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Forcada : Voir Morbidelli et Rossi s'aider en piste serait "désastreux"

Ramón Forcada s'est confié à Motorsport.com après la victoire de Franco Morbidelli au GP de Teruel. Le chef mécanicien évoque les chances de titre de son pilote, auxquelles il croit, mais aussi sa future collaboration avec Valentino Rossi et l'impact qu'il en attend au sein du team Petronas.

Franco Morbidelli, Petronas Yamaha SRT

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Franco Morbidelli a changé de dimension cette année en décrochant ses deux premières victoires en MotoGP, aux Grands Prix de Saint-Marin, en septembre, puis de Teruel, dimanche. Ramón Forcada, ancien chef mécanicien de Jorge Lorenzo et Maverick Viñales, travaille aujourd'hui avec le pilote italien, qu'il a accompagné dans sa progression, avec ses premiers top 5 en course et qualifications en première ligne la saison dernière, puis les succès obtenus cette année.

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Depuis qu'il est passé de la Honda satellite de Marc VDS à la Yamaha du team Petronas, Morbidelli est associé à Fabio Quartararo. Les deux pilotes s'entendent bien même s'ils sont des rivaux directs pour le titre et que leur statut est différent, puisque le Français bénéficie du soutien de l'usine. L'expérimenté ingénieur qui officie auprès de l'Italien assure à Motorsport.com que cette situation n'a généré "absolument" aucune friction, "que ce soit au niveau des pilotes, des mécaniciens, des techniciens ou autre."

"Nous fonctionnons vraiment comme une équipe avec deux pilotes. Nous parlons des choses sans équivoque, la relation entre les deux côtés du stand est totalement transparente, et cela se voit. Après une chute, les mécaniciens d'un pilote aident ceux de l'autre pilote. C'est curieux, parce que quand j'étais dans [l'équipe officielle] Yamaha, nous le faisions aussi, mais dans le dos des pilotes, parce que s'ils l'apprenaient, ils étaient un peu contrariés. Ici, nous pouvons le faire ouvertement. Nous ne faisons qu'un durant un week-end, et les deux pilotes s'accordent à la perfection."

Ce couple va être brisé en 2021, avec le transfert de Quartararo vers l'équipe factory et l'arrivée dans le team Petronas de Valentino Rossi, un pilote à la stature exceptionnelle. Sera-t-il possible de maintenir cette harmonie ? "Je l'espère, en tous cas c'est notre intention. Quand l'équipe de Valentino a été formée, ils ont essayé de trouver des personnes au profil, je dirais, neutre. Ce sera une situation différente de celle que nous avons connue chez Yamaha il y a quelques années", précise Forcada, en référence à la relation difficile qu'entretenaient Rossi et Jorge Lorenzo.

"La plupart du temps, les tensions sont générées par la relation entre les pilotes. La relation entre Franco et Valentino n'a rien à voir avec celle qu'entretenaient Lorenzo et Rossi, surtout les premières années. Et c'est cela qui crée les tensions. Valentino a le charisme qu'il a, nous savons qu'il reçoit un soutien sans égal de la part des fans, et si les courses se tiennent avec du public, nous aurons besoin d'un service de sécurité et ce genre de choses. Ce sera la seule petite différence dans notre fonctionnement, la seule chose qui sera plus compliquée. Pas pire, mais différente. Le but de l'équipe est de maintenir une bonne ambiance et le fonctionnement actuel, qui est très bon."

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Membre de l'Academy de Rossi, Morbidelli se réjouit de travailler avec son modèle en 2021, même si rouler aux côtés d'un champion si emblématique sera un défi pour le jeune pilote. Forcada lui conseille avant tout de faire abstraction de ce qu'est leur relation hors des circuits : "La situation est un peu particulière, Rossi est vraiment le mentor de Franco, qui lui en est très reconnaissant. Mais je pense qu'une chose est très claire, c'est qu'ils sont amis en dehors de la piste, pas sur la piste."

L'ingénieur estime que la limite doit être clairement posée, car se faire des faveurs en piste serait selon lui une grave erreur : "Pour moi, la seule chose qui compte est qu'ils ne soient pas tentés de s'aider. D'après mon expérience, c'est désastreux. Tomber dans la tentation de 'je te donne un tour sur ces qualifs et tu m'en donnes un aux prochaines'... C'est positif qu'il y ait une bonne entente entre les pilotes, dès lors qu'ils comprennent que quand ils sont en piste, chacun doit faire son travail."

Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing, Franco Morbidelli, Petronas Yamaha SRT

Forcada ne croit pas à des consignes chez Yamaha

Avant d'entamer cette relation, le team SRT reste concentré sur la saison 2020, avec ses deux pilotes encore en lice pour le titre. Après sa victoire au GP de Teruel, Morbidelli est en effet revenu à 25 points du leader, Joan Mir, et à seulement 11 unités de Quartararo, tous deux encadrant Viñales au championnat.

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Malgré le statut inférieur de son pilote, Ramón Forcada est certain qu'aucune consigne d'équipe ne sera imposée pour favoriser Quartararo ou Viñales dans la course au titre. "C'est le point sur lequel Yamaha a le moins de problèmes, y compris par rapport aux autres marques. L'usine et les équipes sont très différentes", souligne-t-il. "Évidemment, il y a des sponsors et des intérêts que chaque équipe doit défendre avec toutes ses armes. Mais l'usine et l'ingénierie ont très bien compris ce qu'il en est : si Yamaha gagne, Yamaha gagne, et peu importe qui est le pilote. Que l'équipe ait sa préférence et soit obligée de défendre l'un de ses pilotes, c'est autre chose. Mais pour l'usine, si c'est leur moto qui gagne c'est qu'ils ont bien fait leur travail. Aucun ingénieur ne se sentira discrédité si c'est un pilote qui n'est pas dans l'équipe officielle qui gagne."

"Ce que l'on entend par consignes d'équipe, cela n'existera jamais au sein de Yamaha", estime Ramón Forcada. "Il est impensable qu'une équipe comme Petronas, qui loue la moto de Yamaha, reçoive des ordres de quelqu'un qu'elle a payé pour avoir cette moto, afin de ne pas les battre."

"Aucun pilote ne peut aider un autre pilote tant qu'il a lui-même ses chances. Surtout pas avec des consignes d'équipe", insiste-t-il. "Personnellement, j'en ai vu très peu, mais quand un pilote en a aidé un autre, cela a toujours été de sa propre initiative. En 31 ans, je n'ai jamais vu une consigne d'équipe ou d'allusion à cela. Peut-être y en a-t-il eu, mais d'autres équipes, aucune par laquelle je suis passé."

Avec encore 75 points à distribuer, Forcada croit aux chances de Franco Morbidelli cette année : "Mathématiquement, oui, et mon ressenti me dit aussi que oui. C'est très simple : s'il reproduit le résultat de dimanche dans les trois dernières courses, Franco sera champion. Il n'a pas besoin de faits étranges, parce que c'est déjà arrivé et que c'est possible. Il y a encore un écart, mais je pense qu'à la prochaine course, la première de Valence, tout sera bien défini et qu'une tendance bien visible se dégagera."

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