Analyse

Où en est Alpine dans ses préparatifs 2024 en Endurance ?

Alpine prépare activement son retour dans la catégorie reine du WEC l'année prochaine et a mis en place un programme d'essais intensif pour son nouveau prototype LMDh.

Alpine A424 Beta

Quand Alpine a pris en 2021 la décision de s'engager en Hypercar, c'était grâce à une dérogation lui permettant d'utiliser l'ex-prototype LMP1 de Rebellion, alors rebaptisé Alpine A480. Une solution qui a permis à la marque d'être présente rapidement à ce nouvel échelon de l'Endurance et de se frotter à Toyota, jusqu'à décrocher des succès à Sebring et Monza. 

Ce projet a toutefois toujours été une rustine, en attendant de mettre sur pied un véritable programme maison et répondant à la réglementation. L'Alpine A424 a été dévoilée en juin dernier en marge des 24 Heures du Mans : elle incarne la première réelle tentative du groupe Renault de remporter la classique mancelle depuis son fameux succès de 1978. L'A424 doit faire son entrée en compétition au Qatar en mars prochain, ce qui laisse cinq mois pour se préparer. 

Peu après cette présentation publique il y a trois mois, les ingénieurs Alpine sont passés à la vitesse supérieure en travaillant sur l'intégration du V6 Mecachrome 3,5 litres dans le châssis. L'unité de puissance hybride a démarré pour la première fois le 5 juillet puis, près d'un mois plus tard, le 2 août, le prototype LMDh a pris la piste pour un déverminage. 

L'Alpine A424 lors de ses premiers essais au Castellet.

L'Alpine A424 lors de ses premiers essais au Castellet.

L'étape suivante dans le développement a été franchie fin août, quand l'A424 a bouclé ses premiers véritables essais sur le Circuit Paul-Ricard. Après un test en ligne droite sur l'aéroport tout proche, Nicolas Lapierre, Matthieu Vaxiviere et Charles Milesi se sont relayés trois jours durant pour accumuler plus de 1000 km de données. Après des mois de travail acharné, ces essais ont été qualifiés de succès. 

"C'était un excellent test", résume auprès de Motorsport.com Philippe Sinault, directeur de l'équipe Alpine en Endurance. "Nous sommes très fiers de faire rouler la voiture pour la première fois. Ça s'est bien passé et nous sommes vraiment satisfaits du travail effectué lors des premiers jours. C'était comme un gros shakedown. Nous avons commencé à travailler mais initialement, le plan était de vérifier que chaque fonctionnalité était OK. L'objectif était aussi de rouler de plus en plus longtemps. Et la priorité, comme vous pouvez l'imaginer, était la fiabilité en vue du Mans."

Ce niveau de fiabilité, Philippe Sinault l'a décrit comme "correct" à ce stade du développement, tout en précisant qu'il y avait "quelques petits sujets, mais rien d'énorme ni de critique". 

Les quelques tracas rencontrés lors de ces essais ne se limitaient pas seulement à des composants conçus et construits en internes, mais concernaient aussi le système hybride standard fourni par Bosch, Xtrac et Williams Advanced Engineering. "C'était une combinaison de tout ça, mais il y a parfois des détails. Ce ne sont que des détails, rien d'énorme", a rassuré Philippe Sinault. 

L'Alpine A424 lors de ses premiers essais.

L'Alpine A424 lors de ses premiers essais.

Depuis, Alpine a bouclé une deuxième séance d'essais, ce mois-ci en Espagne, et d'autres roulages sont prévus en Europe d'ici le mois de décembre, notamment à Jerez et Portimão. L'équipe ne précise pas combien de tests sont encore au menu. "Nous avons des journées de programmées d'ici décembre, mais on a une fenêtre qui pourrait s'ouvrir avec une opportunité pour organiser plus de tests", explique Philippe Sinault. Aucun objectif kilométrique n'a non plus été annoncé.

Pour son programme de développement, Alpine doit tenir compte de la fenêtre d'homologation. Le constructeur a jusqu'au mois de décembre pour envoyer son prototype dans la soufflerie de Sauber, en Suisse, afin d'y être homologué par le WEC en vue de son entrée en lice. 

"Nous devons gérer l'homologation et les essais, ce n'est pas facile", prévient Philippe Sinault. "C'est le point essentiel. Nous prévoyons de faire des essais dans le sud de l'Europe lors des semaines qui viennent, le maximum possible, car la limite pour l'homologation est à la fin de l'année. Et dans le même temps, on doit gérer la soufflerie : le passage obligatoire pour l'homologation, c'est la soufflerie. On doit gérer ça. Ce sera serré mais on prévoit les choses et on anticipe toutes ces étapes, donc ça va."

Les deux séances d'essais réalisées jusqu'à présent l'ont été avec une seule voiture, mais Alpine introduira ensuite un second châssis, "à la fin du programme global d'essais". 

La marque rejoindra en 2024 une catégorie Hypercar qui accueillera également BMW et Lamborghini et où figurent déjà Toyota, Porsche, Cadillac et Ferrari. Des constructeurs plus modestes seront également de la partie, comme Isotta Fraschini et peut-être Vanwall, tandis que l'avenir de Glickenhaus est plus sombre. 

Philippe Sinault n'est pas un doux rêveur devant l'ampleur du défi qui attend ses hommes. S'il ne dément pas les ambitions élevées d'Alpine et du groupe Renault, il sait aussi que la première année d'un programme n'est jamais simple. 

"Le premier objectif, c'est de faire le maximum", annonce-t-il. "On sera là. L'ambition de la marque est élevée, donc on essaiera d'être à la hauteur de cette ambition et des résultats attendus par la marque. Ce sera une première année. Nous avons une année de retard par rapport aux autres, mais on redoublera d'efforts pour être dans le match."

Lire aussi :

Le cockpit de l'Alpine A424.

Le cockpit de l'Alpine A424.

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