Ducati au sommet : "La concurrence a du souci à se faire"

Après avoir conclu la saison en force, les pilotes Ducati saluent le travail réalisé en commun par tout leur groupe, mais aussi la capacité à aller chercher dans les réglages, plus que les développements, les sources de leurs progrès. Qui doit s'inquiéter pour 2022 : la concurrence à l'idée que ce niveau soit maintenu, ou eux-mêmes si Ducati fait fausse route avec sa nouvelle moto ?

Francesco Bagnaia, Ducati Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Jack Miller et Pecco Bagnaia ont quitté cette année l'équipe Pramac pour former le nouveau binôme du team d'usine Ducati, remplacés dans la formation satellite par Johann Zarco et Jorge Martín. À eux quatre, ils ont mené la version 2021 de la Desmosedici sept fois à la victoire et 11 fois à la pole position, sur un total de 22 podiums et 29 qualifications en première ligne.

La moto italienne a vaillamment défendu ses chances dès le début du championnat, mais c'est surtout au retour de la pause estivale que les résultats se sont emballés. Au classement final de la saison, Ducati aura placé trois pilotes dans le top 5 du championnat et remporté les titres constructeurs (avec également la contribution d'Enea Bastianini sur la moto 2019) et équipes.

Si la concurrence n'a pas caché son inquiétude en cette fin de saison, les premiers concernés eux-mêmes ont constaté les gros progrès réalisés sur la moto et les perspectives que cela offre pour l'avenir. Notoirement peu maniable, la Ducati ne prend plus les virages à l'équerre comme cela a pu très longtemps être le cas, mais ils la sentent au contraire particulièrement redoutable dans cette phase, ce qui a permis de gagner en fluidité tout au long du tour.

Après une victoire déjà étonnante à Jerez en début de championnat, c'est sur une autre piste historiquement défavorable à Ducati que le coup de massue est arrivé, avec un triplé aux qualifications de Valence suivi par un autre triplé, inédit, à l'arrivée de la course. De quoi entériner le nouveau caractère que s'est forgé la Desmosedici et décupler les craintes des adversaires.

"Je suis content de faire partie de ce podium qui écrit une page d'Histoire", a commenté Miller à l'arrivée, dimanche. "C'est fantastique pour [Ducati] et pour l'équipe, fantastique pour tous les ingénieurs parce qu'ils ont énormément travaillé. Si on remonte à 2011, 2012, 2013, 2014, etc, l'historique des difficultés avant d'en arriver là, avec autant de motos si bonnes, est long. Quand j'ai rejoint le MotoGP en 2015, si on m'avait dit 'Veux-tu monter sur une Ducati ?', ça aurait été 'Vraiment ?'… Mais maintenant, tout le monde veut être sur une Ducati !"

"Chacun a eu son rôle"

D'une même voix, Miller et Bagnaia ont tenu à souligner que ces progrès étaient le fruit du travail commun des ingénieurs et de tous les pilotes impliqués dans le développement au cours des années, y compris ceux qui n'ont pas couru dans l'équipe officielle. Notant que les pilotes Pramac sont eux aussi "très sensibles à tous les niveaux" et que "tout le monde a les mêmes sensations avec toutes les nouveautés", Bagnaia a fait noter que le renouvellement du line-up a, selon lui, été bénéfique à Ducati, qui plus est dans un contexte de gel du développement qui a forcé à aller chercher les améliorations dans les réglages.

"Tous les pilotes Ducati ont fait un travail incroyable cette année. On a développé une moto qui avait déjà un an", a-t-il rappelé. "Peut-être que Ducati a un peu changé d'idée cette année avec nous. On est tous plus jeunes, alors je crois qu'on a commencé à travailler un peu différemment. Depuis le début, rien n'a changé sur la moto, elle est restée la même, mais les réglages sont différents et ça nous a beaucoup aidés à être plus compétitifs."

"Ce qu'on a changé, je pense, c'est qu'une moto qui ne tournait pas est aujourd'hui une moto qui tourne. Maintenant, notre moto est incroyable. Cette année, on a beaucoup travaillé avec tous les pilotes et on a rendu cela possible. Avec un état d'esprit différent, on a changé une moto qui était difficile et qui est maintenant devenue très compétitive. Je pense que les pilotes qui utilisent la Ducati sont incroyables, on forme une super équipe."

