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Pourquoi il ne faut pas laisser Loeb abandonner le Dakar

Sébastien Loeb a été le pilote le plus rapide sur le Dakar depuis qu'il a participé pour la première fois à la course, mais ne l'a toujours pas gagné après quatre tentatives. L'histoire ne peut pas s'arrêter là.

#306 PH-Sport Peugeot 3008 DKR: Sébastien Loeb, Daniel Elena

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Quand Dani Pedrosa a pris sa retraite du MotoGP l'an dernier, après 31 victoires mais aucun titre de Champion du monde, il a été dit de manière générale que sa carrière aurait mérité plus de succès. L'un de ses rivaux de toujours, Valentino Rossi, l'a dit ainsi : "C'est vraiment dommage que Dani n'ait jamais gagné un Championnat du monde en MotoGP, je pense qu'il en méritait au moins un."

Mais le principe d'une compétition individuelle est que, pour qu'il y ait un vainqueur, il faut qu'il y ait un perdant. Un titre en MotoGP pour Pedrosa aurait empêché ses rivaux d'en arriver au palmarès qu'ils ont aujourd'hui. Rossi lui-même n'aurait probablement pas été d'accord pour se séparer de l'un de ses sept titres mondiaux en catégorie reine pour que Pedrosa soulève le trophée.

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Tout bon pilote ne sera pas champion. L'Histoire des sports mécaniques est parsemée de 'presque' champions, de compétiteurs qui ont prouvé leur excellence mais n'ont pas été récompensés par la gloire d'un titre, quelle que soit la catégorie. Le Dakar n'est pas un Championnat, mais c'est un événement suffisamment prestigieux pour avoir ses propres Champions. Après quatre participations, Sébastien Loeb n'est toujours pas l'un d'entre eux.

#309 Peugeot Sport Peugeot 3008 DKR: Sébastien Loeb, Daniel Elena

Compte tenu de ses neuf titres de Champion du monde en WRC, vous pourriez dire à juste titre que ce raté ne l'empêchera pas de dormir. Et ses exploits en rallye-raid n'auront certainement fait aucun dégât à sa réputation - quand bien même le Dakar 2019 devait être son dernier, sa place dans l'Histoire de la discipline est assurée, Champion ou pas.

Mais il ne devrait pas s'en contenter et s'arrêter là. Il serait mieux pour tout le monde - pour Loeb, son copilote Daniel Elena, l'organisateur ASO, et la future équipe qui aura la chance de préparer sa voiture - que le Français continue jusqu'à conquérir le Dakar. 

Des débuts difficiles mais réussis

Depuis les débuts de Loeb au Dakar en tant que pilote officiel Peugeot, en 2016, il a disputé 46 étapes. Il en a remporté 14, soit plus que n'importe quel autre pilote dans sa catégorie dans le même temps, et a signé trois de ces victoires lors de ses cinq premiers jours de compétition.

Cela ne veut pas dire que la légende du WRC n'a pas fait face à un apprentissage difficile, rendu encore plus compliqué par la décision d'affronter le Dakar aux côtés de son copilote de WRC, Elena. "Il aurait été logique de choisir un copilote expérimenté, mais le faire avec Daniel est spécial", avait-il avoué.

Pour compenser cela, le parcours 2016 était un peu plus accommodant. La première semaine était chargée en routes rapides et les étapes décrites comme étant dans le style WRC, ce qui avait aidé Loeb et Elena. Mais la deuxième semaine présentait un défi différent et avait coûté ses espoirs de victoire à Loeb, qui avait envoyé la Peugeot en tonneaux dans les dunes.

#314 Peugeot: Sèbastien Loeb, Daniel Elena after their crash

Le Dakar 2017 était un rallye très différent, quittant les routes pour un terrain plus varié au fil de trois pays dans le but de compliquer le défi de navigation, même si cet effort fut grandement ruiné par des perturbations et annulations d'étapes liées aux conditions météorologiques.

Loeb a sauté sur l'occasion, gardant le plus grand pilote de l'Histoire du Dakar, Stéphane Peterhansel, derrière lui tout au long de l'épreuve. Proche d'un photo-finish, l'épreuve s'est finalement décidée à la suite d'une crevaison tardive pour Loeb. L'Alsacien ne gagnait encore pas, mais ça ne semblait être qu'une question de temps. Un temps qui, cependant, se mit subitement à manquer. Peugeot s'était nettement détaché devant ses rivaux qu'étaient X-raid Mini et Toyota et avait décidé que sa mission était accomplie, confirmant que le Dakar 2018 serait une tournée d'adieu.

Après avoir décrit ses espoirs de victoire au Dakar comme "maintenant ou jamais" avant l'édition 2018, Loeb a coincé sa Peugeot dans un fossé le lendemain de sa première victoire d'étape de la course. Elena a subi une fracture du coccyx, ce qui signifiait la fin du rêve de Dakar - possiblement pour de bon puisque Loeb n'était pas sûr d'y revenir.

#306 Peugeot Sport Peugeot 3008 DKR: Sébastien Loeb, Daniel Elena

Il y avait des raisons de douter qu'il le fasse, et ces doutes ont été confirmés lorsque X-raid a signé le line-up complet de Peugeot sans Loeb, afin de piloter ses buggys Mini encore en développement. Contrairement au charmant Peterhansel ou au souriant Nasser Al-Attiyah, l'apparence ultra-professionnelle de Loeb n'a jamais trahi un enthousiasme débordant pour le Dakar.

