Grosjean n'a "jamais été assez conscient" de son talent
Une certaine pointe de vitesse mais un manque d'adaptabilité : tel est le bilan que Romain Grosjean tire de ses compétences, alors qu'approche probablement la fin de sa carrière en Formule 1.

Romain Grosjean est un pilote rapide, il est difficile de le nier. Champion de Formule Renault, de F3 Euro Series, de GP2 et d'Auto GP, Grosjean a par la suite démontré sa vélocité en Formule 1, où il n'a été battu en qualifications sur une saison complète (ou presque) que par deux coéquipiers : Kimi Räikkönen en 2013 et Kevin Magnussen en 2019. Il a ainsi pris l'avantage sur Räikkönen en 2012, Pastor Maldonado en 2014 et 2015, Esteban Gutiérrez en 2016 et Magnussen en 2017 et 2018.
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En course, Grosjean a la réputation d'être capable du meilleur comme du pire, avec des performances parfois remarquables, comme son podium au volant de la modeste Lotus au Grand Prix de Belgique 2015, dans une écurie au bord du gouffre, ou encore ses multiples arrivées dans le top 6 pour Haas. Cela le laisse imaginer ce dont il serait capable avec une monoplace capable de jouer la victoire.
"C'est le revers de la médaille de mes qualités : je suis capable d'aller chercher des choses extraordinaires, et je tends toujours vers cette perfection que j'aime tant, et à certains moments, ce n'est pas possible. À certains moments, ça ne passe pas, la voiture n'est pas capable de le faire", analyse Grosjean, qui multipliait jadis les podiums lorsque sa Lotus était l'une des quatre meilleures monoplaces du plateau.
"Je pense que comme on l'a vu en 2013, si j'avais eu une bonne voiture plus longtemps dans ma carrière, une voiture capable de faire des bonnes choses – une Red Bull, une Mercedes… – je pense que ça aurait été très différent. Tu peux vraiment faire ce que tu as envie de faire et tu n'es pas limité complètement par le matériel qui n'est pas capable de faire de ce que tu sais être possible de faire. Ça n'a pas été ma meilleure force de m'adapter. Je pense qu'aujourd'hui, ça y est, je sais m'adapter."

Lorsqu'il lui est demandé comment il perçoit sa vitesse de pointe, Grosjean répond : "Honnêtement, je ne sais pas. Je n'en ai peut-être jamais été assez conscient, du fait que j'étais capable d'aller très vite et d'être un des meilleurs. Cela a peut-être été une de mes faiblesses. Je ne sais pas, c'est assez naturel, c'est ça qui est marrant. C'est assez naturel de pousser la voiture et de comprendre comment elle peut aller vite."
D'où un certain désenchantement vis-à-vis de sa situation actuelle. "Comme je l'ai dit, sur cinq ans chez Haas, pendant cinq ans on a une voiture qui n'a pas été idéale pour moi en termes de caractéristiques. Elle a toujours eu la même base. Après, cette année, je pense que c'est la pire, mais j'ai su un petit peu m'adapter et trouver les clés au problème. C'est vrai qu'il me manque un peu d'avoir une voiture qui est un peu plus naturelle pour moi, de moins me poser de questions sur un tour de qualifs et d'aller chercher ce que je pense être capable d'aller chercher, un peu de temps au tour, si la voiture est capable de me donner ce dont j'ai besoin. Ça n'a pas été le cas sur toutes les dernières années", conclut Grosjean avec une pointe de déception.

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À propos de cet article
Séries | Formule 1 |
Pilotes | Romain Grosjean |
Équipes | Haas F1 Team |
Auteur | Benjamin Vinel |
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