Rejoindre DS Penske, "un privilège" pour Günther
Nouveau pilote DS Penske en Formule E, Maximilian Günther livre sa vision de ce nouveau projet dans sa carrière, avant la nouvelle saison qui débutera dans trois mois.
Max Gunther, DS Penske
Photo de: DPPI
Passé par le karting, la F3 et la F2, Maximilian Günther est présent dans le championnat du monde de monoplaces électriques depuis 2018. Il a été titulaire chez BMW i Andretti, Nissan e-dams et Maserati avant d'intégrer, au terme de sa sixième saison, l'équipe la plus titrée du championnat, DS Penske. Il devient le nouveau coéquipier de Jean-Éric Vergne, pilote historique de DS Automobiles, qui a gagné son second titre de champion et la majeure partie de ses victoires avec le constructeur automobile français.
Après la Formule 2, qu'est-ce qui vous a incité à venir en Formule E plutôt que dans d'autres disciplines, comme par exemple l'Endurance ?
Pour moi, la Formule E, c'est "the place to be" [là où il faut être, ndlr]. C'est un championnat très moderne, avec un état d'esprit audacieux et un potentiel énorme. On repousse sans cesse les limites de la technologie, il y a beaucoup de constructeurs engagés, et un niveau incroyable aussi bien du côté des écuries que des pilotes.
Est-ce qu'une Formule E est pour vous plus difficile à piloter qu'une monoplace thermique comme une Formule 2 ?
Je dirais que les Formule E sont les monoplaces les plus complexes à piloter. Il faut une palette de compétences très large pour arriver à en tirer le meilleur. Il convient d'aller vite car le niveau est très élevé, il faut s'habituer en un claquement de doigts aux différentes conditions d'une course en ville tout en gérant des éléments techniques complexes. La gestion de l'énergie et la régénération des batteries sont capitales, mais c'est aussi la recherche permanente d'un réglage affiné qui peut faire la différence. Il faut sans cesse trouver des solutions avec l'équipe, les ingénieurs, sur des bases qui sont à chaque fois différentes, qu'on soit en piste ou dans le garage.
Est-ce que le développement vous concerne particulièrement ?
Absolument. C'est au pilote de donner des informations et un retour le plus précis possible sur le comportement de la voiture aux ingénieurs, de les aider à prendre la meilleure direction pour améliorer la voiture. Il faut que la monoplace soit rapide mais aussi assez facile à piloter pour en tirer tout le potentiel. À la fin de la journée, il faut que la confiance soit totale entre le pilote et ses ingénieurs, afin d'être sûrs qu'on a pris les meilleures décisions. La qualité du retour d'information du pilote vers les ingénieurs est primordiale.
Max Gunther, DS Penske
Photo de: DPPI
Comment analysez-vous l'évolution de votre carrière en Formule E, depuis votre première victoire avec Maserati, en 2020 à Santiago du Chili ?
C'était bien sûr une grande émotion, une première victoire c'est toujours important dans la carrière d'un sportif, et ça a été la consécration de beaucoup de travail. Mais cela a aussi été le départ d'une nouvelle étape, car ensuite j'ai gagné d'autres podiums ou victoires, ce qui m'a aussi permis d'intégrer aujourd'hui une grande équipe comme DS Penske. Avoir une telle opportunité me permet d'ouvrir un nouveau chapitre de ma carrière, je suis très content de cette trajectoire, et impatient d'être sur la grille de départ.
Vous faites aujourd'hui partie des pilotes les plus expérimentés en Formule E, quel regard portez-vous sur les évolutions techniques de la Gen 3 EVO, qui entre en piste cette saison ?
C'est une grosse évolution, qui repousse de nombreuses limites, qui apporte des technologies nouvelles au service du couple ou de la puissance. Au volant, il y aussi du boulot. Aussi bien en termes de développement que de performance pure, il y a vraiment beaucoup à faire pour espérer exploiter tout le potentiel de la voiture. Cette dernière est naturellement plus rapide, mais toute la recherche de performance autour de ce nouveau concept, l'introduction de la recharge rapide en course, sont de nature à pimenter cette nouvelle saison. On n'a jamais été aussi loin en efficience énergétique comme en puissance.
Pensez-vous que l'introduction de la charge rapide soit une bonne chose pour la stratégie de course et le spectacle ?
Certainement. C'est quelque chose pour moi de très excitant. Dans toutes les disciplines de sport mécanique sur circuit les arrêts sont importants pour les pilotes comme pour les fans. En Formula E, il y a énormément d'outils à la disposition de l'équipe pour écrire sa feuille de route. Cette année, les modes Attack vont être plus complexes à gérer car les voitures seront momentanément à quatre roues motrices. Intégrer un moment de recharge rapide va donner beaucoup de travail de préparation en fonction de la configuration du circuit et du nombre de tours à parcourir. Cela ne sera pas facile à exécuter.
Avez-vous déjà eu l'opportunité de piloter votre nouvelle voiture, et qu'en avez-vous pensé ?
Oui, et je me suis beaucoup amusé. Les quatre roues motrices procurent des sensations très différentes, et le niveau de performance est élevé. Passer de deux à quatre roues motrices d'un tour à l'autre est un challenge intéressant, qui demande de l'adaptation et des réglages dédiés. De ce point de vue, la saison va être très intéressante.
