L'approche de Russell a plus impressionné Mercedes que sa rapidité
Lors du Grand Prix de Sakhir, ce n'est pas le niveau de performance de George Russell qui a impressionné Mercedes, mais sa capacité à gérer une pression très forte sur ses épaules.

Il ne fait aucun doute que George Russell a impressionné les observateurs le week-end dernier à Sakhir, mais il a également marqué des points importants en interne. Appelé à remplacer Lewis Hamilton, forfait à cause du COVID-19, le Britannique s'est hissé immédiatement au niveau de Valtteri Bottas chez Mercedes malgré des préparatifs réduits à leur plus simple expression. Dans l'environnement de l'écurie championne du monde, personne ne doutait de sa rapidité, mais la manière avec laquelle il a géré la pression et n'a commis aucune erreur a frappé les esprits.
"Ce qui était probablement le moins surprenant, c'est sa vitesse en qualifications", confie Andrew Shovlin, directeur de l'ingénierie piste. "Quand on regarde ce qu'il a fait chez Williams, il sait clairement comment piloter une voiture rapidement. Et il sait comment en tirer le meilleur. Ce n'était donc pas totalement choquant pour moi, c'était un peu ce que nous nous attendions à voir et nous étions ravis. Ce qui était le plus dur à véritablement prédire, c'est la manière dont il a géré la pression, dont il s'en est sorti. C'était très impressionnant."
"Le risque, avec cette opportunité de montrer ce que l'on peut faire dans une voiture rapide, c'est de facilement faire une erreur. Et cela peut aisément laisser une impression qui perdure. Mais il n'a clairement pas pensé à ça, pas une seconde. Il était confiant, discipliné, méthodique dans l'approche de chaque run. Au début, nous étions parfois sous pression avec les deux pilotes. Et il est resté calme, c'était agréable à voir. C'est clairement un très bon pilote."
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Avant comme pendant tout le week-end du Grand Prix de Sakhir, Mercedes a tout mis en œuvre pour placer sa jeune recrue dans les meilleures conditions. Titulaire chez Williams depuis deux saisons, George Russell a découvert un autre monde dans lequel il s'est rapidement adapté.
"Nous avons essayé de lui transmettre les informations d'une manière qui n'allait pas l'envahir", explique Andrew Shovlin. "Nous ne lui avons pas dit jeudi soir des choses qu'il n'avait pas besoin de savoir avant dimanche matin. Nous avons essayé d'avoir une approche structurée, car c'est assez difficile pour un pilote de passer d'une équipe à une autre, d'une voiture à une autre. Il a évidemment fait du bon travail, et d'une certaine manière, notre voiture est plus facile à piloter que la Williams car elle a un bon comportement, elle n'a pas de vice majeur, elle a un bon grip. C'est plus facile dans ce sens."

"Mais le fait est que les performances sont bien meilleures. On peut freiner plus tard, reprendre les gaz plus tôt, être agressif, et la voiture va suivre sans vous rappeler à l'ordre, ce qui permet d'emmener plus de vitesse dans les virages. Il faut comprendre tout ça. Il faut plus d'un Grand Prix pour vraiment construire une pleine appréciation de ce que la voiture peut faire. L'une des choses qu'il s'est efforcé de faire a été de comprendre à quel point il pouvait freiner tardivement au virage 1, et à quel point il pouvait emmener de la vitesse dans les virages 7 et 8. Il a fait du bon boulot, il a eu une approche méthodique. Et surtout, il l'a fait sans dépasser la limite. Car si l'on dépasse la limite, les conséquences peuvent être significatives."
Parmi les défis d'adaptation à relever pour Russell et Mercedes, la position de conduite dans la W11 a monopolisé beaucoup d'attention. Plus grand que Lewis Hamilton et Valtteri Bottas, le Britannique a dû faire des compromis pour se loger dans le cockpit, au point de porter des bottines avec une pointure de moins.
"C'était difficile", confirme Andrew Shovlin. "Ça l'a été car nous n'avons pas eu de pilote de grande taille depuis très, très longtemps. Chaque année, on regarde ce que l'on peut réduire ici ou là, on travaille sur le packaging, sur le fait d'en tirer un peu plus de performance, et ça devient un environnement moins confortable pour un gars qui fait plus de 1m80. Ce n'est pas seulement physique et lié au fait de ne pas avoir une position normale. C'est aussi douloureux, car nous n'avions pas assez de place pour lui. Le baquet n'était pas non plus parfait. Non seulement ça provoque des crampes, mais ça affecte le pilotage. Il était déterminé à rentrer, à pouvoir piloter. Mais ce n'est pas un environnement parfait pour lui."

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À propos de cet article
Séries | Formule 1 |
Événement | GP de Sakhir |
Pilotes | George Russell |
Équipes | Mercedes |
Auteur | Basile Davoine |
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