Opinion

Jusqu'à quand le duel Hamilton-Verstappen pourra-t-il rester propre ?

Lewis Hamilton et Max Verstappen sont au même niveau en ce début de lutte pour le titre mondial 2021. Aucun des deux n'a eu peur de se montrer agressif en piste, ce qui laisse présager une lutte passionnante jusqu'à la fin de l'année. Mais combien de temps leur bataille restera-t-elle propre ?

Lewis Hamilton, Mercedes W12 et Max Verstappen, Red Bull Racing RB16B s'affrontent en piste

Zak Mauger / Motorsport Images

Quatre Grands Prix se sont déjà écoulés, et lors de chacun d'entre eux, Lewis Hamilton et Max Verstappen se sont dépassés en piste au moins une fois. Mais, en dépit d'une série remarquable d'affrontements directs entre les candidats au titre, il n'y a pas encore eu de véritable collision.

Bien entendu, il y a eu un contact entre une roue de la Red Bull et la plaque d'extrémité de l'aileron avant de la Mercedes au premier virage à Imola, et Hamilton a dû se dégager au premier virage de Barcelone pour éviter le contact. Mais finalement, jusqu'à présent, cela a été viril mais correct.

Toto Wolff, le patron de Mercedes, a ainsi commenté l'attaque de Verstappen en Espagne : "La manœuvre était dure, mais pas en dehors des règles. C'est pourquoi elle est correcte. Ils ne se sont pas touchés. Au moins, nous n'avons pas eu de perte d'appui et nous n'avons pas perdu de pièce."

Mais alors que le plus gros contact entre Hamilton et Verstappen jusqu'à présent cette année a eu lieu lorsqu'ils se sont heurtés (délibérément ou non, à vous de voir...) alors qu'ils se croisaient pendant les interviews télévisées des qualifications à Imola, les lignes de bataille entre eux sont de plus en plus définies.

Alors que les deux hommes en apprennent davantage sur ce qu'ils peuvent attendre de leur rival lorsqu'ils se retrouvent côte à côte, il n'est certainement pas garanti que ce qui a été accepté jusqu'à présent le sera pour le reste de la saison, surtout lorsque la lutte pour le titre arrivera à son terme.

Tous deux ont fait preuve de divers niveaux d'agressivité dans la lutte, et tous deux ont clairement indiqué qu'ils ne céderaient pas un centimètre de piste de plus que nécessaire lorsqu'il s'agira de se battre pour une position. C'est exactement comme cela que les choses doivent se passer.

Tout comme Hamilton s'est assuré d'élargir autant qu'il le pouvait dans leur épisode au virage 4 de Bahreïn, et au virage 3 de Portimão lorsque Verstappen a essayé de réagir après avoir été dépassé, le pilote Red Bull a montré qu'il était prêt à laisser à son rival Mercedes le soin de ralentir pour éviter un accident.

Tant à Imola qu'au virage 1 de Barcelone, Hamilton aurait pu facilement mettre sa voiture dans une position où le contact aurait été inévitable alors que Verstappen revendiquait la trajectoire normale à l'intérieur. Les deux fois, Hamilton a gardé à l'esprit le long terme, et ce vieil adage de la course selon lequel vous ne pouvez pas gagner au premier virage, mais vous pouvez tout y perdre.

Bien que ce raisonnement à long terme soit parfaitement logique, Hamilton ne voudra pas non plus se retrouver dans une situation où il aura l'impression que Verstappen s'attendra automatiquement à ce qu'il s'écarte de sa trajectoire lorsqu'il l'attaquera par l'intérieur. À un moment donné, il faudra tracer une ligne dans le sable pour peut-être réajuster l'endroit où les deux pensent que les limites sont situées.

Cela signifie-t-il que Hamilton va aller jusqu'à provoquer une collision pour se faire bien comprendre ? C'est très peu probable, car l'un des principes de sa carrière en F1 est de ne pas faire de coups bas. Il n'est pas le type de pilote qui provoquera délibérément un accident, mais il n'est pas non plus quelqu'un qui veut être considéré comme un faire-valoir.

