Pol Espargaró a vu le MotoGP devenir plus "stressant"

Saison après saison, Pol Espargaró a professionnalisé son approche du MotoGP et a vu la catégorie devenir plus exigeante, physiquement comme mentalement. L'Espagnol, désormais passé à un rôle de pilote essayeur, prédit des carrières de plus en plus courtes.

Pol Espargaro, Tech3 GASGAS Factory Racing

Pol Espargaró a disputé dix saisons en MotoGP avant d'endosser un nouveau rôle de pilote d'essais pour KTM cette année. Il fera bénéficier la marque de sa riche expérience de la catégorie et de la RC16. Il en a suivi l'évolution depuis le premier modèle engagé en compétition en 2016 et le plus récent l'an dernier, mais il a aussi piloté la Yamaha de Tech3 au début de sa carrière, puis la Honda officielle durant deux saisons en 2021 et 2022. Il a ainsi constaté l'évolution du MotoGP sur une longue période.

Au cours de ces dix saisons, l'Espagnol a lui-même beaucoup changé. De son propre aveu assez dilettante lors de ses premières saisons, il a professionnalisé son approche de la course quand il a rejoint KTM. "Quand j'ai commencé à courir [en MotoGP], j'étais chez Yamaha, donc j'étais sur la moto la moins physique de la grille", rappelait récemment Espargaró. "Je peux vous le dire, j'allais à la salle peut-être deux fois par semaine ! Je sortais, je m'amusais, je ne m'entraînais pas vraiment."

"J'ai commencé à être totalement professionnel chez KTM. Là, je l'ai vraiment pris au sérieux, j'ai modifié mon régime, j'ai commencé à travailler comme un fou, jusqu'à aujourd'hui, et ça m'a aidé à mieux performer, à être plus constant dans ma carrière pendant ces années durant lesquelles j'ai couru en MotoGP."

 

Cette évolution n'est pas seulement le fruit d'une évolution personnelle, après être passé d'une équipe alors totalement indépendante à un constructeur. C'est aussi le signe de la façon dont le MotoGP a changé au fil des ans. Les machines sont devenues de plus en plus extrêmes et difficiles à manier, avec un pilotage rendu complexe par de nombreuses innovations, créant des difficultés physiques mais aussi un certain épuisement mental.

"C'est le jour et la nuit. C'est sûr que c'est plus physique aujourd'hui parce que la M1 était la moto la moins physique. Mais la catégorie est devenue plus exigeante dans les technologies et aussi physiquement et psychologiquement, parce qu'il faut faire beaucoup de choses en roulant, avec les devices, les procédures de départ..."

"C'est dur et il faut être encore plus précis parce que les différences entre les pilotes sont tellement faibles qu'un demi-dixième te fait entrer ou sortir de la Q2. C'est vraiment important d'être très précis avec l'électronique. La catégorie est beaucoup plus exigeante qu'avant."

Pol Espargaro, Tech3 GASGAS Factory Racing

Pol Espargaró

Tous les éléments à prendre en compte et des week-ends de plus en plus intenses ont rendu le MotoGP plus éprouvant pour les pilotes selon Espargaró : "Aujourd'hui, c'est plus que physique, c'est stressant. La moto est stressante. Il faut ajuster beaucoup de choses quand on pilote, activer et désactiver, enclencher et désenclencher de nombreux systèmes sur la moto, même sur un tour, et ça rend le tout très stressant."

"On ajoute à ça le fait qu'il y ait deux courses par week-end ainsi que tout le programme actuel, et c'est plus que physique, c'est psychologique. Ça fait stresser le corps avec tout le stress psychologique qu'on a pendant le week-end." 

En devenant plus exigeant, le MotoGP a aussi compliqué la tâche des pilotes selon Espargaró : "Ce n'est pas plus fun. On est plus proches les uns des autres, ce qui est plus fun pour nous [spectateurs] et pour les gens. Mais pour les pilotes, ce n'est pas plus fun, disons que c'est plus stressant."

Vers des carrières plus courtes ?

Dans ce contexte, l'Espagnol s'attend à voir les carrières des pilotes évoluer profondément, avec un parcours plus long dans les petites catégories (dû au règlement) et un passage plus bref en MotoGP, maintenir un niveau physique aussi intense dans la durée lui paraissant impossible.

"[Les pilotes] arriveront en MotoGP un petit peu plus âgés", a prédit le pilote espagnol, qui fait lui un pas de côté à 32 ans. "Dans les prochaines années, de très jeunes pilotes vont venir en MotoGP, mais c'est la dernière ère où on va les voir arriver à ces âges-là. Les suivants arriveront en étant plus âgés, donc les carrières en MotoGP seront sûrement plus courtes."

"Mais il va être compliqué de rester pendant de nombreuses années avec ce programme – on le voit avec les blessures. Quand on a 21 ou 22 ans, c'est facile de se remettre des blessures. Quand on a autour de 30 ans, je peux vous dire par expérience que ça n'est pas facile de s'en remettre !" 

Avec Léna Buffa

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