Gresini a eu peur que Marc Márquez ne vienne pas
Entre le premier contact et la signature du contrat de Marc Márquez, l'équipe Gresini a alterné entre espoir et incertitude, craignant parfois que le rêve puisse s'envoler.
Nadia Padovani a voulu donner à la présentation la touche qu'elle souhaite pour la saison de son équipe : rock. Dans une boîte de nuit mythique de la côte adriatique, dans laquelle elle venait danser dans sa jeunesse, l'ambiance était sans doute plus techno que rock, mais qu'à cela ne tienne. La patronne de Gresini Racing a vécu ce qui est certainement le moment le plus puissant de l'histoire actuelle de l'équipe italienne, qui depuis trois ans avance sans son fondateur et dans un programme d'un nouveau genre.
Devenue l'une des équipes satellites les plus en vue du championnat, solidement implantée dans le groupe Ducati, Gresini a réalisé un coup de maître en recrutant le pilote le plus titré du plateau actuel. Les projecteurs étaient donc braqués sur cette scène de Riccione samedi soir lorsque Marc Márquez est apparu pour la première fois dans la combinaison portant le nom de l'équipe italienne.
"Nous avons déjà gagné", a jugé Nadia Padovani en prenant le micro. "En tant qu'équipe indépendante, accueillir un pilote huit fois Champion du monde… Nous aurons dix titres mondiaux dans notre équipe, nous n'aurions jamais imaginé réaliser quelque chose d'aussi important."
Álex Márquez, dont le palmarès affiche deux titres en Moto3 et Moto2, est déjà un membre phare de l'équipe depuis l'an dernier et, malgré une saison quelque peu irrégulière, il a su rapidement montrer sa vitesse au guidon de la Ducati. L'associer à son frère, huit fois titré en Grand Prix, était de ces rêves qu'aucune formation satellite n'ose formuler, et pourtant l'opportunité s'est présentée…
"Nous avons été contactés", explique Nadia Padovani. "Marc avait un contrat avec Honda, ça n'était pas évident qu'ils le laissent partir. Nous avons voulu l'attendre et nous en sommes arrivés au mois d'octobre, où l'espoir était minime, mais nous nous sommes tenus à cette ligne avec force."
Photo de: Gresini Racing
Nadia Padovani a réussi à réunir les frères Márquez dans son équipe.
"Je peine encore à y croire", admet Carlo Merlini, ancien bras droit de Fausto Gresini resté dans l'équipe en qualité de directeur commercial. "Parfois, je m'amuse à refaire le film, depuis les tous premiers coups de fil avec le management d'Álex et Marc, jusqu'à la signature et l'annonce en Indonésie, avec toutes les étapes intermédiaires. Comme vous pouvez l'imaginer, cela a été une alternance de moments d'euphorie et de moments où les choses ne semblaient pas si faciles."
"Nous avons commencé à rêver et les rêves sont vraiment le moteur de tout, c'est ce qui mène à ce que de grandes choses se réalisent. Sauf que ce rêve commençait à nous plaire et nous étions presque terrorisés à l'idée de nous réveiller un jour et d'ouvrir les yeux sur une réalité qui n'était pas celle que nous avions rêvée. Nous voulions être ce genre de rêveurs qui, avec des efforts, de l'investissement et de la passion, font que les choses se réalisent vraiment. Et c'est ce qui s'est passé. Pour nous tous, cela a été un voyage, très beau émotionnellement. Parfois, quand on se retrouve avec Nadia, Luca [Gresini] et Michele [Masini], on se regarde et on se dit 'Imaginez si on n'avait pas essayé ?'."
Ce rêve commençait à nous plaire et nous étions presque terrorisés à l'idée de nous réveiller un jour et d'ouvrir les yeux sur une réalité qui n'était pas celle que nous avions rêvée.
"Ça a été une décision super difficile, c'est la raison pour laquelle ça a pris du temps", explique quant à lui Marc Márquez, qui a fini par demander à Honda la rupture de son contrat début octobre. Le but : retrouver le plaisir du pilotage et redonner de l'élan à sa carrière alors qu'il a cumulé les difficultés depuis 2020.
"Je sens que je peux me battre pour le top 5 ou 6, alors j'ai décidé de prendre cette direction pour faire durer plus longtemps ma carrière. La facilité aurait été de rester chez Honda, j'aurais eu moins de pression, plus d'argent sur mon compte en banque et beaucoup d'autres choses, mais ça n'est pas l'objectif. Je suis très reconnaissant envers Honda et je le redis, j'espère que nos chemins se croiseront à nouveau à l'avenir", rappelle-t-il néanmoins, ne laissant aucune illusion quant au fait que son association avec Gresini puisse s'inscrire dans la durée.
Mais pour le moment, il est là et bien là, et il a fait ses premiers pas officiels dans son nouvel environnement. Désormais, l'impatience se fait sentir et Nadia Padovani n'attend qu'une chose, voir ses motos en piste et assister à ce que Marc Márquez parviendra à réaliser sous les couleurs de Gresini Racing. Portée par l'énergie et l'enthousiasme que chacun dans l'équipe décrit, mais réaliste aussi quant au talent de son nouveau pilote, elle a clairement fait savoir qu'elle s'attendait à le voir se battre pour le titre, n'accordant que peu d'attention à la prudence que le #93 s'obstine à exprimer.
"C'est complètement normal", répond Márquez à ces commentaires. "Quand le team Gresini prend un pilote, c'est parce qu'ils pensent qu'il peut être compétitif, sinon ils ne le prendraient pas. Ils ont pris un gros risque aussi et ils ont attendu ma décision jusqu'en octobre. Et ils ont pris ce risque parce qu'ils pensent que je peux être compétitif, c'est normal. Moi aussi, je veux être bon mais je veux aborder les choses calmement."
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