Vous êtes aujourd'hui dans l'écurie la plus titrée du championnat, est-ce que c'est une pression ou une source de confiance supplémentaire ?
Pour moi c'est surtout un privilège ! DS Penske est une équipe exceptionnelle, qui a des résultats très solides dans le temps, et faire dorénavant partie de son histoire est une vraie chance pour moi. Ensemble, nous avons une vision claire de ce que nous devons accomplir, et je suis impatient qu'on pousse ensemble pour essayer de nous mettre le plus rapidement possible sur la voie du succès.
Vous venez de Maserati, et donc de Stellantis Motorsport, dont fait aussi partie DS Automobiles. Qu'est-ce que cela va changer pour vous puisque vous aurez une voiture très proche de celle de votre ancienne équipe ?
J'ai eu de très bons moments avec Maserati, avec quelques succès à la clé. Mais le temps est venu pour moi de passer à autre chose, dans une équipe avec qui je peux construire quelque chose de plus fort et d'unique. DS Penske, c'est d'un côté un constructeur premium engagé en Formule E depuis la saison 2, et d'un autre une écurie de course expérimentée, présente depuis le départ. C'est le cocktail parfait.
Max Gunther, DS Penske
Photo de: DPPI
Qu'est-ce qu'une écurie particulièrement expérimentée peut vous apporter de plus ?
DS Penske est une équipe qui est en mesure de concurrencer les Porsche ou les Jaguar, et c'est ce dont j'ai besoin pour moi aussi espérer aller plus loin. Notre projet, qui est de dépasser nos limites, est très clair pour tout le monde.
En Formule E comme dans toutes les courses automobiles, chaque pilote veut gagner. Mais c'est aussi un sport d'équipe, où les constructeurs ont envie de voir leurs deux voitures dans les points. Comment entrevoyez-vous votre collaboration avec Jean-Éric Vergne ?
Tout d'abord, je pense que le respect que nous avons l'un pour l'autre est une bonne base pour commencer à travailler ensemble. Nous avons eu des courses très bataillées pour des podiums ou des victoires au cours des dernières années, je sais que JEV est un pilote chevronné, et je suis impatient de partager le garage avec lui. J'espère que nous parviendrons à faire progresser notre voiture ensemble afin de ramener un maximum de points pour l'équipe.
Le fait que vous soyez tous les deux des pilotes rapides et expérimentés peut-il vous inscrire dans un cercle vertueux ?
J'aime avoir le coéquipier le plus fort possible car c'est ainsi que l'on peut progresser. C'est vrai dans le sport mais ça l'est aussi dans la vie. On devient toujours meilleur au contact de gens qui cherchent à progresser. L'amélioration continue, c'est ma philosophie. Le fait que JEV soit l'un des meilleurs pilotes du championnat est pour moi un point positif.
Cette saison, quels sont les circuits qui pourraient correspondre le mieux à votre style de pilotage ?
Plusieurs endroits me plaisent pour différentes raisons. Je commencerais par Jakarta, car c'est là que j'ai remporté ma première victoire avec Maserati, après avoir signé la pole position. Mais je suis aussi attiré par des nouvelles destinations comme Miami (USA) ou Djeddah (Arabie saoudite), qui représentent de nouveaux challenges. Les très grandes villes comme Tokyo (Japon) ou Shanghai (Chine) sont aussi très attractives. Mais bien entendu ma course favorite reste Monaco, car c'est là que je vis et puis c'est aussi la course à domicile de DS Automobiles. Ce serait un rêve d'y faire un gros résultat.
Max Gunther, DS Penske
Photo de: DPPI
Préférez-vous les nouvelles pistes, inconnues, ou celles où vous avez déjà roulé ?
Les pistes nouvelles ont quelque chose d'excitant. Cela rapproche tous les membres de l'équipe, il faut étudier le circuit ensemble, passer chaque virage au crible au simulateur. Le fait d'avoir un rythme élevé tout au long d'une journée de course dans un endroit inconnu demande une préparation très minutieuse. Les semaines qui précèdent une course représentent un moment-clé, c'est un aspect passionnant de mon travail.
La Formule E demande une préparation particulière car certains des circuits n'existent pas et peuvent uniquement être préparés sur simulateur. Est-ce que ce type de travail virtuel vous convient, et vous semble suffisant ?
Bien sûr, un roulage physique est toujours mieux, mais on doit s'adapter. Les simulateurs que nous avons aujourd'hui sont d'excellents outils, très réalistes, qui nous permettent d'être bien préparés. Ils sont devenus incontournables et obligatoires pour se donner une chance d'être dans le coup. On a aussi le track walk [le parcours du circuit à pied avant la course, ndlr] qui permet de vérifier si le sol n'est pas plus bosselé que prévu, ou si le rayon d'un virage n'a pas été modifié au moment de l'installation des murs éphémères qui entourent le tracé.
Le début de la saison est encore loin. De quelle manière allez-vous vous préparer physiquement comme mentalement ?
Je travaille ces aspects avec des coachs personnels, mais aussi avec l'écurie. J'ai un régime alimentaire adapté, tout est fait pour que je sois le plus possible au top de mes performances. D'ici la première course, je vais aussi faire du simulateur et des tests sur piste avec notre nouvelle voiture. Je vais aussi passer du temps avec les ingénieurs, les mécaniciens et l'ensemble de l'équipe afin qu'on se connaisse mieux avant de démarrer la saison. La victoire, c'est un travail collectif.
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