Horner dénonce "l'intimidation" de Masi par Mercedes

Christian Horner tire à boulets rouges sur Mercedes et prend la défense de Michael Masi avec conviction.

Christian Horner, team principal, Red Bull Racing

Photo de: Mark Sutton / Motorsport Images

Voilà bientôt trois mois que le Grand Prix d'Abu Dhabi a conclu la saison 2021 de Formule 1 de manière controversée, des décisions contestées de la direction de course ayant permis à Max Verstappen d'arracher le titre à Lewis Hamilton dans le tout dernier tour de l'année. Christian Horner et son écurie Red Bull Racing ont beau être sortis vainqueurs de leur âpre bataille face à Mercedes pour le titre mondial des pilotes, le Britannique ne mâche pas ses mots face aux événements de la campagne passée.

En deux points, le directeur de course Michael Masi n'avait pas respecté l'Article 48.12 du Règlement Sportif. Il avait permis aux cinq retardataires situés entre Hamilton et Verstappen de se dédoubler, mais pas aux suivants : le Néerlandais était ainsi juste derrière son adversaire au restart, tout en ayant deux voitures entre lui et son plus proche poursuivant Carlos Sainz. La réglementation impose, s'il est proposé aux retardataires de se dédoubler, que cela concerne l'intégralité d'entre eux. Masi avait également relancé la course à la fin de ce tour-là, quand théoriquement, "une fois que la dernière voiture à un tour a dépassé le leader, la voiture de sécurité rentre au stand à la fin du tour suivant". La course aurait donc dû rester neutralisée lors de l'ultime boucle, ce qui aurait également empêché le titre mondial de basculer.

Or, Horner a une tout autre vision des faits. "Je ne crois pas que les règles n'aient pas été suivies correctement", déclare le Britannique au micro de BBC Sport. "Je pense qu'elles ont été appliquées d'une manière peut-être différente d'avant en ne permettant pas à toutes les voitures de se dédoubler." Il ajoute : "Si [les commissaires] avaient pensé que les règles n'avaient pas été appliquées correctement, ils n'auraient pas officialisé le résultat."

La réclamation de Mercedes a en effet été vaine, la marque à l'étoile décidant ensuite de ne pas faire appel et de renoncer au titre mondial. Cette polémique n'est toutefois pas restée sans conséquence, puisque Michael Masi, s'il fait toujours partie de la FIA dans un rôle pour l'heure inconnu, a perdu son poste de directeur de course. Horner en est furieux et en tient Mercedes pour responsable.

"Était-ce juste de le virer à cause de la pression que lui a mise une écurie rivale ? Pour moi, ce n'était pas correct. Cela revient à de l'intimidation. C'est passif-agressif", fulmine le directeur de Red Bull Racing. "Certes, Michael a bel et bien commis des erreurs et c'était frustrant, mais il faut voir le rôle qu'il avait et les outils à sa disposition. On ne peut pas rejeter la faute sur lui ainsi. C'est injuste."

Michael Masi, directeur de course de la FIA

Michael Masi

Horner n'oublie pas certaines décisions qui lui sont restées en travers de la gorge, notamment au Grand Prix de Grande-Bretagne, où Max Verstappen avait été éliminé dans un accrochage avec Lewis Hamilton, dont le Britannique avait été jugé responsable. Or, ce dernier était parvenu à remporter la course malgré une pénalité de dix secondes. Cependant, Horner n'hésite pas pour autant à prendre la défense de Masi face à la pluie de critiques qui s'est abattue sur celui-ci après Abu Dhabi.

"Nous avons subi un grand nombre des erreurs de Michael", affirme l'Anglais. "Mais il a un rôle très stressant dans un sport très stressant. Ce qui est impardonnable, c'est le trollage, les insultes sur internet, les menaces de mort que sa famille et lui ont reçues. Cela ne peut être cautionné d'aucune manière. Cela n'a rien à voir avec la F1. C'est du harcèlement pur et simple, et je n'accepterais ça d'aucune manière dans notre écurie."

