Quels pilotes ont été les plus rapides en course en 2022 ?
Chacun a sa propre réponse à cette question mais que dit le chronomètre ?
Nous sommes conscients que toute tentative de classement de ce genre suscitera automatiquement de vives réactions, surtout dans la sphère très partisane des réseaux sociaux. Nous avons donc établi des règles claires pour cet exercice, basées sur l'arithmétique et la rigueur plutôt que sur la subjectivité et le ressenti.
La Formule 1 est une affaire complexe et il y a de nombreux paramètres à prendre en compte avant d'évaluer le rythme d'un pilote. Ainsi, nous n'avons pris en compte que les courses où les meilleurs temps ont été réalisés à l'aide de pneus slicks, donc le GP du Japon a dû être exclu de l'équation.
Bien que les sprints ne soient pas prêts de disparaître, nous n'avons pas inclus les meilleurs temps des trois épreuves de 2022, en partie pour simplifier le classement mais aussi car les pilotes n'attaquent pas autant le samedi que lors d'un GP complet le dimanche.
Nous avons également dû prendre en compte la question de la gestion des pneus. Etant donné que les gommes sont fragiles et que tous les pilotes prennent le départ avec la même quantité de carburant, les meilleurs temps sont généralement réalisés aux trois quarts de la distance, après le dernier arrêt, lorsque le niveau de carburant est faible et que les pneus du dernier relais sont encore en bonne santé. Mais certaines courses demandent une gestion des pneus plus poussée, comme les GP des États-Unis et d'Abu Dhabi, et il faut en tenir compte en consultant les moyennes car l'on ne peut pas ajuster les différences dans les stratégies qui en découlent.
Nous avons tout de même supprimé les temps réalisés par les pilotes ayant abandonné avant la période où les meilleurs chronos ont été réalisés mais conservé les cas où l'abandon est survenu après, comme pour les pilotes Red Bull au GP de Bahreïn.
Le point bonus attribué à l'auteur du tour le plus rapide incite ceux qui peuvent se le permettre à effectuer un arrêt supplémentaire en fin de course pour chausser des pneus moins usés. Nous avons donc décidé de supprimer des données dans certains cas, notamment pour George Russell aux GP de Singapour, des États-Unis et de Mexico, le pilote Mercedes bénéficiant d'une avance suffisante sur le milieu de grille lors des dernières occasions. À ce stade de la course, de tels écarts sont dus à une différence de performance dans le package des voitures plutôt que dans le pilotage. Il ne faut pas oublier ce facteur au moment de consulter les temps, c'est le plus important de tous.
Les cas avec des arrêts aux stands pour inscrire le point du meilleur tour, comme avec George Russell à Singapour, ne sont pas pris en compte dans notre analyse.
En plus d'éliminer les temps établis après des incidents en fin de course, nous avons également écarté ceux des pilotes n'ayant pas pu montrer l'étendue de leur pointe de vitesse, par exemple lorsque Max Verstappen a roulé sur des débris au GP de Grande-Bretagne et endommagé son plancher alors qu'il occupait la première position. Les avaries mécaniques ont aussi contribué à l'ajustement du nombre de courses valides dans le calcul. Cela n'a pas été le cas des contacts du premier tour, sauf si un pilote n'avait aucune responsabilité comme pour Kevin Magnussen au GP d'Italie.
Les chronos impactés par la sortie en fin de course du Safety Car, avec des arrêts supplémentaires, ont été conservés car les gains et les pertes ont tendance à s'équilibrer sur une saison complète et sont un facteur important pour connaître le succès dans la F1 moderne, où les équipes et les pilotes peuvent s'éloigner de la vérité au moment d'évoquer le développement... Nous avons donc dû leur faire confiance au sujet de divers problèmes et conservé les cas qui ne sont pas suffisamment détaillés pour pouvoir absoudre un pilote, comme lorsqu'il faut beaucoup de "lift and- oast" pour économiser du carburant. Et dans le milieu de grille, les équipes divisent plus souvent leurs stratégies, ce qui signifie que les coéquipiers ne peuvent pas toujours tenir le même rythme.
