Mercedes aurait-il perdu l'appel contre le GP d'Abu Dhabi 2021 ?
Une décision rendue par la Cour d'appel de la FIA dans le cadre d'une épreuve de GT laisse entendre que l'équipe Mercedes F1 aurait pu perdre en appel concernant la controverse liée au Safety Car du GP d'Abu Dhabi 2021.
À la suite d'une controverse similaire à celle du Grand Prix d'Abu Dhabi 2021 de F1 sur l'utilisation de la voiture de sécurité lors d'une épreuve de l'International GT Open à Spielberg en septembre, la Cour d'appel internationale (CAI) de la FIA a jugé qu'il serait erroné d'annuler le résultat final d'une course au motif d'une erreur commise par le directeur de course.
Même s'il est toujours difficile de raisonner à rebours et rétroactivement, notamment parce que cette décision a aussi pu être prise avec Abu Dhabi 2021 en tête, cette affaire paraît illustrer le type de raisonnement que la CAI aurait adopté si Mercedes était allé au bout de son appel après l'épreuve d'Abu Dhabi.
Lors de la finale de la saison 2021, le directeur de course Michael Masi n'avait pas suivi le règlement au moment de relancer la course après une période de Safety Car, afin de faire reprendre l'épreuve pour un seul tour. Max Verstappen, qui était auparavant rentré pour chausser des pneus neufs et plus performants, a pu dépasser Lewis Hamilton au cours de ce dernier tour et remporter le Championnat du monde.
Après la course, Mercedes a déposé deux réclamations. La première soutenait que Verstappen avait dépassé Hamilton sous voiture de sécurité et la seconde que Masi n'avait pas respecté le règlement car toutes les voitures à un tour n'avaient pas été autorisées à revenir dans le tour leader et que la course avait été relancée dans le même tour alors que le règlement précisait qu'il aurait fallu attendre encore un tour. Les deux protestations avaient été rejetées.
Mercedes avait alors déposé une notification d'intention d'appel pour la seconde décision, l'équipe ayant ensuite 96 heures pour prendre une décision finale sur la poursuite ou non de la procédure, une période qui s'étendait jusqu'à la remise des prix du gala de la FIA, où Verstappen devait recevoir le trophée du championnat du monde.
Max Verstappen avec le trophée de Champion du monde F1 au gala FIA 2021.
Dans le même temps, la FIA a confirmé la mise en place d'une commission chargée de réexaminer les événements de la course et, à l'approche de la remise des prix, Mercedes a finalement décidé de ne pas faire appel.
Dans un communiqué, l'équipe a écrit : "Avec Lewis, nous avons mûrement réfléchi à la manière dont répondre aux événements survenus au dernier Grand Prix de la saison de Formule 1. Nous avons toujours été guidés par notre amour de ce sport et nous croyons que chaque compétition devrait être remportée à la régulière. Lors de la course de dimanche, nombreux ont eu le sentiment – nous compris – que la manière dont les choses se sont déroulées n'était pas correcte."
"La raison pour laquelle nous avons porté réclamation contre les résultats de la course de dimanche est que la réglementation de la voiture de sécurité a été appliquée d'une nouvelle manière qui a affecté le résultat de la course, alors que Lewis disposait d'une avance dominatrice en tête de la course et était parti pour remporter le Championnat du monde."
"Nous avons fait appel dans l'intérêt de l'équité sportive et sommes depuis lors dans un dialogue constructif avec la FIA et la Formule 1 afin de créer de la clarté pour l'avenir, de sorte que tous les concurrents connaissent les règles sous lesquelles ils courent et la manière dont elles sont appliquées."
Concernant l'enquête lancée par la FIA, Mercedes avait ajouté vouloir "travailler activement avec cette commission pour bâtir une meilleure Formule 1 – pour toutes les écuries et tous les fans qui aiment ce sport autant que nous. Nous considérerons la FIA responsable de ce processus et retirons notre appel (sic) par la présente".
Lewis Hamilton et Christian Horner se serrant la main après le GP d'Abu Dhabi 2021.
