Analyse

Ce qui a déclenché le grand ballet des directeurs d'équipe

Le marché des pilotes s'est de nouveau emballé cette saison en Formule 1, mais celui des directeurs d'équipe n'a pas été plus calme.

Frederic Vasseur, Team Principal, Alfa Romeo Racing et Mattia Binotto, Team Principal, Ferrari

Photo de: Mark Sutton / Motorsport Images

Pendant la silly season, nom donné à la période des rumeurs et des transferts en Formule 1, il est habituel d'assister à un effet domino sur le marché des pilotes. Il suffit de voir comment l'annonce de la retraite de Sebastian Vettel a provoqué une réaction en chaîne ayant emmené Fernando Alonso chez Aston Martin, Pierre Gasly chez Alpine et Nyck de Vries chez AlphaTauri, sans parler de la dispute entre McLaren et Alpine pour le cas Oscar Piastri. Ce qui est beaucoup plus rare en revanche, c'est que ces chaises musicales impliquent aussi des directeurs d'équipe.

Les allées et venues des hauts responsables ne sont pas rares, le transfert d'Otmar Szafnauer d'Aston Martin à Alpine l'hiver dernier l'a démontré, néanmoins le fait que quatre équipes débutent la saison avec de nouveaux patrons, comme ce sera le cas en 2023, est peu commun. En fait, il est difficile de se souvenir d'une journée aussi folle que celle de mardi, où la confirmation de la venue de Frédéric Vasseur chez Ferrari a été éclipsée par l'annonce du départ d'Andreas Seidl de McLaren et celle de son remplacement par Andrea Stella.

Si les changements ayant eu lieu chez Ferrari, Alfa Romeo, McLaren et Williams (Jost Capito et François-Xavier Demaison sont partis eux aussi) sont tous la conséquence de situations légèrement différentes, un thème commun les réunit : à l'ère du plafond budgétaire, la responsabilité incombe plus que jamais au patron.

Il y a quelques années, l'un des rôles clés du directeur d'équipe était d'aller voir le conseil d'administration ou le constructeur automobile parent et d'essayer d'obtenir le financement nécessaire pour obtenir de bons résultats sur la piste. Si l'objectif était de gagner des places sur la grille, d'inverser une mauvaise dynamique ou de changer le concept d'une voiture, alors la meilleure façon de faire était de demander la signature d'un autre chèque. Mais cette époque est révolue. Avec le plafonnement des dépenses, la F1 n'est plus un championnat de portefeuilles où les erreurs peuvent être corrigées par plus d'argent. Ce qui compte désormais, c'est l'efficacité, la discipline et, surtout, l'intelligence.

Frédéric Vasseur quitte Alfa Romeo pour rejoindre Ferrari.

Frédéric Vasseur quitte Alfa Romeo pour rejoindre Ferrari.

Les budgets limités, qui sont égaux d'un bout à l'autre de la grille, signifient également qu'il n'est plus possible de se cacher derrière l'excuse selon laquelle les autres feraient un meilleur travail parce que leur budget est plus conséquent. Tout le monde est désormais logé à la même enseigne et si une équipe se rate, ce sera uniquement de sa faute.

Dans la F1 d'aujourd'hui, les directeurs sont plus que jamais responsables de la concrétisation des objectifs. Dans le cas de Jost Capito, Williams n'a pas réalisé les progrès que le propriétaire, Dorilton Capital, espérait dans le cadre de la nouvelle réglementation technique de la F1. Il a donc été décidé de ne pas continuer avec le dirigeant allemand et le responsable du département technique, François-Xavier Demaison.

Mattia Binotto a quant à lui démissionné après que le président de Ferrari, John Elkann, et le PDG, Benedetto Vigna, ont perdu patience, estimant que la Scuderia n'avait pas performé au maximum de ses capacités en 2022. Et puisque le Cheval cabré a choisi Vasseur comme successeur et que Sauber a signé Seidl comme nouveau PDG, la tendance est aux dirigeants qui savent bien ce qui est requis dans cette ère financière.

De nos jours, la performance n'est pas le fruit d'une évolution constante des pièces d'une voiture, parce que l'argent n'est tout simplement pas disponible pour cette stratégie. Au lieu de cela, les progrès se font dans les domaines où les améliorations ne coûtent presque rien. Il faut connaître le nombre idéal d'employés que l'équipe doit avoir, il faut comprendre parfaitement le règlement afin de s'assurer que chaque dépense améliore à 100% la performance de la voiture et il faut s'assurer d'être au top à tous les niveaux de l'organisation, du designer imaginant les concepts sur un écran d'ordinateur au mécanicien changeant les roues lors des Grands Prix.

À chaque niveau de l'équipe, chacun doit faire sa part du travail, car il n'y a plus de système de redondance pour masquer les faiblesses. C'est pourquoi les chefs d'équipe doivent aussi être source de motivation et aider à faire avancer leurs troupes. C'est à eux de s'assurer que les employés ont une confiance totale en eux et les accompagnent dans cette aventure.

Il est également essentiel aujourd'hui de trouver le moment idéal pour apporter des évolutions. On ne veut pas installer trop de nouvelles pièces en début de saison pour se retrouver les poches vides quelques mois plus tard. De même, si l'on s'y jette à corps perdu en fin de saison, on risque de devoir combler un retard trop important.

Andreas Seidl est le nouveau PDG de Sauber, qui gère l'équipe Alfa Romeo.

Andreas Seidl est le nouveau PDG de Sauber, qui gère l'équipe Alfa Romeo.

Seul un directeur d'équipe rusé et expérimenté, qui connaît le système sur le bout des doigts, peut viser juste d'emblée. Et ce n'est sûrement pas une coïncidence si McLaren, sous la direction de Seidl, a lancé une campagne de recrutement, parce que l'équipe savait qu'elle pouvait s'améliorer dans plusieurs domaines maintenant que le plafond budgétaire n'avait plus de secret pour elle.

Comme l'a expliqué Seidl au GP d'Abu Dhabi : "C'est pourquoi nous avons travaillé dur, ensemble avec le département financier en sachant que nous travaillons également avec des dépenses plafonnées, pour trouver des synergies et une meilleure efficacité dans notre fonctionnement actuel en F1. Cela nous a permis de lancer, il y a à peu près deux mois, une campagne de recrutement d'ingénieurs assez importante, pour avoir simplement plus de personnes disponibles et être en mesure de faire les choses plus en parallèle à l'avenir."

C'est ce changement d'approche imposé par la mise en place du plafond budgétaire et le besoin d'avoir des personnes expérimentées, intelligentes et capables de tenir leurs promesses qui ont augmenté la popularité des directeurs d'équipe comme jamais auparavant. En d'autres termes, cela signifie que le directeur se douche au champagne lorsque tout se passe bien mais est menacé par un renvoi dès que la machine se grippe...

 
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