Un double abandon difficile à avaler pour Tech3

La fête que devait être le Grand Prix de France pour Tech3 a été gâchée ce week-end par des performances loin de satisfaire les troupes d'Hervé Poncharal et les deux pilotes de l'équipe, avant une double chute en course comme un dernier coup de massue.

Remy Gardner, KTM Tech3

Remy Gardner, KTM Tech3

Gold and Goose / Motorsport Images

En dépit de l'ambiance festive qui y régnait, le Grand Prix de France aura été un week-end à oublier pour le team Tech3, qui n'y a pas connu d'embellie après un début de championnat éprouvant. L'épreuve s'est terminée sur un double abandon, le premier de l’équipe cette année, Remy Gardner et Raúl Fernández ayant chuté à quatre tours d'intervalle. Dix minutes après le départ, il était déjà l'heure de refermer le chapitre du Mans pour les troupes de Bormes-les-Mimosas.

Tous deux partis de la dernière ligne de la grille, les pilotes Tech3 n'ont pas connu le même début de course, car tandis que Fernández, tout juste de retour de blessure, tentait de doucement prendre son rythme en queue de peloton, Gardner a réussi à rapidement s'approcher de la zone des points. Après trois tours, il était déjà 16e. Sa bagarre contre Fabio Di Giannantonio, lui-même rookie, allait toutefois se terminer par un contact et une chute.

"En sortant du virage 6, j'ai commencé à me placer pour aller dans le 7 et j'étais à ma place mais Di Giannantonio a touché l'avant de ma moto, ce qui [l'a fait cabrer] et l'arrière a décroché. J'ai fait un putain de highside et c'est comme ça que ça s'est fini", a décrit le pilote australien, particulièrement agacé par l'accumulation de chutes qu'il subit actuellement.

Déjà touché à la main gauche à Jerez, c'est cette fois avec une cheville douloureuse qu'il s'est relevé, en plus d'égratignures diverses. "Il y a ma cheville, et puis je me suis brûlé de nouveau. C'est la merde en ce moment, je ne profite pas du tout de la vie. Chaque semaine, j'ai une nouvelle blessure en ce moment. Sincèrement, ça me fatigue vraiment, je veux juste rentrer à la maison", lâchait-il dimanche après-midi au moment de débriefer ce qui aura été un nouveau week-end très en deçà de ses ambitions de Champion du monde Moto2.

Tout aussi abattu par la tournure prise par ce Grand Prix, Raúl Fernández était avant tout contrit après avoir déçu les espoirs de son équipe en chutant lui aussi. "Je suis chanceux, je vais bien, c'est le plus important mais je suis vraiment déçu de moi-même donc je souhaite avant tout m'excuser auprès de l'équipe", a-t-il expliqué. "Avant que je parte, ils m'ont demandé de terminer la course, mais une fois en course j'ai vu le groupe de Morbidelli, Bezzecchi et Dovi et je me suis dit que je ne pouvais pas rouler à 90%, je devais essayer de les rattraper. J'ai trop poussé, j'ai commis une petite erreur et j'ai chuté."

"J'ai vu l'alerte de température, mais j'ai continué à attaquer pour essayer de rattraper ceux de devant. Je me suis dit que je pouvais essayer, mais j'ai commis une petite erreur en freinant un peu tard, j'ai essayé de prendre plus d’angle avec une température de pneu plus élevée et j'ai perdu l'avant."

"Pas loin de la catastrophe"

Décrivant "un week-end à oublier", Hervé Poncharal a admis avoir du mal à encaisser ce double abandon de ses jeunes pilotes, "désolé de ne pas avoir pu faire mieux devant [son] public". "Pour votre Grand Prix national, et même si vous n'avez pas de pilotes français, voir vos deux pilotes dans le bac à gravier avant le dixième tour, c'est difficile à avaler", a-t-il admis auprès du site officiel du MotoGP.

"Nous ne sommes pas loin de la catastrophe car ce n'est pas très fréquent que les deux pilotes tombent", a observé le patron français en toute franchise. "C'est dommage car je pense que Remy Gardner faisait du bon boulot. Il était 16e quand il est tombé, et c'était l'un de ses meilleurs départs depuis le début de la saison. Ce week-end a été plutôt positif pour lui car ses sensations sur la moto et ses chronos se sont améliorés. Raúl Fernández a fait son retour après sa mauvaise blessure au poignet et il avait encore très mal sur la moto, mais il voulait quand même courir. Il se sentait bien, mais il a été trop ambitieux en essayant de rattraper les autres pilotes et il a fini par tomber."

Raul Fernandez, KTM Tech3

Raúl Fernández

Ce double abandon vient assombrir un peu plus encore un début de championnat avare en satisfactions pour Tech3, et plus globalement pour le clan KTM qui s'est écroulé après deux premières manches très prometteuses. Une seule RC16 a vu l'arrivée dimanche au Mans, celle de Brad Binder, après un week-end qui aura été difficile dans son ensemble comme l'avait déjà illustré le fait qu'aucune KTM ne s'était qualifiée plus haut que 17e.

Si les projecteurs ont surtout été braqués sur la lourde déception du clan Suzuki, frappé par la fin prochaine de son programme dans les quelques jours qui ont précédé Le Mans, le groupe autrichien n'était assurément pas à la fête en Sarthe, Remy Gardner ayant même décrit la morosité ambiante et un constructeur "un peu perdu".

"Chaque équipe et chaque pilote pousse pour que le département de course de son constructeur continue de travailler et apporte des évolutions car le développement n'arrête jamais", a toutefois rappelé Hervé Poncharal en appelant à un peu de patience. "C'est une lutte de chaque semaine et il est certain que tout le monde travaille dur. Chez KTM, ils savent que le MotoGP est une catégorie difficile, ils savent où nous nous situons. Nous avons obtenu de très bons résultats en début d'année avec Brad et Miguel [Oliveira] et il faut aussi s'en rappeler. Nous avons été compétitifs, Miguel a gagné une course, Brad a fini sur le podium au Qatar."

"Nous avons besoin de rester unis, de passer les bons messages aux ingénieurs, de développer la moto. Nous ne pouvons pas avoir une attitude négative. Je dis toujours que si on veut voir le verre à moitié vide, on ne peut que s’enfoncer. Il faut le voir plein, travailler ensemble, croire en nous et conserver une bonne atmosphère dans l'équipe et avec le team officiel. C'est comme ça qu’il faut faire. D'autres constructeurs ont aussi du mal, ce n'est simple pour personne. Ce n'est pas simple pour nous mais on n'est qu'à la septième manche, il y a encore plein de courses à faire. Oui, nous parlons aux ingénieurs, ils savent que nous ne sommes pas les plus compétitifs mais on est là."

Avec Charlotte Guerdoux

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