Avec ses recrues, Aston Martin ne veut pas faire que copier
Aston Martin a recruté au sein de plusieurs écuries rivales, mais il ne s'agit pas seulement d'imiter ce qu'elles font bien, d'après Dan Fallows.
Aston Martin met les moyens pour réussir en Formule 1, et pas seulement avec le monumental campus dont la construction est bien avancée à Silverstone, près de l'usine originelle de Jordan Grand Prix. Sous l'impulsion de Lawrence Stroll, propriétaire de l'écurie depuis l'été 2018, des recrues de choix ont été attirées chez les verts : plusieurs employés de Red Bull Racing dont Dan Fallows, nommé directeur technique, mais aussi Éric Blandin (directeur technique adjoint) en provenance de Mercedes et Luca Furbatto (directeur de l'ingénierie). Ce dernier travaillait auparavant chez Alfa Romeo mais a surtout passé de longues années chez McLaren.
Avec une telle équipe, Aston Martin dispose de précieuses connaissances sur la manière dont fonctionnent les autres écuries, mais il n'est pas question de les imiter aveuglément pour autant. "Nous voulons apprendre de ce que les autres font bien", assure Dan Fallows. "J'ai toujours trouvé que recruter des gens était une opportunité d'apprendre ce que font les autres équipes, mais nous avons aussi eu la chance de recruter des personnes très talentueuses et expérimentées qui ont leurs propres idées de ce qui rend une voiture rapide. Ce qui est bien, c'est qu'ils sont venus dans cet environnement en étant ouverts d'esprit et disposés à façonner leur propre manière de faire les choses en utilisant cette expérience collective pour emprunter notre propre chemin."
Des mécaniciens poussent la monoplace de Sebastian Vettel à Abu Dhabi
"L'important, pour nous, est de nous assurer que nous ne nous contentons pas de copier ce que font nos concurrents. Nous ne croyons pas que cela va nous aider à dépasser les Red Bull, Mercedes et autres Ferrari. Nous devons donc développer notre propre manière de faire les choses. Cela prend du temps, mais nous avons une équipe extrêmement ambitieuse, et la construction de la nouvelle usine démontre cet élan, cette volonté d'accélérer notre ascension de la grille vers la victoire." L'allusion à la copie fait forcément penser à la "Mercedes rose", la Racing Point RP20 qui avait été ouvertement inspirée de la Mercedes de l'année précédente.
L'expérience de Fallows est en tout cas précieuse, puisqu'il a passé 15 ans chez Red Bull Racing en tant que leader du département aérodynamique. Aussi a-t-il eu tout le loisir d'analyser les qualités qui font le succès de la structure de Milton Keynes.
"Il y a un certain nombre de raisons pour lesquelles Red Bull est bon", poursuit le Britannique. "Ils ont réussi, en plusieurs années, à éliminer les problèmes dans tous les domaines de l'écurie, que ce soit l'équipe de course, les infrastructures de production, le bureau d'études. Pour bâtir ce genre de succès, il faut s'assurer qu'il n'y ait de faiblesse considérable dans aucun domaine."
"De bien des manières, je suis très fier d'en avoir fait partie du côté de l'ingénierie. C'est une écurie incroyablement forte, et je pense bel et bien avoir cette expérience de ce que cela représente de gagner des courses et des championnats."
Lance Stroll passe devant le muret des stands Aston Martin
En 2023, il y a aussi du nouveau du côté des pilotes : Sebastian Vettel a pris sa retraite, remplacé par un autre champion en la personne de Fernando Alonso. Pilote le plus expérimenté de l'Histoire de la Formule 1, l'Ibère est passé par Ferrari, McLaren et Renault/Alpine pendant de nombreuses années ; autant de top teams dont il connaît le fonctionnement comme sa poche. Dans ce contexte, l'important pour Fallows est d'écouter tous les retours.
"Nous sommes très ouverts quant à la direction dans laquelle nous nous développons", insiste-t-il. "Je viens de chez Red Bull, et nous avons des gens qui sont arrivés en provenance de Mercedes et d'autres équipes. Fernando a également une expérience très variée. Nous n'avons pas l'arrogance de croire que nous avons une manière de faire les choses à laquelle nous allons nous tenir obstinément. S'il peut nous apporter toute expérience, alors assurément nous en tiendrons compte."
Fallows précise par ailleurs qu'Andrew Green, présent dans l'écurie dès sa fondation en 1990 et directeur technique de 2011 à 2021, reste "tout à fait impliqué" dans son nouveau rôle de directeur technique en chef.
"Andrew a une expérience immense, et il sait très bien unir les leaders de l'équipe", confie Fallows. "Parmi ses rôles, c'est l'un de ceux que je préfère : il est assis sur mon épaule et me dit de temps à autre : 'Est-ce que tu as fait ceci, est-ce que tu as fait cela ?'. Il a peut-être parfois fallu clarifier comment nous allions travailler ensemble dans certains domaines, mais il a été fantastique dans l'organisation de tout cela. Dans ce rôle de superviseur, il s'est montré inestimable."
Propos recueillis par Adam Cooper et Luke Smith
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