Il a pourtant passé énormément de temps à apprendre le rallye-raid, mais on n'en aurait pas attendu moins de sa part. Après trois ans dans les rangs de Peugeot, l'enthousiasme de la nouveauté s'était-il terni ? Sans aucune opportunité d'usine apparente et face à de nombreuses catégories attirant son attention, peut-être qu'un retour sur le Dakar ne valait pas le coup ?

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Le programme surprise, avec PH Sport et un Peugeot 3008 DKR aux spécifications 2017, est arrivé comme une réponse à ces questions. Et les performances montrées ont confirmé que Loeb est, en dépit de ses accomplissements en WRC, un authentique pilote de rallye-raid.

Après tout, le parcours de 10 jours au Pérou de 2019 est loin du Dakar dans lequel il avait fait ses débuts. Cette fois, il n'y a eu que des dunes, du sable et du fesh-fesh. Un retour, presque, à ce qu'était l'épreuve avant d'arriver en Amérique du Sud. Mais le rythme de Loeb n'en a pas souffert. "Nous étions toujours les plus rapides du peloton", a-t-il déclaré après l'arrivée, et il est difficile de dire le contraire.

Il était assez rapide pour que ses espoirs de victoire survivent à un cafouillage de navigation la première semaine, mais des ennuis mécaniques ont finalement décidé qu'il lui serait impossible de se battre avec le très solide et régulier Al-Attiyah, dont le Toyota Hilux a terminé le rallye avec une note de fiabilité parfaite.

#306 PH-Sport Peugeot 3008 DKR: Sébastien Loeb, Daniel Elena repairing the car

Une prochaine participation difficile à envisager

L'engagement privé de Loeb est la preuve de son attirance pour le rallye-raid. Après avoir bouclé l'épreuve au troisième rang, il a décidé de terminer sur une note positive : "Nous devrons faire mieux la prochaine fois." Mais compte tenu de son contrat à temps partiel de deux saisons en WRC avec Hyundai, il n'est pas certain du moment où cette prochaine fois viendra.

Sa participation au Monte-Carlo cette année, en ouverture de la saison WRC, signifie qu'il n'aura pas beaucoup de repos après le Dakar. Il a par ailleurs été clair sur le fait que, même si le calendrier de l'année prochaine lui permet de boucler un programme similaire, il n'est pas intéressé par l'idée de le réitérer.

S'il veut revenir en tant que pilote privé sur le Dakar, il se pourrait qu'il y ait une date d'expiration. Loeb n'a pas été autorisé à rouler avec la spécification 2018 du Peugeot 3008 DKR cette année, et il se pourrait que dans deux ans, sans aucune évolution d'usine, la voiture soit totalement dépassée par les Toyota et buggys Mini, si elle n'est pas purement et simplement interdite.

Et si le nom de Loeb devrait se situer en tête de liste de n'importe quel constructeur engagé au Dakar, il est désormais employé par une marque qui n'y participe pas et n'est pas affiliée à une autre marque qui y participe.

Sébastien Loeb, Hyundai Motorsport

Il y a aussi eu ce problème de road-book qui a fait enrager son copilote Elena. Un tel raffut est une vision familière sur le Dakar et l'organisation a admis son erreur pour la "confusion", mais Elena est allé plus loin en suggérant qu'il voulait se retirer de l'épreuve. "Si je pouvais décider pour nous deux, nous prendrions l'avions et nous irions nous entraîner pour le Monte-Carlo et nous reposer", déclarait-il lors de la journée de repos.

ASO serait avisé d'éviter de tels conflits à l'avenir, et serait encore plus avisé d'arranger et d'encourager une future participation de Loeb au rallye. Sa présence offre une reconnaissance indéniable, mais son rythme et son implication ont prouvé être légitimes. Le premier Dakar de l'ère post-Peugeot et la première victoire de Toyota dans l'épreuve n'auraient pas eu le même rayonnement ou la même valeur si Al-Attiyah n'avait pas eu à lutter contre le Français.

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Quels que soient les aménagements qui doivent être faits, quelles que soient les règles ou dates qui doivent être modifiées pour assurer le retour de Loeb et sa participation au volant d'une voiture compétitive, tout cela doit être fait. On peut dire qu'aucun pilote ne doit être plus grand que la course, mais allez demander aux organisateurs du WEC s'ils regrettent d'avoir attiré Fernando Alonso pour la saison 2018-19.

Par ailleurs, Alonso pourrait bien être la prochaine star du Dakar, puisqu'il a programmé un test du Toyota Hilux et que le constructeur est positif à l'idée de le voir disputer la course. Comme l'a dit le directeur de l'équipe, Glyn Hall, "le sport exploserait" s'il venait à s'engager. Même s'il ne s'agissait que d'une tentative isolée, cela vaudrait le coup d'être tenté.

Mais l'engagement de Loeb au Dakar est déjà bien au delà du court terme et il en est désormais sa star principale. Son héritage en sport automobile est assuré, mais la mention 'vainqueur du Dakar' aurait fière allure à côté de 'nonuple Champion du monde des rallyes'. Il devrait donc continuer à s'impliquer, et toutes les personnes qui le sont dans cette épreuve devraient s'assurer qu'il en ait les opportunités.

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