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Quartararo ? Comme voir Lorenzo sur la Yamaha

Wilco Zeelenberg était aux côtés de Jorge Lorenzo lorsque celui-ci a réalisé ses saisons les plus impressionnantes avec la Yamaha, entre 2010 et 2013. Alors qu'il assiste aujourd'hui à l'éclosion de Fabio Quartararo, l'ancien pilote constate des similitudes et ne cache pas son admiration pour le rookie.

Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

L'hiver dernier, alors qu'il prenait ses marques avec la Yamaha en découvrant la catégorie reine, Fabio Quartararo s'acharnait à comprendre comment bien appréhender les freinages, assurément le domaine qui lui a posé le plus de difficultés à ses débuts. Le déclic est toutefois arrivé, dès le quatrième Grand Prix de la saison, et aujourd'hui le jeune Français se démarque aux yeux de son responsable d'équipe par sa capacité à parfaitement exploiter sa machine et ses pneus sur les freins. Il s'agit, selon Wilco Zeelenberg, de l'une des raisons pour lesquelles il se montre si redoutable sur le tour lancé.

"C'est la réalité. En gros, il a le talent de trouver la limite avec un pneu neuf, ce qui est parfois difficile car avec un pneu neuf on sait tous qu'il y a plus de grip mais les deux premiers tours peuvent aussi être très risqués s'il n'y a pas encore de traction. Mais il est capable de trouver de l'appui sur le pneu de sorte qu'il arrive à très bien stopper la moto tout en continuant à la faire tourner, et il arrive à le faire pour un ou deux tours", explique le team manager Petronas auprès du site officiel du MotoGP.

Ce déclic est arrivé lors du Grand Prix d'Espagne, le premier qui a vu Quartararo se qualifier en pole position. "Il a appris de lui-même à Jerez quelle approche il doit avoir, ne pas freiner trop tard ni trop fort, mais stopper la moto tôt et emmener beaucoup de vitesse dans les virages. Je pense que c'est son talent. Je ne veux pas vous dévoiler trop de secrets parce que cela lui appartient. C'est globalement ça : il arrive à mettre tout son talent dans le grip du pneu et il est capable d'y gagner une demi-seconde, voire plus."

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Si son talent sur les freins ne fait plus aucun doute, Fabio Quartararo a aussi développé une autre qualité redoutable, qui s'inscrit directement dans la continuité de cette excellente entrée dans les virages : celle de ménager son pneu arrière et ainsi de bien le gérer sur la durée. "Si vous le voyez piloter, vous voyez en gros Jorge [Lorenzo] piloter la Yamaha il y a sept ou huit ans", observe Zeelenberg, ancien bras droit du Majorquin. "Il arrive à emmener beaucoup de vitesse dans les virages, sans avoir besoin d'accélération sur le pneu. Il passe donc outre le niveau de grip et fait tourner la moto, si bien qu'il ne met jamais la moto en difficulté sur les pneus et c'est la raison pour laquelle il est capable d'utiliser les pneus un peu plus longtemps que les autres."

"Il est très impressionnant parce qu'il a compris très, très vite comment fonctionnent les pneus. Il arrive donc à les gérer, il sait quand il faut qu'il attaque et quand il ne le faut pas", concorde Piero Taramasso, le responsable du programme MotoGP de Michelin. "Il y a une course, je ne me souviens plus de laquelle, où il m'a dit qu'il avait rétrogradé plus vite juste pour économiser ses pneus et ne pas en abuser. Cela avait été très impressionnant pour un rookie."

Du point de vue du pilote, il s'agit avant tout du bon dosage à trouver dans l'attaque, afin de ne pas trop taper dans les gommes mais tout de même sans manquer du mordant essentiel pour signer un chrono véritablement compétitif. "Bien sûr, il faut être doux avec cette moto, mais il y a un équilibre à trouver entre être très doux et être agressif. Il faut trouver le bon équilibre entre les deux pour être rapide", explique Quartararo. "C'est difficile à dire, mais à chaque fois que je pilote cette moto, il est plus dur de faire un temps. Au début c'est, non pas facile, mais disons que pour faire un bon temps, ça va. Par contre, pour être vraiment rapide, c'est difficile. […] Être agressif, c'est simple, mais si tu l'es avec cette moto, le chrono n'arrive pas. Et si tu es trop doux, tu fais un bon temps mais pas assez pour être rapide."