S'il devait y avoir un changement d'approche, il se pourrait bien que l'une des leçons clés de la perte de positions au profit de Verstappen dans le virage 1 à Imola et à Barcelone soit qu'il n'a pas fermé la porte à son rival de manière agressive dès le départ.

Les deux fois, il a joué la carte de la rectitude dans son approche des premiers virages, et les deux fois, il a laissé Verstappen sur son élan se porter à ses côtés et prendre la ligne intérieure dans le premier virage. En étant à l'extérieur, vous vous mettez à la merci du pilote à l'intérieur et de sa volonté d'attaquer ou non.

Revenant sur le départ du GP d'Espagne, Hamilton a affirmé qu'il avait eu une opportunité de fermer la porte à Verstappen. Et c'est peut-être de là que la plus grande différence viendra s'il y a un changement d'approche. "Au moment d'aborder le virage 1, je me suis juste assuré de laisser autant de place que possible à Max."

"Dans mon esprit, c'est toujours un marathon, pas un sprint, donc je pense uniquement au long terme. Et, bien sûr, j'aurais pu être un petit peu plus agressif. Devrais-je l'être ? Eh bien, je suis dans la position dans laquelle je suis parce que je ne suis pas trop agressif quand ce n'est pas nécessaire."

"Rétrospectivement, il y a eu un moment, [...] quand Max s'est déplacé derrière moi pendant une seconde, [où] j'aurais pu traverser [la piste] et sceller l'affaire. Mais je ne l'ai pas fait."

Le fait qu'Hamilton soit satisfait de ne pas être plus agressif, contrairement à Verstappen qui saisit toutes les opportunités, n'est pas nécessairement dû à une divergence d'opinion sur ce qu'ils considèrent comme correct ou non. En fait, on pourrait dire que le contraste dans la façon dont ils ont fait les choses est en fait la résultante des voitures qu'ils ont à disposition.

Du point de vue de Verstappen, à part Bahreïn, il a connu trois courses où il pensait qu'il ne disposait pas de la voiture la plus rapide le dimanche et venait de l'arrière. Si vous êtes un pilote au top de la F1, et que vous savez que si vous sortez du premier virage derrière une voiture, elle va s'éloigner de vous par la suite, alors il n'y a vraiment qu'une seule possibilité de se donner une chance de gagner. Et c'est de se frayer un chemin.

Parlant de son état d'esprit au premier virage à la chaîne de télévision néerlandaise Ziggo Sport après le GP d'Espagne, Verstappen a déclaré : "Ce premier virage, c'était juste une question de 'celui qui freine en dernier sort en premier'. J'ai juste foncé, parce que je savais que ce serait difficile autrement. C'était juste un risque calculé. J'ai juste été plus rapide dans ce virage et à un certain moment, si vous êtes à l'extérieur, vous devez abandonner."

De même, du point de vue d'Hamilton, le fait de savoir que vous avez une voiture et une stratégie pneumatique qui peut vous permettre de gagner même si vous n'êtes pas en tête à la sortie du virage 1 vous donne un certain niveau de confiance, car si vous battez en retraite, ce n'est pas la fin du monde.

Dans le scénario inverse, où Hamilton saurait que la seule façon de gagner serait de sortir du virage 1 en tête, il est peu probable que les choses se soient passées différemment de ce que nous avons vu.

Hamilton a confié dimanche soir que sa confrontation avec Verstappen en Espagne lui avait donné un bon aperçu de l'état d'esprit du Néerlandais. "J'ai beaucoup appris sur Max aujourd'hui, peut-être plus que lors de toutes les autres courses réunies", a-t-il déclaré.

Il sera désormais fascinant de découvrir s'il aime ce qu'il a appris ou s'il va y avoir un petit retour de bâton...

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