Il est intéressant de noter que le GP de Mexico est un cas particulier que nous avons conservé en raison du défi unique qu'il pose aux pilotes et aux équipes. En raison de l'impact sur les performances du moteur et le refroidissement et des différentes exigences en matière d'appui aérodynamique sur ce circuit en altitude, la gestion de course est encore plus importante et la dégradation des pneus encore plus faible. Les pilotes doivent donc gérer des variables supplémentaires, même si tout semble relativement banal de l'extérieur.
Pour citer Max Verstappen, Champion du monde 2022 : "Les gens disent toujours [aux pilotes] : 'Oui mais vous gérez [votre rythme]'. Je leur réponds : 'Faites-le, alors ! Voyez si vous pouvez le faire !'"
Comment ça marche
Nous avons retenu le tour le plus rapide de chaque pilote à chaque Grand Prix et avons calculé l'écart avec l'auteur du meilleur tour. Par exemple, le chrono de 1'34"570 de Charles Leclerc au GP de Bahreïn se traduit par un écart de 0"0 puisque le Monégasque a signé le meilleur temps de l'épreuve. Max Verstappen, deuxième de cette feuille des temps, a un retard de 0"870. Nous avons additionné chaque déficit puis avons divisé le résultat par le nombre de courses valides pour obtenir une moyenne.
Nous avons exclu les cas particuliers, tels que :
- Max Verstappen (GP de Grande-Bretagne), Nicholas Latifi (GP d'Autriche), Lando Norris et Mick Schumacher (GP des États-Unis) : dégâts causés par des débris.
- Mick Schumacher (GP de Bahreïn) : dégâts sur la voiture tôt dans la course.
- Sergio Pérez (GP de Miami) : problème moteur.
- Alexander Albon (GP d'Espagne) : dégâts sur le plancher sans erreur commise par le pilote.
- Fernando Alonso (GP du Canada) : fuite d'air sur le moteur.
- Kevin Magnussen (GP d'Italie) : dégâts causés par un accrochage au virage 1 qui n'était pas un 50-50.
Les cas où le rythme des pilotes a été impacté par des facteurs indépendants de leur volonté, comme les problèmes moteur de Pérez à Miami, sont également écartés.
1. Max Verstappen (+0"444)
Sans surprise, le champion 2022 est au sommet de cette "grille" et a également signé le plus de meilleurs tours dans l'année (cinq).
2. Charles Leclerc (+0"493)
L'auteur du plus grand nombre de pole positions en 2022 (neuf) a failli devancer Verstappen, en grande partie grâce à l'avantage de performance de Ferrari en début de saison.
3. Sergio Pérez (+0"536)
Son retard sur Verstappen lors des séances de qualifications était généralement plus important, ce qui laisse entendre que Pérez a régulièrement atteint les objectifs fixés par Red Bull en termes de rythme de course.
4. Carlos Sainz (+0"972)
Sainz a signé deux meilleurs tours en 2022, mais son retard assez conséquent sur Leclerc est dû en grande partie aux difficultés rencontrées en début d'année.
5. Lewis Hamilton (+1"044)
Le septuple Champion du monde a réalisé le meilleur temps en course à Silverstone et au Hungaroring, des circuits sur lesquels Mercedes n'a pas connu de problèmes avec le marsouinage.
6. George Russell (+1"070)
Le Britannique perd trois de ses quatre meilleurs tours dans notre classement, car ceux-ci ont été établis grâce à des arrêts au stand en fin de course dans l'espoir de gagner un point supplémentaire.
7. Lando Norris (+1"607)
Son meilleur tour à Monaco n'est pas pris en compte car le pilote McLaren a bénéficié d'un arrêt supplémentaire pour des pneus slicks lors de cette épreuve sur piste séchante.
