL2]", a commenté le directeur de Red Bull, Christian Horner. "Et [Verstappen] estime avoir trop de sous-virage pour le moment. Donc, il faut régler ça. Je ne pense pas que nous soyons à des années-lumière [de la première place]. Je pense qu'avec une petite mise au point, et avec un peu de chance, nous devrions être au rendez-vous."

Le moment le plus important du week-end sera la séance qualificative. Sur la base des premiers essais libres, trois équipes pourraient jouer la pole ce samedi : Mercedes, Red Bull... et Ferrari, qui a minimisé sa performance du jeudi mais qui dispose probablement de sa meilleure chance de victoire depuis la fin de la saison 2019. "Ça se présente bien", a estimé Leclerc. "Pour l'instant, ça a l'air un peu trop beau pour être vrai. Donc, nous allons attendre de voir la suite du week-end. Samedi, nous saurons exactement où nous nous situons pour la course."

Concernant la stratégie de course, un arrêt unique est le scénario le plus probable pour toutes les équipes. Le trafic est la hantise des stratèges, et multiplier les arrêts sur le circuit de Monaco revient à multiplier les risques de quitter la voie des stands en étant englué dans le trafic et dans l'incapacité de remonter. Le pneumatique tendre devrait être privilégié de la Q1 à la Q3, de ce fait Pirelli prévoit une stratégie tendre-medium, avec un premier relais relativement court ou long, ce qui dépendra d'une probable intervention du Safety Car. 

À noter que la pluie pourrait faire son apparition avant les qualifications, ce qui "réinitialiserait les conditions de l'asphalte", si l'on se fie aux propos de Maria Isola, chef du projet F1 du manufacturier italien. Si un fin crachin peut bouleverser toute une hiérarchie, les spectateurs peuvent donc espérer que les Ferrari tiendront leurs promesses ce samedi en se mêlant à la lutte pour la pole position.

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent "J'ai l'œil qui saigne" : Vettel explique son commentaire
Article suivant Les tests d'aileron, cette saga qui va "coûter une fortune"

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France