Les F1 actuelles, rigides et collées au sol, ne plaisent pas à Allison
Le directeur technique de Mercedes, James Allison, n'apprécie pas vraiment les exigences liées aux F1 de la génération actuelle, très proches du sol et très rigides.
Le choix a été fait, à compter de l'an passé, d'introduire une toute nouvelle réglementation technique visant à améliorer le spectacle en favorisant les dépassements et les luttes en piste. Pour ce faire, l'option choisie a été de remettre l'effet de sol au centre de la création des Formule 1, afin de les rendre moins dépendantes de la qualité du flux aérodynamique pour générer leur appui.
Par nature, les monoplaces issues de ces règles doivent être le plus près du sol possible pour avoir le plus d'appui possible, obligeant les écuries à des réglages extrêmes, notamment en matière de suspensions, qui doivent être très rigides pour autoriser le moins de mouvement possible.
D'aucuns ont depuis déploré une fenêtre de fonctionnement et de réglages très réduites sur les F1 et des voitures n'offrant pas forcément beaucoup de plaisir de pilotage. Le tout s'inscrivant dans une tendance qui amène à penser que les effets bénéfiques pour le spectacle entrevus en 2022 disparaissent progressivement, à mesure que les écuries trouvent des moyens d'ajouter de l'appui aux F1.
Interrogé sur la différence entre la réglementation actuelle et l'ancienne, le directeur technique de Mercedes, James Allison, a livré son opinion sur le sujet : "Vous [les médias] aviez l'habitude de parler sans cesse des voitures 'high rake' ou 'low rake' comme si c'était le début, la fin et le milieu de toute chose."
Allison fait ici référence aux concepts de la génération précédente de monoplaces (2017-2021), où la plupart avaient, à l'image des Red Bull, une inclinaison forte vers l'avant causée par une hauteur de caisse élevée à l'arrière (on parlait de "high rake") ; toutefois, certaines, comme les Mercedes, avaient au contraire une inclinaison bien moindre, avec une partie arrière plus proche du sol (on parlait alors de "low rake").
La W12, qui a offert le titre constructeurs à Mercedes en 2021, était une F1 "low rake".
"Une voiture high rake avait quelque chose comme 140 mm [de hauteur de caisse à l'arrière]. Une voiture low rake se situait à 120 mm ou quelque chose comme ça. Dans les deux cas, il s'agit de valeurs stratosphériques par rapport aux voitures [actuelles]. Ce sont toutes des voitures qui démarrent dans les 60 mm. Il peut y avoir quelques millimètres de différence entre elles, mais elles sont toutes plaquées au sol."
Pour Allison, cette situation conduit à une réduction drastique des possibilités offertes aux écuries de pouvoir varier les réglages. "On peut avoir une voiture qui est un peu plus unidimensionnelle sur des circuits qui le sont aussi. Ainsi, s'il n'y a pas une grande variété [de virages], vous pouvez peut-être régler votre voiture de manière à ce que les virages coïncident avec vos points forts et que vous ne souffriez pas terriblement d'une baisse de performance d'un côté ou de l'autre."
"Mais quand vous vous rendez sur un circuit qui constitue un test un peu plus complet pour une voiture, comme Austin par exemple, où il y a de vrais virages rapides, des virages lents, des virages intermédiaires, de belles lignes droites et des bosses, cela va mettre à l'épreuve les aspects où la voiture manque de performance. Cela va mettre à l'épreuve le défaut [d'appui] en fin de ligne droite, la voiture devra rester performante dans les [virages] rapides. Et il est difficile de persuader la voiture de faire tout cela avec un ensemble de règles qui ne veulent rien d'autre que des monoplaces proches du sol."
"Je suis sûr que j'en parle beaucoup parce que c'est un de mes chevaux de bataille, mais personnellement, je ne pense pas que ce soit une bonne chose", a ajouté Allison sur le sujet. "Je ne pense pas qu'il soit bon que les voitures roulent, lorsqu'elles sortent du garage, avec cette différence par rapport au sol [il montre quelques millimètres avec ses doigts]."
Le Britannique estime que même Max Verstappen n'apprécie sans doute pas les limites de la réglementation actuelle : "Si vous prenez la personne qui a remporté le championnat avec l'une des plus grandes avances de tous les temps et qui a toutes les raisons d'aimer sa voiture à la folie, je doute qu'elle vous dise que c'est agréable. Ce n'est pas comme il y a quelques années."
Avec Jonathan Noble
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