Il y a 41 ans : Le torchon brûle entre Reutemann et Jones
Le dimanche 29 mars 1981, alors que la pluie tombe sur le circuit de Jacarepaguá, Carlos Reutemann décide d'aller à l'encontre des consignes lui ordonnant de laisser passer son coéquipier Alan Jones. Une déclaration de guerre.
Photo de: LAT Images
Alors que la Formule 1 avait évité de très peu le schisme en signant les premiers Accords Concorde début 1981, en pleine guerre FISA-FOCA, il était déjà l'heure de donner le coup d'envoi de la saison. Si l'on omet le Grand Prix d'Afrique du Sud pirate, un événement 100% FOCA, le premier Grand Prix de l'année a eu lieu à Long Beach et a été dominé par les pilotes de l'équipe Williams avec une victoire du Champion du monde en titre, Alan Jones, devant Carlos Reutemann.
Un résultat qui n'avait rien d'inhabituel puisque les pilotes Williams avaient bouclé les deux dernières manches de la saison 1980 sur un doublé, Jones devant Reutemann. Une année profondément frustrante pour El Lole, qui a dû accepter de jouer les seconds rôles en rejoignant l'équipe et de laisser Jones se battre seul pour le titre.
Ce que le résultat de Long Beach ne nous dit pas en revanche, c'est que l'Argentin circulait devant son chef de file durant la première partie de la course et son pilotage ne laissait pas supposer qu'il allait s'écarter du chemin pour lui offrir la victoire sur un plateau. En fait, l'Australien a dû se jeter sur l'opportunité d'un blocage de roue de Reutemann pour prendre les commandes.
Alors, rébellion passagère ou réelle volonté de renverser l'ordre établi à la signature de son contrat ? Reutemann nous a donné la réponse deux semaines plus tard, au Brésil. Le pilote argentin savait pertinemment que les performances de sa Williams FW07C étaient celles d'une future Championne du monde et, cette fois, il n'allait pas laisser Jones prendre tous les lauriers.
Carlos Reutemann, Williams FW07C
Dans la chaleur de Rio, la pole n'a pas été décrochée par un pilote Williams mais par Nelson Piquet, le régional de l'étape reléguant son plus proche adversaire, Reutemann, à trois dixièmes. En difficulté avec le comportement sous-vireux de sa monoplace, Jones était troisième mais avec plus d'une seconde de retard !
Piquet était tout naturellement le grand favori pour la victoire le lendemain, néanmoins une averse de dernière minute est venue contrarier ses plans. Les stratèges de Brabham avaient parié sur une pluie passagère et avaient donc fait le choix d'envoyer Piquet sur la grille avec des pneus complètement lisses. Bien mal leur en a pris, l'orage a duré et le Carioca a plongé au classement, déroulant le tapis rouge à Williams pour une nouvelle démonstration.
Williams cherche à échanger les positions...
Comme à Long Beach, Reutemann circulait devant Jones, ce dernier prenant son mal en patience en attendant l'intervention de l'équipe. Lorsqu'il est devenu évident que personne n'allait menacer le tandem ce jour-là, Frank Williams a ordonné que l'on présente un panneau "Jones-Reut", indiquant que les positions entre les deux hommes devaient être échangées.
Mais au lieu d'être écouté, le fondateur et directeur d'équipe a été tout simplement ignoré par le pilote argentin. C'était désormais officiel : Reutemann avait décidé de briser ses chaînes de pilote numéro deux, même si le contenu de son contrat était très clair à ce sujet.
Le stand a brandi le panneau quatre fois au total, sans que les ordres ne soient respectés toutefois. Et pour renforcer l'affront, Reutemann s'est permis de signer son meilleur temps personnel (1'54"780) dans l'avant-dernier tour ! Bien sûr, il ne fallait pas s'attendre à voir Reutemann piler juste devant le drapeau à damier, c'est donc en vainqueur qu'il a coupé la ligne avec près de cinq secondes d'avance sur Jones.
Outré par le comportement de son coéquipier, l'Australien ne s'est pas présenté sur le podium pour recevoir son trophée. Et l'heure n'était pas vraiment à la fête pour Reutemann non plus. C'est avec le masque qu'il est monté sur la plus haute marche, probablement parce qu'il savait que ce n'était que le début de la guerre.
Reutemann a eu le nez fin puisque Frank Williams n'a pas attendu bien longtemps pour lui demander des comptes. Le Britannique n'a eu qu'une petite excuse en retour, Reutemann assurant qu'il avait l'intention de ralentir dans le 63e et dernier tour... sauf que le drapeau à damier est tombé à la fin du 62e passage puisque la limite de deux heures avait été atteinte !
La relation entre Jones et Reutemann, qui n'avait jamais été vraiment chaleureuse avant cette course, venait de prendre un virage pour le pire.
Reutemann célèbre difficilement son succès
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