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40 ans après, Gasly et Ocon vont-ils déboulonner Arnoux et Tambay ?

La signature chez Alpine de Pierre Gasly aux côtés d'Esteban Ocon ravive, entre autres, les souvenirs d'un duo 100% français dont la statistique de 1983 demeure inégalée.

René Arnoux et Patrick Tambay

Photo de: Sutton Motorsport Images

Il y a une quarantaine d'années, deux pilotes de Formule 1 français unissaient leurs efforts pour décrocher le titre mondial des constructeurs. Patrick Tambay et René Arnoux avaient signé huit pole positions et quatre victoires pour Ferrari en 1983, mais avaient été battus par Nelson Piquet pour le titre pilotes. En décembre dernier, Patrick Tambay s'est malheureusement éteint à l'âge de 73 ans. S'il n'a jamais atteint en F1 la plénitude de son ambition, il était très respecté et ouvert, comme le rappelle John Watson, son coéquipier chez McLaren en 1979.

"On avait de très bonnes relations", se souvient le Britannique. "Patrick était quelqu'un de très affable, quelqu'un de sympathique. Il venait d'un milieu peut-être plus raffiné que le mien ; il avait grandi dans le sud de la France, il était très cultivé. C'était quelqu'un de facile à vivre, c'était simple d'être son coéquipier. Il n'était clairement pas un animal politique comme l'ont été d'autres de mes coéquipiers…"

Patrick Tambay avait déjà passé toute la saison 1978 chez McLaren aux côtés de James Hunt, qui avait remporté le titre mondial avec l'écurie deux ans auparavant. Mais les temps avaient changé : le développement fantastique de l'effet de sol par Lotus avait mené Mario Andretti au sacre et l'équipe de Colin Chapman à son septième et dernier titre constructeurs. La frustration de James Hunt l'avait ainsi poussé à s'en aller chez Wolf, John Watson venant le remplacer chez McLaren avec de grands espoirs fondés autour de la nouvelle monoplace, la M28. Elle ne fut malheureusement pas à la hauteur, ni pour lui ni pour Patrick Tambay.

Chez McLaren en 1979, Patrick Tambay et John Watson ont connu une saison difficile.

Chez McLaren en 1979, Patrick Tambay et John Watson ont connu une saison difficile.

"Pour les deux premiers Grands Prix de l'année, Patrick n'avait pas la M28 alors que moi je l'avais", explique John Watson. "Il a dû continuer avec la M26. À l'époque, j'aurais pensé qu'il était désavantagé, mais ce n'était pas le cas parce que lorsque McLaren a construit la M28, ils ont rapidement pris conscience qu'elle avait besoin d'une grosse restructuration pour bien fonctionner."

La nouvelle monoplace était une immense déception, et Patrick Tambay fut aussi pris dans une série d'accidents en milieu de peloton, avant d'échouer à se qualifier à Zolder et Monaco. C'était une période difficile et en fin de saison, McLaren le remplaça par un autre Français, un petit jeune qui venait de faire des essais au Paul-Ricard. "On aurait dit qu'il était né pour ça", se souvient John Watson en évoquant un certain Alain Prost.

Écarté de la Formule 1 tout au long de la saison 1980, Patrick Tambay reprit confiance en décrochant le titre dans le championnat Can-Am. L'entrepreneur Teddy Yip, qui l'avait fait débuter en Grand Prix en 1977, le fit revenir dans la discipline en 1981, chez Theodore Racing.

Quelques mois plus tard, il rejoignait chez Ligier un autre compatriote, Jacques Laffite, puis s'engageait avec Arrows pour la saison 1982. L'accord fut bref, car Patrick Tambay quitta rapidement l'équipe, contrarié par son attitude face à la fameuse grève des pilotes lors du premier Grand Prix de l'année à Kyalami. "Je pense que c'est l'un des aspects du caractère de Patrick", souligne John Watson. "C'était une question de principe, il avait des opinions auxquelles il restait profondément fidèle."

En 1983, Patrick Tambay et René Arnoux offrent à Ferrari le titre mondial des constructeurs.

En 1983, Patrick Tambay et René Arnoux offrent à Ferrari le titre mondial des constructeurs.

Sa carrière en Formule 1 semblait terminée, mais une tragédie allait rouvrir la porte. La mort de son ami Gilles Villeneuve lors des qualifications du Grand Prix de Belgique lui valut d'être contacté par Ferrari pour rejoindre à nouveau un coéquipier tricolore, Didier Pironi, qui jouait le titre. Lorsque Patrick Tambay arriva au sein de la Scuderia à Zandvoort, son ancien coéquipier John Watson menait le championnat avec sa McLaren MP4 conçue par John Barnard.

Patrick Tambay se montra à la hauteur de cette nouvelle opportunité : il termina sur le podium à Silverstone pour sa deuxième apparition avec Ferrari, et juste derrière Didier Pironi au Grand Prix de France, dominé par René Arnoux et Alain Prost avec Renault. Le même René Arnoux, échaudé ce jour-là par une histoire de consignes, allait débarquer chez Ferrari l'année suivante.

La saison 1982 se poursuivit, puis il y eut le drame d'Hockenheim et cet accident qui mit un terme à la carrière de Didier Pironi. Un week-end noir que Patrick Tambay parvint toutefois à conclure sur une note positive, malgré tout, en décrochant sa toute première victoire. Keke Rosberg termina troisième ce dimanche-là, entamant la séquence qui allait finalement le mener à un inattendu titre mondial face à John Watson.

René Arnoux et Patrick Tambay devinrent coéquipiers en janvier 1983 et, malgré des caractères très différents, ils allaient mener Ferrari à un titre constructeurs qui mettrait ensuite 16 ans à retomber dans l'escarcelle de la Scuderia. La carrière de Patrick Tambay s'arrêta quelques années plus tard mais la saison 1983 reste la dernière de l'Histoire qui a vu deux coéquipiers français décrocher des victoires. Une statistique qui ouvre une question pour 2023 : Esteban Ocon et Pierre Gasly peuvent-ils offrir le même destin à Alpine ?

"Je pense qu'Ocon est compétent, tout comme Gasly", avance John Watson. "Mais je soupçonne qu'il s'agira davantage d'une concurrence entre l'un et l'autre plus que d'une vision d'ensemble. L'alchimie entre eux deux va devoir être gérée avant le début de la saison et cela pourrait être au détriment de l'équipe."

La paire formée par Patrick Tambay et René Arnoux a connu un certain succès, mais elle n'aura duré qu'une seule saison. Voyons combien de temps Pierre Gasly et Esteban Ocon passeront ensemble.

Pierre Gasly et Esteban Ocon pourront-ils réécrire l'histoire avec Alpine ?

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