L'affaire de la course de GT en Autriche impliquait également la voiture de sécurité, bien qu'elle se soit déroulée de manière légèrement différente.
Après une période de neutralisation, le restart s'est déroulé dans le mauvais ordre et, une fois l'épreuve terminée, l'équipe Motopark a déposé une réclamation, demandant que le résultat soit modifié ou annulé. Cette réclamation, comme à Abu Dhabi, a été rejetée par les commissaires de course.
L'équipe a alors fait appel, et cet appel a ensuite été entendu par le tribunal de la fédération espagnole. Les juges ont pris le contre-pied des commissaires et ont annulé le résultat près d'un mois après l'événement. Une autre équipe, Optimum Motorsport, a alors contesté cette décision en portant l'affaire devant la Cour d'appel internationale. L'affaire a été examinée au début du mois dernier, et le verdict et l'explication ont été rendus cette semaine.
En substance, la CAI a soutenu le jugement initial des commissaires et a annulé la décision de la juridiction espagnole, rétablissant ainsi le résultat de la course tel qu'il avait été publié le dimanche soir. En conséquence, les pilotes Optimum McLaren, Sam De Haan et Charlie Fagg, ont été déclarés champions à la place des pilotes Eastalent Racing Audi, Christopher Haase et Simon Reicher.
De Haan et Fagg ont remporté le titre en GT Open après appel.
La Cour d'appel a bien noté que "le directeur de course a commis une infraction au règlement", mais dans une explication détaillée qui fait référence à des affaires antérieures et à tous les règlements applicables, elle a déclaré que "la cour décide donc que ni les commissaires ni la NCA [la cour nationale espagnole] n'avaient le pouvoir d'annuler la course".
La CAI a noté que le règlement lui permettait de modifier ou d'annuler le résultat d'une course, mais elle a également souligné qu'un tel pouvoir "doit être utilisé dans des circonstances très restreintes", ajoutant que "le principe de 'l'équité sportive' ancré dans l'article 1.1.1 du Code [Sportif International], qui qualifie ce principe de 'fondamental', doit être au centre de la décision de la cour".
De manière significative, il est ajouté que "si [la cour] utilise son pouvoir spécifique d'annuler ou de modifier le classement, suite à la violation commise par le directeur de course, elle essaierait de rectifier une situation injuste en créant une autre situation injuste".
La CAI a donc conclu que "sur la base de l'équilibre des intérêts, la cour décide qu'elle doit rétablir le classement de la course et qu'elle ne doit pas utiliser son pouvoir spécifique pour annuler ou modifier le classement".
Bien qu'il n'y ait aucune garantie que la Cour d'appel internationale soit parvenue à une conclusion similaire après Abu Dhabi (en premier lieu parce que les faits sont différents) – ce qui aurait confirmé que les commissaires de la FIA avaient raison de laisser le résultat tel qu'il était le dimanche – cette affaire donne une indication de la manière dont elle aurait sans doute abordé l'affaire.
Elle suggère également que tout appel futur, si des circonstances similaires se produisent à nouveau dans une épreuve de F1, ne sera pas couronné de succès.
Même si cela ne change rien à la décision finale, il est en revanche intéressant de noter que, toujours dans cette décision concernant le GT, l'idée selon laquelle le directeur de course dispose dans l'utilisation du Safety Car d'un contrôle total et puisse outrepasser certaines autres règles n'a pas été validée par la Cour : "La cour rejette les conclusions de l'appelant selon lesquelles le directeur de course n'a pas commis de violation du Règlement et du Code, mais a simplement fait usage de son 'autorité prépondérante' pour appliquer les règles relatives à la voiture de sécurité en fonction des circonstances de la course."
"La cour estime qu'indépendamment de toute circonstance, le Règlement et le Code doivent être pleinement appliqués non seulement par les concurrents, mais aussi par les officiels de course. En d'autres termes, l''autorité prépondérante' du directeur de course en ce qui concerne la gestion de la voiture de sécurité n'est pas une carte blanche qui lui permettrait de modifier les règles lorsqu'il le juge nécessaire."
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