Opinion

Un an pour Hamilton : le marché des transferts bouleversé ?

Attendu de longue date, le nouveau contrat de Lewis Hamilton avec Mercedes présente une particularité : sa durée d'un an. Le Britannique pourrait rester au-delà, mais dans les faits, Mercedes n'a aucun pilote sous contrat pour 2022...

Lewis Hamilton, Mercedes-AMG F1

Lewis Hamilton, Mercedes-AMG F1

Steve Etherington / Motorsport Images

La saga autour du nouveau contrat de Lewis Hamilton avec Mercedes a peut-être traîné en longueur, mais il y avait peu de doute quant au fait que la signature interviendrait. L'officialisation de lundi dernier était donc attendue, mais elle a surpris tout le monde quant à la durée annoncée : le nouvel accord n'est que d'un an. Avec Mercedes, Hamilton n'avait auparavant signé que des contrats de deux ou trois ans, et l'on s'attendait à un nouvel accord pluriannuel.

Patron de Mercedes F1, Toto Wolff a expliqué ce contrat d'un an en citant le changement de réglementation 2022, le contexte international incertain, et le retard pris dans les négociations quand tous les deux ont contracté le COVID-19. Mercedes et Hamilton s'imaginent encore un avenir commun à long terme, pour preuve la nouvelle fondation qu'ils ont lancée pour améliorer la diversité et l'inclusion en sport automobile. Néanmoins, ce contrat d'une seule année devrait avoir une grosse incidence sur les discussions liées au marché des transferts.

Mercedes aurait dans tous les cas engendré beaucoup d'attention pour 2022, qui plus est après les événements du Grand Prix de Sakhir l'an dernier. Valtteri Bottas est désormais habitué à voir son avenir remis en cause puisqu'il enchaîne les prolongations d'un an, mais la pression sur ses épaules va s'accentuer alors que George Russell entre dans sa dernière année de contrat avec Williams. La performance excellente de Russell à Sakhir lorsqu'il a remplacé Hamilton a offert à Mercedes un élément de comparaison directe entre Bottas et lui, même si l'écurie a toujours réfuté l'idée d'avoir mené un test grandeur nature. 

Lewis Hamilton, Mercedes F1 W11, Valtteri Bottas, Mercedes F1 W11

On a toujours su que ce baquet serait au cœur des conversations pour 2022. Est-ce que Mercedes lâchera Bottas pour promouvoir Russell et débuter un nouveau cycle ? Est-ce que cela fera d'Hamilton le mentor de son jeune compatriote pour préparer l'après-Lewis ? Ou est-ce que Mercedes se dira qu'il ne faut pas changer une équipe qui fonctionne et maintiendra le statu quo ?

Maintenant que Mercedes a théoriquement deux baquets vacants pour 2022, il existe une autre hypothèse à prendre en compte. Cette situation ouvre davantage le marché des transferts. L'essentiel dépend de ce que Hamilton veut faire au-delà de cette année. En 2021, il va tenter de battre le record absolu du nombre de titres mondiaux, viser la barre des 100 victoires en Grand Prix tout comme celle des 100 pole positions. S'il y parvient, il sera seul au monde, le plus grand de tous les temps par le seul jugement des statistiques. Les bases existent pour voir Hamilton coiffer une huitième couronne puis s'en aller sans être battu.

Mercedes doit également préparer l'avenir. Même si Hamilton avait signé un contrat sur plusieurs années, il aurait fallu se poser la question de ce qui se passera quand il arrêtera. Wolff refuse de dire s'il pense que 2021 sera la dernière saison du septuple Champion du monde. "C'est une décision qui appartient à Lewis", insiste-t-il. "Tant qu'il prend du plaisir à courir, je pense qu'il est parfaitement capable d'aller plus loin. Il progresse, il prend soin de lui physiquement et mentalement. Au niveau des capacités, je ne pense pas que 2021 soit la fin pour lui. Mais au bout du compte, c'est sa décision. Lewis doit décider ce que sera son futur. C'est pourquoi je ne veux pas faire de commentaire sur sa situation."

À 36 ans, Hamilton est évidemment plus proche de la fin de sa carrière en F1, mais il n'a pas montré de signes d'usure jusqu'à présent. La saison 2020 a été celle de sa plus grande domination, et sa soif de gagner n'a pas disparu malgré les records battus les uns après les autres. Tant que le plaisir sera au rendez-vous, il continuera à courir.

Lewis Hamilton, Mercedes-AMG F1, 1st position, gives a thumbs up in Parc Ferme

Cependant, les choses changent en F1. L'évolution de la réglementation technique est un aspect à prendre en compte, tout comme le plafonnement des salaires envisagé pour les pilotes en 2023. Il existe des solutions pour contourner une telle limite de rémunération pour quelqu'un comme Hamilton, mais cela compliquera tout de même la négociation. Le tout sans même parler de l'incidence économique de la crise du COVID-19, dont Hamilton s'est publiquement dit parfaitement conscient, et qui aura inévitablement un effet ricochet à un moment ou un autre. L'attention qu'il porte à d'autres grands projets pourrait également l'inciter à stopper la compétition en fin d'année s'il sent qu'il y a un objectif plus important à atteindre ailleurs.

