Alpine : "On ose des choses qu'on n'osait pas auparavant"

Bruno Famin voit l'équipe Alpine enhardie à la suite de la restructuration qui a eu lieu cette année.

Esteban Ocon, Alpine A523

Sur le papier, la saison 2023 d'Alpine a été plutôt médiocre. La structure d'Enstone n'a marqué que 120 points en 22 Grands Prix, contre 155 puis 173 lors des deux saisons précédentes ; de plus, son année a été marquée par une instabilité remarquable dans l'équipe dirigeante. Le PDG Laurent Rossi, le directeur d'équipe Otmar Szafnauer et le directeur sportif Alan Permane ont été écartés de leurs responsabilités à l'été, tandis que le directeur technique Pat Fry a pour sa part choisi de rejoindre Williams.

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Directeur d'équipe par intérim depuis lors, Bruno Famin est présent dans l'écurie depuis près de deux ans désormais puisqu'il était arrivé à la tête du département moteur en février 2022. La sixième place obtenue au championnat des constructeurs ne le satisfait évidemment pas, mais le technicien français voit du positif dans la situation actuelle, notamment au niveau de l'état d'esprit.

"La vérité est que nous ne sommes pas là où nous voulions être, assurément. C'est très clair", reconnaît Famin. "Mais je pense qu'avec les changements que nous avons faits à la mi-saison, nous avons libéré du potentiel dans le personnel : je pense que les gens sont bien plus libres de faire des propositions, des améliorations. C'est particulièrement vrai côté piste, où j'ai immédiatement vu un changement d'état d'esprit. Par exemple, nous avons promu Rob Cherry [team manager, ndlr] et Jason Milligan [mécanicien en chef], ils font du très bon travail pour proposer des améliorations, pour assurer que leurs hommes proposent aussi des choses."

"Je pense que tout ce potentiel était un peu enfermé jusqu'à fin juillet. C'est vrai pour le garage, c'est aussi vrai pour l'ingénierie piste, c'est vrai pour la stratégie, et nous osons des choses que nous n'osions pas auparavant." Il précise : "Je pense qu'il faut toucher à tout. Personne n'osait. Je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas psychologue, je ne veux pas entrer dans les détails à ce sujet."

"Nous produisons plus de pièces, nous utilisons davantage le potentiel de la voiture, nous en avons tiré davantage. Et je suis très content de cet état d'esprit. Bien sûr, la voiture n'est toujours pas celle que nous aimerions. Mais nous avons marqué plus de points par course en seconde moitié de saison que lors de la première [4,08 puis 6,10 points par course, sprints non compris, ndlr], et nous devons continuer à travailler dur pour accélérer cette lancée."

Bruno Famin, directeur d'Alpine Motorsports

Bruno Famin, directeur d'équipe par intérim chez Alpine F1 Team

Face à des top teams toujours puissants en dépit des mesures prises pour resserrer la hiérarchie – plafond budgétaire, handicap aéro – Famin a conscience que la tâche est dure pour Alpine mais est convaincu que le succès est malgré tout à la portée de l'écurie.

"Ce qui est sûr, c'est que pour être performant à un tel niveau de compétition, il faut utiliser le potentiel de tout le monde, et il faut aligner les planètes", poursuit-il. "Il fait savoir extraire la performance de la voiture, savoir développer la voiture, savoir développer le moteur. Même si on n'a pas forcément le meilleur moteur ou la meilleure voiture, je pense qu'on peut aligner les planètes pour avoir une bonne voiture en fin de compte et faire de bons résultats. Bien sûr, ce ne sera pas pour demain, mais nous travaillons maintenant pour aligner les planètes."

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Dans cette optique, il est crucial de parfaire la collaboration entre le site châssis à Enstone (Angleterre) et le département moteur à Viry-Châtillon (France) – particulièrement dans le contexte de la prochaine ère moteur qui débutera en 2026, laquelle verra la puissance électrique de l'ERS portée à 350 kW (environ 470 ch).

"Ce lien semble être une faiblesse, et nous devons en faire une force. Et c'est une force, car nous n'avons pas de compromis à faire : nous avons une seule voiture à optimiser, une unité de puissance à intégrer, et nous allons le faire. Je suis convaincu que nous serons capables de le faire pour la monoplace de la génération 2026. Nous l'avons déjà fait : la génération 2022 représente un grand pas en avant, le moteur a été développé avec le turbo séparé afin de faciliter l'intégration de l'unité de puissance, c'était vraiment lié à la spécification de la voiture. Je suis sûr que la génération 2026 représentera un autre pas dans cette direction", conclut Famin.

Propos recueillis par Adam Cooper

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