Ce juste équilibre, le jeune pilote semble donc avoir la capacité de le ressentir lorsqu'il est en selle, cependant tout n'est pas qu'une question de feeling : le travail mené au stand séduit lui aussi les responsables. "Une autre chose qui est impressionnante, c'est son vocabulaire, sa capacité à analyser", ajoute en effet Taramasso. "Il vous dit les choses avec peu de mots mais avec les bons termes, et [il décrit] exactement ce qui se passe. Il a beaucoup de qualités sur ce point."

Une récompense méritée et des ambitions à la hausse

Ses qualités ont déjà rapporté à Fabio Quartararo cinq pole positions et six podiums, le titre de Rookie de l'année et probablement celui de meilleur pilote indépendant, qu'il validera à Valence si Jack Miller ne réalise pas d'exploit, le tout doublé d'un possible top 5 au championnat qui, lui aussi, se jouera lors du dernier Grand Prix de la saison, la semaine prochaine. Un palmarès déjà impressionnant pour un pilote pourtant critiqué l'an dernier pour la précocité de son accession à la catégorie reine. Et le cadeau ne s'est pas fait attendre : il disposera en 2020 d'une M1 identique à celles des pilotes officiels. "Superbe nouvelle", se réjouit-il. "Je roulerai avec la Spec A en 2020, je suis très content. Je pense que nous le méritons, car nous avons obtenu beaucoup de bons résultats."

Un an après ses premiers tours de roue avec la Yamaha, plus personne ne remet en effet en cause le mérite de Quartararo, ni ne doute qu'il sera l'an prochain un prétendant régulier à la victoire, et même qu'il se mêlera à la course au titre. "Je pense que Quartararo peut se battre pour le titre car il est très très très très très rapide…" pressent déjà Valentino Rossi, qui accepte volontiers que le jeune Niçois bénéficie de la même moto que lui : "C'est une bonne chose. Ça ne change pas grand-chose car si on pense que celle de Franco [Morbidelli] est officielle et que celle de Quartararo ne l'est pas… laquelle est plus compétitive ? [rires] Ça ne fera pas tellement de différence, mais en tout cas il est juste qu'il y ait quatre motos identiques, et c'est bien aussi pour l'évolution de la moto."

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Vice-Champion du monde depuis trois ans, Andrea Dovizioso s'attend lui aussi à voir le #20 en lutte pour le titre la saison prochaine, justement car il n'est pas seulement impressionnant dans le time attack : "Au-delà de la vitesse pure qu'il a quand il monte un pneu neuf, il y a quelque chose derrière, en course il est là. Ça n'est pas comme s'il faisait huit tours et qu'il lui manquait encore quelque chose. Il est bel et bien là. Quand vous faites ce type de courses, avec cette vitesse-là, je ne vois pas pourquoi ça ne devrait pas être le cas."

Fabio Quartararo, quant à lui, ne se risque pas pour le moment à exprimer d'objectif précis pour 2020. "L'objectif n'est pas encore fixé", assure-t-il. "Je me sens super bien sur la moto, je pense qu'il faut qu'on reste concentrés sur la fin de la saison. Il reste encore beaucoup de temps avant de fixer les objectifs pour l'année prochaine. Cette année on l'a fait en février, alors c'est encore très loin. Pour le moment, je veux bien finir la saison." Il est vrai qu'à 20 ans à peine, et alors que les astres semblent déjà s'aligner en vue de 2021, il a encore un peu de temps pour s'épargner la pression qui accompagnera des ambitions à la hausse…

Avec Michaël Duforest

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