Le manifeste des pilotes pour améliorer la Formule 1
Plusieurs pilotes de Formule 1, dont les quadruple et quintuple Champions du monde Sebastian Vettel et Lewis Hamilton, ont dévoilé les changements qu'ils aimeraient voir pour améliorer le spectacle en Grand Prix.
Photo de: Mark Sutton / Motorsport Images
Il y a quelques jours, Lewis Hamilton a fait pression sur les instances dirigeantes après un Grand Prix de France qui a manqué de spectacle, et a critiqué l'avancée de la réglementation prévue pour 2021. Depuis lors, Ross Brawn (manager sportif de la F1) a déclaré que les pilotes devaient être impliqués dans la prise de décision pour l'avenir. Ainsi, dans le paddock du Red Bull Ring le week-end dernier, il a été demandé à la plupart d'entre eux d'identifier les domaines clés où il faudrait du changement.
Des monoplaces plus lentes, plus simples
Le dernier changement majeur de réglementation technique, en 2017, a engendré les Formule 1 les plus rapides de l'Histoire. Cependant, Max Verstappen estime que même s'il est "super de battre des records du tour", s'en éloigner pourrait avoir du sens.
"Aller une ou deux secondes moins vite mais pouvoir se suivre d'un peu plus près, ce serait génial", indique le Néerlandais. "Ce n'est pas juste purement lié à la voiture, car je pense ausi que les pneus surchauffent trop et qu'on commence alors à trop glisser. C'est une combinaison de la voiture, où il faut trouver une manière différente de créer l'appui aérodynamique pour rouler plus près les uns des autres, et des pneus."
"Et l'écart entre les moteurs reste trop grand, donc il faudrait le réduire un peu en les rendant moins complexes. Je comprends qu'il faille garder les moteurs hybrides, mais je pense que ça peut être mieux fait."
Des pneus qui permettent d'attaquer
Hamilton fait partie des nombreux pilotes selon qui l'un des facteurs cruciaux est une gomme qui permette d'attaquer au lieu de devoir économiser les pneus pour accomplir une stratégie à un arrêt. Cependant, la tentative de revenir aux pneus 2018 en cours de saison (en partie afin de mettre un terme à la suprématie de Mercedes mais aussi pour améliorer le spectacle) était d'après lui une mauvaise idée.
"L'an dernier, il fallait gérer les pneus à une certaine température, ce qui signifie qu'il fallait davantage de lift-and-coast, il y avait plus de cloques, c'était bien pire", se rappelle le Britannique. "On ne pouvait pas faire ce que j'ai pu faire lors de la dernière course, ou même à Montréal, où j'ai pu attaquer derrière Seb pendant tous ces tours."
"C'est un nouvel exemple d'équipes qui préconisent des choses différentes pour leurs intérêts personnels et non celui de la F1. Il nous faut aller davantage dans la direction du pneu qui fonctionnait très bien à Montréal. Si nous pouvons avoir plus de courses où nous pouvons pousser le pneu plus longtemps avec même moins de dégradation que le pneu de Montréal n'en a eu, je pense que ce sera un bon pas en avant."
Un changement de concept radical
La Formule 1 a retardé la finalisation de sa réglementation technique pour 2021 au mois d'octobre, et Nico Hülkenberg estime qu'il faut complètement changer de concept : "Le plus grand sujet est d'établir la réglementation aéro de la bonne manière afin d'avoir de bonnes courses, serrées, propres. Il faut des voitures qui sont bien moins sensibles et qui produisent bien moins de traînée et de turbulences. Comment le faire est une autre question. Ils veulent que les ailerons produisent moins de grip et le fond plat davantage."
"Je sens que c'est pire que jamais, à vrai dire. Même si on est vraiment proche [de la voiture devant], peut-être à cinq dixièmes. Si le gars devant fait un travers et commet une erreur, la soudaine perte d'adhérence que l'on connaît est parfois drastique. On n'a simplement pas d'autre choix que de lever le pied, sinon on sort de piste. C'est vraiment comme si le sol se dérobait sous nos pieds."
Des règles plus simples
Après sa pénalité controversée au Canada, Sebastian Vettel a affirmé que la Formule 1 n'était plus la même que lorsqu'il en était "tombé amoureux". Vettel a déjà plaisanté en disant que la meilleure solution était de "brûler le règlement et le reprendre de zéro", mais ajoute très sérieusement que des règles plus simples sont nécessaires pour améliorer les courses.
"Nous avons énormément de règles qui tentent de mettre par écrit ce que l'on ne peut simplement pas mettre par écrit", juge-t-il. "C'est un peu le désordre. Je ne vois pas d'autre sport où au cas par cas, c'est exactement pareil. Je pense que c'est toujours un peu différent, et particulièrement dans notre sport, je trouve ça très difficile de prévoir chaque scénario possible par écrit et de déterminer une règle à ce sujet. Il faut donc simplifier et donner aux pilotes la liberté de se battre. C'est ce que j'aimerais."
Éliminer la dépendance au DRS
Lando Norris a été impliqué dans la bataille la plus passionnante du Grand Prix de France, quand il a été dépassé au dernier tour par Daniel Ricciardo, Kimi Räikkönen et Nico Hülkenberg. En proie à un problème hydraulique, le pilote McLaren a été tassé hors piste par Ricciardo à la chicane, ce qui lui a coûté ces trois places.
Selon Norris, ceux qui appellent à ne pas emprunter la chicane du Circuit Paul Ricard ont tort, car la course serait "encore plus ennuyeuse" et cette bataille du dernier tour n'aurait pas eu lieu : "Il y aurait juste une énorme zone DRS où il serait vraiment facile de dépasser. Si l'on se bat contre quelqu'un, on veut justement se battre et non attendre que ses pneus perdent en performance avant de le doubler en ligne droite. On veut s'amuser, roue contre roue, à qui freinera le plus tard, à qui prendra le mieux le virage, ces choses-là."
Prendre exemple sur le milieu de tableau
D'après Sergio Pérez, la Formule 1 n'est pas en "crise" mais l'intérêt du public s'estompe assurément, et l'"incroyable" bataille du milieu de tableau devrait se faire à l'avant de la grille. Les 36 points d'avance dont jouit Lewis Hamilton sur son coéquipier Valtteri Bottas en tête du championnat couvrent actuellement tous les pilotes de Pierre Gasly, sixième, à Romain Grosjean, 17e.
"Le problème, c'est plutôt les top teams, la différence qu'il y a", analyse Pérez. "Je pense que le peloton entier devrait être bien plus proche, il faut donner des opportunités égales à tout le monde et avoir davantage d'équipes capables de gagner."
Quant à Romain Grosjean, il affirme que les pilotes sont "les seuls" à savoir "ce qu'il faut ou non pour avoir de meilleures courses et une meilleure sensation dans la voiture". Le pilote Haas est d'accord pour dire que le peloton doit être resserré : "Lors des 80 derniers Grands Prix, il y a eu peut-être Pérez une ou deux fois sur le podium. Le reste, c'est soit rouge [Ferrari], soit argent [Mercedes], soit bleu [Red Bull]." Sur ces 80 dernières courses, soit depuis le Grand Prix de Hongrie 2015, l'on dénombre quatre podiums de Pérez avec Force India, un de Massa et Stroll pour Williams, et... un de Grosjean, chez Lotus, en Belgique cette année-là.
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