"C'est pourquoi j'ai pris la défense de Michael, car je sentais qu'il n'avait reçu aucun soutien, aucun appui, qu'il était un bouc-émissaire et qu'il y avait cette campagne organisée de manière très passive-agressive contre lui. Je défendrai toujours quelqu'un qui se fait harceler. Le harcèlement n'est pas acceptable."

"Qui était le premier à appeler Michael ? Ce n'était pas moi"

En 2022, seuls les team managers pourront contacter le directeur de course : ce ne sera plus le cas des directeurs d'équipe, à la suite des abus constatés à Abu Dhabi. Toto Wolff comme Christian Horner avaient tenté d'influencer les décisions de Michael Masi, Horner lançant : "Il suffit d'un tour sous drapeau vert". Le team manager de Red Bull, Jonathan Wheatley, avait également suggéré à Michael Masi l'application discutable qui a été faite du règlement : "Ces voitures retardataires, il n'y a pas besoin de les laisser faire le tour [de la piste] et recoller au fond du peloton. Il faut seulement les laisser passer, et alors on aura une course automobile entre les mains."

Cependant, Horner estime n'avoir rien à se reprocher : "Il faut donner les faits. Qui était le premier à appeler Michael ? Ce n'était pas moi. Je ne fais que répondre à la pression que j'entends dans mon oreille une écurie rivale lui mettre. C'est mon travail, en tant que directeur de l'équipe que je représente, de défendre ça."

"Je pense que c'était probablement moindre que la pression que mettaient nos rivaux pour ne pas avoir de Safety Car. Ou pour revenir un tour en arrière. Ou pour ne pas avoir de Virtual Safety Car, ou pour que la Virtual Safety Car devienne une Safety Car."

Toto Wolff, team principal et PDG, Mercedes AMG

Toto Wolff, directeur de Mercedes AMG F1

Celui qui dirige Red Bull Racing depuis 17 ans surenchérit : "Si l'on regarde cet incident, ce n'était pas un gros accident et le pilote [Nicholas Latifi, ndlr] n'était pas blessé. La voiture était proche d'une zone d'évacuation, et il a toujours paru probable qu'elle soit bel et bien évacuée et que les sept voitures [retardataires] puissent être libérées, plutôt que cinq."

"S'ils avaient libéré les sept, est-ce que vous auriez un problème avec ça ? Ça n'aurait rien changé au résultat du championnat s'ils avaient dégagé les sept. La seule erreur qu'on pourrait lui attribuer est de ne pas avoir libéré les deux dernières voitures, ce qu'il aurait pu faire facilement, mais cela n'a pas eu d'effet concret sur la course." Horner omet évidemment de souligner que cette décision a empêché Sainz d'attaquer Verstappen en raison des monoplaces se trouvant entre eux, et que la réglementation voulait que la neutralisation dure un tour supplémentaire.

Bien sûr, le Grand Prix se serait alors achevé sous le régime de la voiture de sécurité, et Christian Horner aurait jugé ce dénouement inacceptable : "Cela aurait été la pire fin possible à ce qui avait été une saison formidable. Vu son intensité, qu'elle s'achève sous Safety Car après un accident à deux balles aurait été choquant."

Finalement, Horner voit du positif dans les nombreuses critiques adressées à la FIA et à la Formule 1 depuis décembre. "La F1 reste un sport, mais le sport est un divertissement. Et l'on pourrait affirmer qu'il y a plus de gens qui parlent de la Formule 1 depuis deux mois et demi quand, traditionnellement, elle aurait hiberné. L'audience n'a jamais été si élevée. Chaque promoteur vend tous ses billets. Silverstone essaie de caser plus de sièges et de places en tribunes. Il n'y a jamais eu une telle concurrence pour accueillir un Grand Prix. Alors est-ce que tout va vraiment si mal ?"

Lire aussi :

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Uralkali dénonce la "décision déraisonnable" de Haas
Article suivant McLaren bien aidé par la simplification des règles aéro

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France