Peut-être que Ducati a un peu changé d'idée cette année avec nous. On est tous plus jeunes, alors je crois qu'on a commencé à travailler un peu différemment.

Pecco Bagnaia

Jack Miller sait aussi bien que son coéquipier quelle peut être la part des pilotes Pramac dans ce travail de fond, et lui aussi a jugé les résultats redevables à tout le groupe : "Il y a eu beaucoup de monde chez Ducati ces dernières années. Il n'y a pas une part qui revient à quelqu'un en particulier. C'est un groupe, impliquant aussi tous les ingénieurs, qui discute des informations. Je ne pense pas que ça vienne d'une seule personne."

"Tout le monde travaille sur les mêmes choses", a poursuivi l'Australien. "Il y en a un qui peut voir du négatif, un autre du positif qui compense le négatif. Ça fonctionne très bien dans ce groupe, dans notre façon de parler et de communiquer ensemble à propos des nouveautés qui arrivent et du développement de la nouvelle moto. On se sert beaucoup des pilotes Pramac, je le sais pour y avoir été, et ça a été le cas encore cette année avec le développement de la prochaine moto. Je pense que la clé, c'est la façon dont on travaille et dont tout le groupe fonctionne. On ne peut pas l'attribuer à un seul individu : il y a tout un processus, qui passe par les essais, de Michele [Pirro], jusqu'à nous. Je pense que chacun a eu son rôle."

Jack Miller, Ducati Team

Jack Miller

Si les progrès n'ont pas été apportés par de grandes évolutions, n'est-ce pas justement le fait d'avoir pu exploiter à fond un modèle sur deux saisons qui a permis d'en tirer à ce point tout le potentiel ?

"C'est sûr qu'on a progressé, mais de là dire que la moto a changé ou qu'il y a eu quelque chose de fondamental... Si vous pouviez voir ça de l'intérieur, vous verriez qu'on n'a pas changé tant de choses", a repris Miller. "On a travaillé de plus en plus. [À Valence], pour la première séance on a mis les mêmes réglages que l'an dernier ; ça ne fonctionnait pas du tout, alors on est immédiatement revenus à ce qu'on a utilisé à Portimão et toute l'année, et le boulot était fini. On n'a pas vraiment touché à la moto, à part quelque clics ici et là."

"Je pense qu'on est tous très à l'aise sur cette moto, qu'on a trouvé un package qui fonctionne et qu'on n'a pas à l'ajuster à chaque week-end. Ça fonctionne à merveille et je pense que c'est surtout [dû à] ça, au fait d'être resté longtemps sur la même moto parce qu'on l'a eue deux ans. Mais le modèle 2022, faites-y attention !" a malgré tout prévenu l'Australien.

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Le modèle 2022 va se montrer dès demain, lors du test d'intersaison de Jerez, mais les pilotes en ont déjà eu un aperçu. C'est ce qui explique que Miller ne soit pas inquiet à l'idée que Ducati puisse risquer de gâcher le niveau atteint : "Je n'ai pas la moindre inquiétude. On a testé plusieurs choses et des pièces pour 2022 au test de Misano. Et mon opinion sincère, c'est que c'était mieux pour chaque élément, donc la concurrence a du souci à se faire pour l'an prochain parce que ça sera une grosse [évolution]."

Ravi de voir les performances qu'a pu produire la Ducati dans une année où les développements profonds n'étaient pas permis, compte tenu du gel mis en place face à la crise sanitaire, Bagnaia espère pour sa part que la tournure des choses va désormais faire réfléchir la direction en vue de 2022.

"J'espère que la moto de l'année prochaine sera simplement meilleure que celle-ci. Celle-ci est déjà parfaite à l'heure actuelle, mais juste parce qu'on l'a fait beaucoup progresser. Je crois que Ducati doit y réfléchir, parce qu'avec la même moto on était plus en difficulté l'année dernière, et cette année pendant la dernière partie de la saison on était tout le temps compétitifs en qualifs et en course. Je pense donc qu'il ne faut peut-être pas changer trop de choses", a suggéré l'Italien, "mais je suis certain que si Gigi [Dall'Igna] et tous les ingénieurs ont décidé de faire quelque c'est parce que c'est mieux, alors je n'ai pas peur de ce qui nous attend jeudi."

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

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