Comment Mercedes a offert à Lotus son dernier podium en F1

Matthew Carter, l’ancien PDG de Lotus, a révélé les dessous fascinants de la fin de course étonnante du Grand Prix de Belgique 2015 de F1, où Mercedes a joué un rôle clé dans le podium de Romain Grosjean

Lorenzo Savadori, RNF MotoGP Racing

Lorenzo Savadori, RNF MotoGP Racing

Gold and Goose / Motorsport Images

Romain Grosjean, Lotus F1 E23
Podium : le troisième Romain Grosjean, Lotus F1 Team
Sebastian Vettel, Ferrari SF15-T
Le troisième Romain Grosjean, Lotus F1 avec son équipe
Le troisième Romain Grosjean, Lotus F1 E23
Podium : le vainqueur Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1, le second Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 et le troisième Romain Grosjean, Lotus F1 Team
Romain Grosjean, Lotus F1 E23
Romain Grosjean, Lotus F1 E23
Podium : le troisième Romain Grosjean, Lotus F1 Team
Sebastian Vettel, Ferrari SF15-T
Podium : le troisième Romain Grosjean, Lotus F1 Team
Podium : le vainqueur Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1, le second Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 et le troisième Romain Grosjean, Lotus F1 Team

Retour au 23 août 2015, sur le circuit de Spa-Francorchamps. La fin de course approche. Mercedes se dirige vers un doublé facile, Lewis Hamilton menant l’épreuve depuis le départ et Nico Rosberg assurant la deuxième place à distance raisonnable.

Pour la troisième position en revanche, la lutte semble devoir s’engager entre Sebastian Vettel et Romain Grosjean. L’Allemand a chaussé les pneus mediums lors de son seul arrêt au 14e tour alors que le pilote Lotus les a depuis la 21e boucle, moment de son second passage au stand. Sur un tracé de vitesse, le bloc Mercedes de la monoplace d’Enstone est un atout qui compense les faiblesses du châssis et le Français, grâce à ses enveloppes moins usées, revient progressivement sur la Ferrari.

La suite, c’est Matthew Carter qui la raconte, pour le podcast Missed Apex : "[Mercedes] ne voulait pas particulièrement que Sebastian Vettel soit sur le podium à Spa, et ils pouvaient voir que Romain, avec des pneus plus neufs, revenait. Donc ils lui ont donné un mode moteur différent."

Au championnat, Vettel est alors la dernière menace pour la marque à l’Étoile puisqu’il figure au troisième rang du classement pilotes, avec 42 points de retard sur Hamilton et 21 sur Rosberg. Surtout, il sort d’une victoire au Grand Prix de Hongrie qui a précédé la trêve estivale.

À Spa, les chronos permettent rapidement de constater une hausse soudaine des performances de Lotus E23 à partir de la 31e boucle, de l’ordre de trois à huit dixièmes, alors que la Ferrari stagne voire ralentit légèrement. Progressivement, Grosjean revient dans la zone DRS et constitue une menace réelle.

Dans le 42e tour, le pneu arrière droit de Vettel, contraint à un pilotage d’attaque sur des gommes très usées, délamine à l’entrée de la ligne droite des Combes, offrant sur un plateau le podium à Grosjean et entraînant l’abandon du quadruple Champion du monde.

"Romain est venu à la fin de cette course et a dit que la voiture ne s’était jamais comportée de la façon dont elle l’avait fait lors des derniers tours de course. C’est logique : dès l’instant où la voiture va plus vite, votre aéro fonctionne mieux, vos pneus fonctionnent mieux, vous n’avez pas à freiner aussi tôt. Chaque partie de la voiture fonctionnait mieux car il avait ce mode."

Un mode moteur de course que Lotus n'a "jamais revu"

Sans surprise, le motoriste allemand ne s’est pas étendu sur les détails techniques de ce tour de passe-passe et n’a pas permis à Lotus d’en disposer à nouveau en course : "Mercedes ne nous a jamais dit de quoi il s’agissait. Ils nous ont dit qu’il n’y avait pas de différence du tout. Romain me disait : ‘Pas possible, la voiture était différente’."

"Les moteurs arrivent au circuit, nous arrivons avec la voiture, Mercedes met le moteur dans la voiture, [grâce à] leurs techniciens, qui sont liés à notre équipe. Nous courons le week-end et à la fin du week-end, ils retirent les moteurs et ils retournent à Stuttgart. Nous ne voyons pas le moteur, ils font en sorte que la FIA ait tous les numéros de série pour s’assurer qu’on utilise seulement quatre ou cinq moteurs par saison. Mais on ne voit jamais le moteur aller à Enstone, on ne peut pas le regarder ou jouer avec. Même le carburant, les lubrifiants, tout est fourni par Mercedes et Petronas. On ne le voit jamais."

"Lors des courses qui ont suivi Spa, je n’arrêtais pas de demander à Mercedes : ‘C’était quoi ce mode moteur, est-ce qu’on peut l’avoir ?’. Et ils répondaient : ‘Non, c’était spécifique à Spa, spécifique à X, Y ou Z'. Nous ne l’avons jamais revu."

"Donc, qu’avaient-ils en réserve ? Je ne sais pas. Je suis sûr qu’ils peuvent dire qu’ils ne voulaient pas dégrader la fiabilité du moteur ou mettre trop de pression sur le moteur… Mais il y a souvent des discussions sur le mode qualifications que Mercedes a en Q3. Nous accédions rarement à la Q3, mais de façon occasionnelle, quand nous l’atteignions, nous avions de nouveau accès à un réglage supplémentaire […] qui plaçait le moteur sur un mode différent."

Ce podium fut, pour Lotus, le seul de la saison 2015 et le dernier de l’Histoire de la structure. Rachetée par Renault à la toute fin de l’année, elle fut ensuite équipée de blocs turbo hybrides au Losange dès 2016.

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