Quartararo : "Être la référence n'est pas une pression négative"
Après avoir renouvelé son contrat avec Yamaha jusqu'en 2024 lors du Grand Prix de Catalogne, Fabio Quartararo s'est entretenu avec Motorsport.com au sujet de sa saison, et plus globalement de sa carrière en MotoGP.
En moins de six mois, Fabio Quartararo a vécu les montagnes russes émotionnelles. La bulle de joie et de bonheur engendrée par son premier titre mondial en MotoGP a laissé place à une période de doute et de colère en début de saison face au manque de développement de sa M1 en termes de puissance, pour finalement arriver à une phase d'acceptation de la situation.
C'est précisément depuis qu'il est entré dans cette phase que les résultats aux avant-postes sont revenus, et ils ont culminé le week-end dernier avec une victoire au Grand Prix de Catalogne. En plein dans cette dynamique positive, le Français s'est entretenu avec Motorsport.com.
Quel effet le renouvellement de votre contrat avec Yamaha a-t-il eu sur vous ?
Je dirais aucun. Je n'y ai jamais pensé en arrivant sur les circuits, et c'est pour ça que je ne voulais pas en parler. Je ne l'ai jamais eu en tête. Je suis très content de pouvoir continuer deux ans de plus avec Yamaha, où le projet va bien et je pense qu'on peut faire de grandes choses ensemble.
Cela faisait un moment que votre renouvellement était considéré comme acté, une chose que vous réfutiez. Jusqu'à quel point a-t-il risqué de ne pas l'être ?
J'ai pris la décision il y a peu de temps. J'ai regardé toutes les options jusqu'au dernier moment. Quand quelqu'un a inventé que j'avais signé, on était en discussion avec plusieurs équipes. Beaucoup de gens ont parlé trop vite parce que je décrochais de bons résultats avec Yamaha, mais ce n'était pas le plus important. Je voulais le meilleur projet, et quand j'ai vu le dévouement de la marque, leur intérêt réel, alors j'ai signé.
Comment gérez-vous le fait d'avoir toute une marque entre les mains ?
C'est spectaculaire. Voir tous les efforts [effectués] pour me faire rester confirme que je fais du bon travail. On sait que la moto n'est pas à son meilleur niveau, mais voir un constructeur aussi motivé pour me retenir est une sensation formidable.
Tout ce que vous demandez à Yamaha, c'est plus de moteur ?
Yamaha a senti le risque de me perdre, et la seule chose que je demande c'est plus de puissance. Ils sont concentrés dessus. Tous les pilotes demandent beaucoup de choses, mais ce que moi je veux, c'est plus de puissance.
Comment gérez-vous le fait d'être la référence évidente du constructeur et du championnat ?
Ça me plaît, je ne le vois absolument pas comme une pression négative. Ça me remplit d'énergie et m'enlève la pression. Ça me montre que je fais du bon travail, et en même temps ça m'empêche de me relâcher parce que je ne veux pas que ça change. Je ne le dis pas parce que vous me l'avez demandé mais parce que je sens que j'ai beaucoup moins de pression que l'an dernier. Et ce n'est pas que j'en avais beaucoup parce que je faisais ce que je pouvais. Je ne me vois pas dans l'obligation de défendre un titre, mais plus avec la volonté de le décrocher.
À quel point est-ce inquiétant que vous soyez le seul à être rapide avec cette moto ?
Je ne le vois pas comme quelque chose d'inquiétant parce que cette année je ne peux pas comparer beaucoup de données avec les autres Yamaha. Je sais déjà où sont mes limites et celles de la moto.
Fabio Quartararo
Vous semblez heureux dans la vie. Que vous inspirent ces sportifs de haut niveau, qui gagnent également très bien leur vie mais qui semblent pourtant énervés en permanence ?
Je fais le travail de mes rêves, je ne le considère même pas comme un travail. Ma famille est en bonne santé et je gagne bien ma vie, je n'ai donc aucune raison d'être énervé. Je ne juge personne, mais il y a des pilotes qui se plaignent et qui ne savent pas la chance qu'ils ont. Je ne le dis pas seulement pour ceux du MotoGP mais aussi pour ceux de Moto2 et Moto3. Même quand je traversais des moments difficiles, qui évidemment me touchaient, j'ai toujours été heureux. Au final, j'ai la chance de pouvoir faire ce que j'aime le plus. Il y a beaucoup de gens qui travaillent dans des domaines qui ne leur plaisent pas et qui gagnent en plus très peu d'argent. Et la majorité d'entre eux ne se plaint pas.
Vous avez parlé avec Marc Márquez ?
Un peu. Marc fait partie des pilotes du paddock avec lesquels je m'entends le mieux. Il traverse un moment difficile, mais on espère qu'il va revenir comme avant. J'ai beaucoup appris de lui et je veux continuer d'apprendre.
Avez-vous hâte de voir ce que peut faire le Quartararo Champion du monde contre la meilleure version de Márquez ?
Évidemment. 2019 est l'année où j'ai le plus profité. Ces deux courses que j'ai faites avec Marc, à Misano et en Thaïlande, où j'ai joué la victoire contre lui alors que je débutais en MotoGP, ont été dingues. Je venais d'arriver dans la catégorie et je me battais contre un octuple Champion du monde. Ça en dit presque plus que le titre. Cette année-là, la plupart des gens pensaient que la présence de Fabio Quartararo en MotoGP n'avait aucun sens. C'est pour ça que ça a été aussi important.
Qu'est-ce qui vous a le plus surpris : les difficultés de Pecco Bagnaia et Ducati, ou la montée en puissance d'Aleix Espargaró et d'Aprilia ?
La montée en puissance d'Aleix. Déjà au Qatar, où il a terminé quatrième, j'ai vu qu'il pilotait de façon différente à sa façon de doubler. Je me suis dit 'qu'est-ce qu'il s'est passé ?' En Argentine sa moto avait une adhérence que je n'avais jamais vu de ma vie, mais il a su saisir l'opportunité. Il faut faire ce qu'il a fait là-bas : meilleur tour, pole et victoire. Il a fait cinq podiums en six courses.
Vous aimez rouler à moto en-dehors des circuits ?
Non, je n'aime pas, je trouve ça dangereux. Je n'ai pas le permis ni l'intention de le passer pour le moment.
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