Verstappen, l'atout "choc" d'un coup de génie signé Red Bull

Toro Rosso avait déjà étonné moins d’un an plus tôt avec Daniil Kvyat (la boucle est bouclée), mais il était écrit que la petite sœur de Red Bull allait accueillir un nouveau pensionnaire encore bien plus jeune. Quelques jours après avoir officiellement rejoint le Red Bull Junior Team, non sans avoir été également approché par Mercedes, Max Verstappen est officiellement confirmé pour faire ses débuts en F1 dès la saison suivante.

À l’époque, l’annonce a de quoi surprendre quand on sait que le fils de l’ancien pilote de F1 Jos Verstappen n’est alors âgé que de 16 ans ! C’est donc à 17 ans, sans avoir atteint l’âge de la majorité, qu’il est programmé pour débuter en F1. Un record de précocité tandis qu'il dispute en 2014 en F3 sa toute première saison en monoplace, après avoir gravi les échelons en karting.

Des dents qui grincent...

Si la titularisation de Verstappen a tout d'une grosse surprise, le fait qu’elle ne manque pas de faire grincer des dents n’en n’est pas une. Alors qu'il participe en fin de saison 2014 à des séances d'essais libres pour s'adapter à l'environnement F1, à partir du Grand Prix du Japon, certains critiquent vertement la décision de Red Bull. C'est le cas de Jacques Villeneuve, par exemple, qui par deux fois s'en prend à un choix qu'il finit par qualifier "d'insulte à la F1".

"Dois-je vous dire la vérité ? Je crois que l'arrivée de Max [en F1] est une insulte", s'agace le Champion du Monde 1997. "Je n'ai aucun doute quant au fait qu'il est rapide, mais il n'a pas d'expérience. Je suis arrivé en F1 quand j'avais 25 ans, après avoir gagné en IndyCar. Avant de se battre contre la vie des autres, il faut apprendre, et ce n'est pas le rôle de la F1 d’apprendre. Il faudrait arriver en Formule 1 comme un vainqueur, et avec une riche expérience. La F1 n'est pas l'endroit pour arriver et progresser en tant que pilote."

... Mais le talent prime

À l’inverse, plusieurs pilotes du plateau F1 jugent rapidement l’arrivée de Verstappen comme un signe positif, car tout aussi précoce qu’elle soit, elle met selon eux le talent brut en avant dans une période où les pilotes "payants" sont régulièrement critiqués, voire moqués.

"Je pense que c'est vraiment super que les équipes soient encore intéressées par le talent chez un pilote, et non par son argent ; et je pense que c'est vraiment positif. C'est bon pour la F1 en général. J'en suis content", se félicite notamment un Felipe Massa qui émet tout de même quelques réserves sur l’âge de l’intéressé.

Des doutes qu’il exprimera à nouveau lors d’un échange aussi tendu que mémorable en conférence de presse du Grand Prix du Canada 2015, deux semaines après l’accident de Verstappen avec Grosjean à Monaco. Nul doute que le Néerlandais, bien que ne se démontant pas devant les micros et insistant sur sa conviction de ne pas être responsable de cet accrochage spectaculaire, aura su apprendre de cet épisode aussi vite qu’il a pu le faire avec le reste.

Leader du championnat 2014 lors de l’annonce de Red Bull et Toro Rosso, Nico Rosberg met lui aussi l’accent sur la reconnaissance du talent. "Tous les journalistes demandent toujours : ‘est-ce que l'argent est la seule façon d'arriver en F1 ?’, ce genre de choses", rappelle-t-il alors. "C'est super de voir que si l'on a le talent et qu'on le mérite vraiment… Il y a eu de nombreux exemples récents, qui sont parvenus à arriver en F1. C'est important, c'est bien. Bien sûr, c'est très jeune, mais je pense qu'il sera OK."

La FIA durcit les règles

Au-delà des prises de position des acteurs de la F1, le cas Verstappen fait toutefois bondir jusqu'aux plus hautes instances du sport automobile. Lors d’un Conseil Mondial dès la fin d’année 2014, la FIA choisit ainsi de durcir les conditions d'attribution de la Super Licence pour 2016, instaurant notamment un âge minimum de 18 ans. Ces mesures s’accompagnent d’un barème de points à acquérir via les autres disciplines, ou encore de l’obligation de détenir le permis de conduire.

Loin de ce sujet qui, s'il en est la cause vivante, n'est pas une préoccupation pour lui, Verstappen taille sa route. Il dégage, dès les premiers essais hivernaux de la saison 2015 à Jerez, une impression troublante dans le paddock. À l'aise, sûr de lui, comprenant immédiatement quelle est la bonne attitude à adopter, il séduit autant les médias que son équipe. En interne, le personnel de Toro Rosso ne cache plus son bonheur de travailler avec un pilote qui, malgré son expérience limitée, lui donne déjà le sentiment de les tirer vers le haut.

La manière avec les résultats

Le public, qui n'a pas non plus été avare en critiques depuis le jour de son annonce et semble lui aussi divisé sur le sujet, Verstappen se charge de le séduire en piste. Rapidement, l'agressivité affichée au volant et sa capacité à animer les courses par de nombreux dépassements ne peuvent pas laisser de marbre. Du Grand Prix de Monaco 2015, les plus critiques et les plus difficiles à convaincre retiendront son crash avec Grosjean ; les nouveaux aficionados garderont en tête sa remontée qui a précédé l'incident, le pilote Toro Rosso profitant avec malice du sillage des leaders devant lui et des drapeaux bleus brandis pour leur libérer la voie.

Quelques mois plus tard, en Hongrie, Verstappen joint le résultat à la manière en décrochant la quatrième place. Une performance qu'il réalisera à nouveau à l'automne, à Austin, moins d'un mois après avoir soufflé sa dix-huitième bougie. La majorité - qui avait tant fait polémique - alors acquise peut apparaître comme un non-événement, mais on pourra aussi considérer qu'elle a permis au jeune pilote de mettre derrière lui l'argument que ses plus fervents détracteurs se plaisaient à sortir du placard.

Moins d'un an et demi après ses débuts en F1, Max Verstappen s’apprête à faire ses débuts chez Red Bull Racing, dans un top team qui occupe la troisième place du championnat constructeurs après quatre Grands Prix. Lui qui rêvait de jouer le podium régulièrement en 2017 a désormais déjà les cartes en mains pour battre un nouveau record de précocité. Une chose est certaine au fil des mois : quels que soient les points de vue, le pilote le plus jeune de l’histoire de la F1 ne laisse pas indifférent, et semble avoir déjà tout compris des mécanismes et des rouages qui font la différence entre un excellent pilote et un pilote superstar. À confirmer !