Pour Mercedes, la réflexion doit de toute manière être à plus long terme. Remplacer Bottas par Russell ne répondrait pas à la question de savoir quoi faire une fois Hamilton parti, et le constructeur doit donc se positionner sur le marché. C'est ce que lui permet précisément de faire ce contrat d'un an. Ce sera un test décisif pour savoir quels pilotes sont impatients d'avoir une opportunité à saisir chez Mercedes, l'un d'entre eux étant un acteur majeur : Max Verstappen est certes sous contrat pour plusieurs années avec Red Bull, mais son statut en fait l'un des leaders possibles pour une nouvelle ère de domination en F1. Ses performances ces dernières années ont été unanimement saluées, mais elles ne lui ont pas pour autant fait gagner de titre mondial.

Red Bull fait tout son possible pour concurrencer Mercedes mais ne parvient pas à offrir à son pilote vedette la monoplace lui permettant de satisfaire toutes ses ambitions. La victoire de Verstappen à Abu Dhabi en fin de saison dernière et la relative stabilité réglementaire lui laissent un petit espoir de pouvoir lutter en 2021, mais si Mercedes met à profit le développement de sa W11 pour la W12, l'équipe de Brackley pourrait de nouveau être hors d'atteinte. Le clan Verstappen tentera de relativiser la frustration, mais cette dernière sera inévitable. Voir Hamilton et Bottas se partager la majorité des victoires ne sera pas bien vécu, particulièrement pour un pilote que tout le monde pensait voir devenir le plus jeune Champion du monde de l'Histoire mais qui ne peut plus prétendre à ce record.

Le contrat de Verstappen chez Red Bull prendra fin en 2023, mais l'on a vu par le passé que des clauses de sortie existaient. C'est de cette manière que Vettel avait pu rejoindre Ferrari en 2015. L'écurie de Milton Keynes assure toutefois que le retrait de Honda n'a pas déclenché de clause libératoire pour Verstappen, tandis que Christian Horner ne cesse de dire que le Néerlandais est toujours "motivé, optimiste et a confiance en l'équipe".

Pole man Lewis Hamilton, Mercedes-AMG Petronas F1, with Max Verstappen, Red Bull Racing, in Parc Ferme

Seulement si Mercedes vient frapper à la porte, il est certain que Verstappen aura du mal à résister. Et à la place de l'écurie allemande, s'il faut chercher l'un des meilleurs pilotes pour l'avenir, Verstappen figure sûrement en tête de liste. Il est le seul que les trois top teams (Mercedes, Red Bull et Ferrari) peuvent convoiter à tout prix pour l'avenir, indépendamment de la confiance placée en Russell et en Charles Leclerc au sein de leurs écuries respectives.

À l'annonce de la prolongation d'un an d'Hamilton, Wolff a reconnu la nécessité de penser au long terme mais a également rappelé la loyauté de la structure envers ses pilotes actuels. "L'équipe doit décider ce qu'elle fera sur le long terme avec ses pilotes", admet-il. "Valtteri et Lewis ont notre engagement et notre loyauté à 100% pour 2021. Nous les soutiendrons avec tout ce que nous avons. Nous penserons ensuite à l'après, et nous dirons quel duo nous imaginons en 2022 et au-delà. Nos premières discussions doivent se tenir avec Valtteri et Lewis, en respectant nos valeurs que sont la loyauté et l'intégrité. Mais d'un autre côté, les jeunes pilotes constituent l'avenir, et nous devons donc réfléchir à la manière dont nous voulons agir pour les prochaines années."

Wolff est clair sur le fait que Mercedes comme Hamilton veulent éviter de revivre un épisode de négociations sans fin pour 2022, insistant sur la nature singulière d'une année 2020 très perturbée. Avec les facteurs extérieurs à prendre en compte sur le marché des transferts, il sera sans doute encore plus important d'aboutir à une décision rapide. Continuer avec Hamilton sera naturellement la priorité de Mercedes, et il est peu probable de voir le Britannique s'aventurer ailleurs. Son futur dépend vraiment de ses propres motivations, de ses intérêts, et il pourrait être difficile de se décider avant la fin de l'année.

S'il venait à s'arrêter, il faudrait un plan de secours à Mercedes. Conserver Bottas et l'associer à Russell ? Tenter de convaincre Verstappen rapidement sans attendre la moindre échéance chez Red Bull ? Se tourner vers un autre pilote, comme Esteban Ocon en cas de saison 2021 réussie ? La flexibilité est reine sur le marché des transferts. Prolonger un septuple Champion du monde pour seulement une année peut paraître étrange, mais en réalité, cela permet à Mercedes d'être en position de force pour l'an prochain. Ses options pour l'avenir sont désormais plus ouvertes que jamais. 

George Russell, Mercedes F1 W11, Valtteri Bottas, Mercedes F1 W11

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