Comment Mercedes s'est adapté au plafond budgétaire

Les données financières de Mercedes reflètent l'impact du plafond budgétaire sur l'une des écuries les plus fortunées de la Formule 1.

Les mécaniciens travaillent sur la monoplace de George Russell Mercedes W13 dans son garage

Avec l'introduction d'un plafond budgétaire de 146,2 M$ (environ 150 M€ au taux de change actuel) en 2021, dont sont exclus certains frais, les dépenses de Mercedes-Benz Grand Prix Limited sont passées de 324,9 M£ (370 M€) en 2020 à 297,4 M£ (339 M€) l'an passé, soit une baisse de plus de trente millions d'euros malgré un calendrier plus fourni, avec 22 courses contre 17 précédemment.

Cette baisse des dépenses a contribué à une augmentation non négligeable des bénéfices, qui étaient de 13 M£ (15 M€) en 2020 puis de 68,8 M£ (78 M€) en 2021. C'est aussi grâce à un chiffre d'affaires plus élevé, passé de 355,3 M£ (405 M€) à 383,3 M£ (437 M€). La maison-mère Mercedes-Benz AG n'a ainsi pas eu besoin de participer au budget. Cependant, la marque à l'étoile continue de financer la branche High Performance Powertrains, qui conçoit et produit les unités de puissance F1.

Autre chiffre symbolique de l'impact du plafond budgétaire : le nombre d'employés de l'écurie a dégringolé à 1004, alors qu'il était passé de 1016 en 2019 à 1063 en 2020, dernière année sans plafond budgétaire. Ce sont les départements de design et d'ingénierie qui ont subi cette baisse, la plupart des autres secteurs n'étant pas compris dans le plafond : le nombre d'employés a chuté de 906 à 831. En revanche, le secteur administratif comptait désormais 173 personnes contre 157 précédemment, plusieurs recrues ayant notamment aidé à assurer le respect de ce plafond budgétaire.

Le directeur d'équipe Toto Wolff déclare que respecter le plafond budgétaire a été "douloureux" mais a rendu l'entreprise plus rentable. "Ce qui est arrivé en F1 est qu'en fixant une limite de dépenses à la majeure partie des sources de coûts dans l'équipe, nous avons dû nous restructurer et modifier nos procédures, malheureusement aussi licencier des gens, afin de respecter le plafond budgétaire", explique Wolff à Motorsport.com. "C'est particulièrement douloureux quand on entend parler d'écuries qui n'ont pas fait ça."

Toto Wolff, Team Principal and CEO, Mercedes AMG

Toto Wolff, directeur de Mercedes AMG F1

"Nous sommes passés soudain d'une organisation qui dépensait sur l'ingénierie afin d'obtenir les meilleures performances à la nécessité d'une structure qui devait tout analyser du moment de l'achat des pièces jusqu'à leur déploiement sur la monoplace, en passant par la production et la logistique, et fixer la priorité de ce que l'on met sur la voiture. C'est super douloureux et difficile."

"Cependant, du point de vue des finances, le plafond budgétaire a changé le business model et a transformé notre entreprise tout juste rentable en un business, avec 25% de marge sur les bénéfices avant intérêt et impôts."

D'après Wolff, le département administratif s'est développé encore davantage cette année : "J'anticipe les comptes 2022, mais nous avons 30 personnes de plus côté financier, huit personnes de plus côté juridique, 50 têtes de plus côté marketing, communication, sponsoring, tout ça, afin de gérer le plafond budgétaire."

Wolff cite un exemple supplémentaire : ce ne sont plus des ingénieurs expérimentés qui font passer les entretiens d'embauche aux potentielles recrues. "Imaginez le processus de recrutement", poursuit l'Autrichien. "Auparavant, un ingénieur recrutait un candidat, ou menait les entretiens avec les candidats. Primo, on ne peut pas se le permettre [quant à l'utilisation de son temps de travail]. Mais secundo, nous ne savons pas si nous pouvons nous le permettre financièrement. Il doit donc être en lien avec les ressources humaines, qui doivent être en lien avec les finances, dire que nous avons besoin d'un autre employé qui nous coûte 45 000 £ par an et demander si nous pouvons nous le permettre."

Comme Ferrari et Red Bull, Mercedes a déplacé une partie de son personnel vers des projets qui ne sont pas liés à la F1. "En science appliquée, nous avons la Coupe de l'America, ainsi que divers autres projets dans l'ingénierie de performance. Nous ne voulons pas être une boutique d'ingénierie qui propose des services à l'industrie. Ce sont vraiment les records qui comptent. Sur terre, sur mer, dans les airs et dans l'espace, où que ce soit, c'est un domaine pour nous", conclut Wolff.

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