Libéré des problèmes de marsouinage, Hamilton a impressionné en Hongrie.
8. Fernando Alonso (+1"616)
Les stratégies différentes appliquées par Alpine pour ses pilotes expliquent en partie l'avantage d'Alonso sur son coéquipier. Mais le double Champion du monde a souvent été le plus rapide sur un relais de course.
9. Esteban Ocon (+2"019)
Bien qu'ils aient obtenu le même résultat, le Français se retrouve devant Bottas pour avoir eu le moins de tours de course retirés.
10. Valtteri Bottas (+2"019)
Grâce à une Alfa Romeo C42 ayant atteint le poids minimum d'emblée, Bottas a pu signer de meilleurs temps en course.
11. Zhou Guanyu (+2"072)
Le Chinois a été quelque peu lésé puisque son meilleur tour au GP du Japon n'a pas pu être comptabilisé, la course s'étant disputée sur le mouillé.
12. Mick Schumacher (+2"102)
Malgré ce bel avantage sur son coéquipier, Schumacher n'a pas pu sauver sa place chez Haas. Cela démontre que les pointes de vitesse irrégulières ne suffisent pas.
13. Lance Stroll (+2"173)
Une performance à montrer aux détracteurs de Stroll, bien que le Canadien ait été battu 13 fois par Vettel en qualifications en 2022.
14. Sebastian Vettel (+2"218)
Comme son coéquipier, Vettel a souvent été très bon dans le premier tour. Mais de meilleures qualifications auraient contribué à améliorer le rythme de course également.
Zhou a impressionné sur le mouillé à Suzuka, mais cela n'est pas inclus dans notre classement.
15. Pierre Gasly (+2"290)
Gasly n'a pas oublié comment être rapide, son classement ne fait qu'illustrer les difficultés qu'AlphaTauri a dû affronter en 2022.
16. Alexander Albon (+2"370)
Le déficit d'Albon est en fait assez flatteur étant donné que le Thaïlandais était au volant de la voiture la plus lente en termes de rythme pur. De plus, Williams lui a régulièrement attribué des stratégies non conventionnelles.
17. Yuki Tsunoda (+2"403)
Un classement ajusté pour compenser l'arrêt supplémentaire pour chausser des pneus slicks au GP de Monaco. Tsunoda a également obtenu de nouvelles gommes au GP d'Azerbaïdjan lors de la réparation de son aileron arrière.
18. Daniel Ricciardo (+2"429)
L'écart avec Norris est énorme. De l'autre côté de la balance, seul le troisième tour le plus rapide du GP de Mexico tente tant bien que mal de contrebalancer.
19. Kevin Magnussen (+2"532)
Il est étrange de retrouver Magnussen à cette position car le Danois a tiré le meilleur parti de la VF-22 en début de saison. Sans aucun doute, ses nombreux incidents en course ont écorné son rythme.
20. Nicholas Latifi (+2"723)
S'il n'est pas surprenant que Verstappen domine la grille, le fait que Latifi ferme la marche ne l'est pas non plus. Le rythme de course de l'ancien pilote Williams a été médiocre, lui qui a souvent eu des difficultés à préserver ses pneus.
Les remplaçants
Nico Hülkenberg a remplacé Sebastian Vettel, positif au COVID, lors des deux premières courses de la saison. Bien que l'Allemand n'ait été que 19e du classement des meilleurs tours du GP de Bahreïn, avec 3"631 de retard sur Leclerc, il s'est classé 11e à Djeddah et est ainsi passé d'un déficit de 1"055 à 0"795 sur son coéquipier temporaire Lance Stroll.
Nyck de Vries a fait une seule apparition dans la Williams, à la place d'Albon au GP d'Italie. Il a signé le 13e meilleur tour en course, à 2"594 de la référence établie par Pérez, mais a battu Latifi pour 0"174.
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