Les pilotes veulent pouvoir courir même en cas de COVID
Alors que Sebastian Vettel est le sixième pilote de Formule 1 à avoir manqué un Grand Prix à cause d'un dépistage COVID positif, ses pairs souhaitent pouvoir courir même s'ils sont contaminés.
Sergio Pérez, Lance Stroll, Lewis Hamilton, Kimi Räikkönen, Nikita Mazepin et maintenant Sebastian Vettel. Sur les dix pilotes qui ont été contaminés depuis le début de la pandémie de COVID-19, six ont été contraints de manquer un, voire plusieurs Grands Prix, comme Vettel à Bahreïn.
Si le nombre de décès quotidiens liés à la maladie dans le monde est tombé à environ 5000 il y a une dizaine de jours, ce qui représentait le niveau de mortalité le plus bas depuis le début de l'été 2020, il est remonté à près de 7000 sur la semaine passée. Il n'empêche que les masques tombent dans un certain nombre de pays. Les contaminations liées au variant Omicron sont pourtant restées particulièrement élevées – près de deux millions de cas quotidiens sont actuellement recensés – et il paraît probable que d'autres pilotes subissent le même sort que Vettel cette année, eux qui sont dépistés de manière bien plus régulière qu'une personne lambda.
Or, les pilotes ne sont pas forcément enthousiastes à l'idée de passer une semaine en quarantaine dans le cas d'un COVID asymptomatique, en témoignent les propos de Daniel Ricciardo : "J'aime à penser que si l'on se sent en bonne santé, en forme – éventuellement si l'on doit passer une sorte de test de condition physique pour montrer que l'on est en état de courir – alors peut-être que cela suffit."
Ricciardo a lui-même dû faire l'impasse sur les essais de Bahreïn parce qu'il était contaminé, et il ne cache pas de toute façon qu'il "aurait eu du mal" à piloter sa McLaren : "J'étais K.O." Ce vécu est similaire à celui de Lewis Hamilton fin 2020. "Je n'aurais jamais pu courir quand je l'ai eu", juge le pilote Mercedes. "J'étais très, très malade. Même quand je suis revenu juste à la fin, c'est à peine si je tenais toute la course."
Cependant, Ricciardo n'est clairement pas le seul à souhaiter une évolution des règles afin d'éviter de manquer un Grand Prix. "Le COVID a tellement évolué, vous savez", commente Sergio Pérez. "Je pense que le meilleur juge est soi-même. Comme l'a dit Daniel, il n'aurait probablement pas été en état de courir, mais peut-être qu'il y a d'autres pilotes qui ont le COVID et se sentent bien. Mais la Formule 1 reste très restrictive avec le COVID. Je pense que nous devrions laisser le pilote décider, je crois que nous avons tous couru une fois dans notre vie en se sentant vraiment mal niveau santé, et c'est à nous de juger si nous pouvons courir dans cet état ou simplement pas. Si le pilote se sent à l'aise pour courir comme ça, je ne pense pas que ce soit un problème. Le monde semble être passé à autre chose."
Valtteri Bottas acquiesce : "Je pense aussi que ça devrait être au pilote de décider. Je voterais pour que ce soit autorisé, mais seulement d'une manière qui assure qu'il n'y ait pas de risque de le répandre davantage. Pour quelqu'un qui a le COVID, il devrait certainement y avoir des protocoles supplémentaires pour assurer qu'aucun autre membre de l'équipe ne soit affecté, car chaque personne peut évidemment avoir des symptômes différents, c'est parfois moins risqué, c'est parfois plus risqué. Tel est le point d'interrogation."
"Pour rebondir sur ce qu'a dit Valtteri, s'il y a un sport où je pense que l'on peut concourir sans trop répandre le virus, c'est en F1", précise Carlos Sainz. "Je pense que l'on pourrait faire toutes les réunions dans la chambre d'hôtel, arriver dans le paddock 15 minutes avant la séance en combinaison et casqué pour sauter dans la voiture et démarrer. Personnellement, je trouve que si j'ai le COVID en pleine bataille pour le titre, j'aurai du mal à accepter de manquer une course si je me sens bien et que je suis en pleine forme. Je pense que ce devrait être au pilote de décider."
Les pilotes sont néanmoins soumis comme tout un chacun aux règles en vigueur selon les pays, par exemple un isolement d'au moins cinq jours en cas de dépistage positif en France. Cependant, il est vrai que l'approche vis-à-vis de la pandémie commence à évoluer, mais les pilotes n'y voient pas que du positif.
"Je trouve ça bien de voir que nous commençons, d'une certaine manière, à vivre avec. Mais [le COVID-19] est manifestement encore là", souligne Bottas. "Je pense qu'en fin de compte, c'est principalement une question de bon sens. Du moins, en ce qui me concerne, l'équipe m'a demandé de toujours porter un masque quand je suis en contact rapproché avec quelqu'un. Ça ne fait pas de mal."
"Ma seule inquiétude, comme aujourd'hui, c'est en arrivant dans le paddock, il y avait pas mal de fans qui prenaient des selfies, aucun d'eux ne portait le masque et ils se rapprochaient beaucoup. Je me suis senti mal à l'aise. Bien sûr, je peux prendre mes distances, mais c'est surtout du bon sens. En fin de compte, il faut vivre avec, mais en restant raisonnable." Ricciardo ajoute : "Dans l'avion, je pense que je vais continuer à porter le masque même pendant dix ans après le COVID, c'est sûrement la normale maintenant."
Ainsi, Hamilton estime que la Formule 1 doit soigner son image en conservant le masque. "C'est étrange, le monde s'habitue de plus en plus [au COVID-19], et on le voit de moins en moins aux infos. En fait, je ne vois plus rien à ce sujet aux infos. Mais il est encore là. Et je pense que nous devons tous continuer à prendre des précautions, à porter le masque, à rester en sécurité et à assurer la sécurité des autres. Si nous cessons tous de porter le masque et que quelqu'un l'attrape dans le garage… Tout le monde ne sera pas affecté de la même manière. Certains ne savent même pas qu'ils l'ont, d'autres sont vraiment malades. Mieux vaut ne pas prendre le risque pour l'instant. Et je pense qu'en tant que sport, en termes d'image et de message que nous envoyons aux gens, il est important que nous gardions le masque", conclut le septuple Champion du monde.
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