Analyse

Bilan 2022 - Fernando Alonso, la dynamique de la dynamite

Après une saison de retour rondement menée par Fernando Alonso, 2022 allait être le véritable révélateur avec l'arrivée de la nouvelle réglementation technique. Elle aura révélé que l'Espagnol est fidèle à lui-même, dans le bon comme le moins bon.

Alo

Bilans Saison 2022

Motorsport.com dresse le bilan de la saison 2022 de Formule 1, pilote par pilote.

Ces bilans 2022 sont aussi l'occasion pour vous de noter chaque pilote, grâce au module situé au bas de cet article.

Au volant d'une voiture qui a souvent été la quatrième force du plateau, Fernando Alonso a vécu une saison de frustration, une frustration qu'il n'a pas manqué de faire connaître dans le style caractéristique qui est le sien.

La première année du retour de l'Espagnol en F1 avait été particulièrement sobre, avec le constat qu'il s'était progressivement remis dans le rythme avec la combativité et le niveau de performance qui étaient les siens avant son départ, tout en acceptant qu'il fallait faire le dos rond dans l'attente de la réglementation 2022. Cette dernière n'a toutefois pas véritablement changé la donne pour Alpine qui est passé d'une lutte pour la cinquième place l'an passé à un combat pour la quatrième cette année.

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Mais il y avait tout de même l'espoir pour Alonso de pouvoir tirer son épingle du jeu et s'offrir des résultats probants, à défaut d'une lutte régulière pour les podiums ou la victoire. Toutefois le début de saison allait vite le confronter aux conséquences d'un choix fait en amont par Renault : privilégier la performance à la fiabilité. Dans ce domaine, dès les quatre premiers Grands Prix, le double Champion du monde allait connaître deux abandons en course et un souci lors des qualifications du GP d'Australie, pour trois zéros pointés.

Déjà se lisaient les prémices d'un discours appuyant sur son infortune, réelle, mais surtout la mèche était allumée pour la suite de la saison. Auteur à Miami d'une course brouillonne, il se prendra lui-même les pieds dans le tapis en accumulant deux pénalités et en étant exclu du top 10. Lors du GP d'Espagne suivant, il écopa le premier de pénalités sur la grille en raison de ses multiples problèmes moteur.

Comme si l'adversité était le meilleur des carburants, cela ne l'empêcha pas d'amorcer dès Barcelone une série de courses de très haut vol et d'arrivées dans les points qui le replaça progressivement à hauteur de son équipier Esteban Ocon au classement et lui permit d'afficher enfin ses qualités. Il fit montre également de sa roublardise lors de quelques épisodes où il n'hésita pas à ralentir le peloton, que ce soit en course ou en qualifications, pour tenter de favoriser ses chances. Au Canada, il profita de la pluie en qualifications pour se hisser en première ligne sur la grille, avant d'être victime d'un raté moteur le lendemain et de se rendre coupable d'une défense jugée un peu trop musclée dans le dernier tour.

En Autriche, un problème électrique le priva de sprint mais pas de point puisqu'il réussit le lendemain à intégrer le top 10 pour maintenir sa série. En France, il évolua à un niveau de performance très élevé, dans la lancée des épreuves précédentes. Après la Hongrie, où il arrivait huitième dans une course sans doute pas gérée de façon optimale par Alpine en matière de stratégie, il s'illustra de façon un peu inattendue en s'engageant avec Aston Martin en vue de 2023, après avoir visiblement peu apprécié que l'écurie française n'affiche pas une ambition farouche de poursuivre l'aventure avec lui.

Fernando Alonso après son abandon lors du GP de Mexico.

Fernando Alonso après son abandon lors du GP de Mexico.

Cela ne l'empêcha pas, au retour de la trêve en Belgique, d'égaler son meilleur résultat de la saison, avec une cinquième position en dépit d'un accrochage où sa responsabilité n'était pas en jeu avec Lewis Hamilton au départ. Sa sortie radio ce jour-là sera particulièrement remarquée, Alonso accablant d'abord le septuple Champion du monde tout en se ravisant après coup. Sa série d'arrivées dans les points se termina à Zandvoort, avec une nouvelle course convaincante après des qualifications décevantes.

C'est alors que l'accumulation des frustrations commença à réellement faire bouillir Alonso. Deux problèmes techniques coup sur coup, à Monza et à Singapour, vont gâcher ses chances de signer de très bons résultats. C'est à partir de là que s'ancrera son discours selon lequel "les problèmes ne touchent que la voiture #14", avec lequel il finira par pousser un Ocon jusqu'ici stoïque à répondre pour signaler que lui aussi avait eu son lot de difficultés dans le domaine.

Alonso retrouva les points lors du pluvieux GP du Japon, en s'offrant une fin de course spectaculaire suite au pari des pneus neufs. Plus spectaculaire encore, sa "demi-envolée" après une tentative de dépassement sur son futur équipier Lance Stroll (qu'il épargnera "étonnamment" dans ses propos après l'incident), malgré laquelle il inscrira les points de la septième place dans une nouvelle démonstration de combativité. Mexico, en revanche, le voyait subir un nouvel abandon sur problème technique.

Vint ensuite l'épisode du Brésil et notamment du sprint où Alonso commit une erreur en percutant son équipier, avant de tâcher de le rendre responsable, en dépit des images claires, dans sa communication à chaud. Comme un symbole, le lendemain, il s'offrit une course pleine de panache, certes avec une réussite indéniable, pour aller chercher à nouveau une cinquième position cette année. Comme un symbole, la saison se conclura sur un nouveau problème technique à Yas Marina.

En conclusion du bilan 2021 d'Alonso, nous avancions que "l'Alonso de 2022 et au-delà n'aura peut-être plus grand-chose à voir avec celui de 2021", avec la sensation que son attitude discrète de la saison passée était surtout le signe d'attentes focalisées sur la campagne à venir. Au terme de cet exercice 2022, il paraît assez aisé de conclure que le visage affiché cette année est bien plus proche de ce que l'on connait de l'Espagnol : indéniablement et le plus souvent au niveau des attentes sur la piste, capable de tirer le meilleur d'une monoplace n'évoluant pas parmi les meilleures, il demeure également un pilote dangereux pour la cohésion d'une écurie.

Certes, il y avait de quoi être frustré par la situation, mais Alpine a eu le mérite d'assumer son parti pris de la performance face à la fiabilité dès le début de l'année, avant même que cela ne se matérialise douloureusement en piste. Oui, Alonso a particulièrement été touché et les 11 points de retard sur son équipier ne traduisent pas véritablement la réalité de la saison en matière sportive, mais son discours frisant le complotisme n'était pas de nature à ménager les choses, tout comme son attitude en piste d'Interlagos, quand bien même Ocon a été lui aussi agressif plusieurs fois auparavant sans toutefois dépasser la limite.

À quel point se savoir sur le départ a-t-il joué dans ses diverses sorties médiatiques, seul lui le sait mais un Alonso frustré se préoccupe rarement du court terme. Pour Alpine, peut-être que c'est justement la perspective d'un départ de l'Espagnol qui a permis que la baraque tienne.

 

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