La diffusion des chutes en question après le GP de Catalogne

De nombreux pilotes ont été choqués de revoir l'accident de Pecco Bagnaia à Barcelone en boucle avant la relance de la course. Lucide, Marc Márquez estime que ces images font "partie du show" quand d'autres souhaitent évoquer la situation avec les dirigeants du championnat.

Francesco Bagnaia, Ducati Team, TV camera

Quatre jours après le Grand Prix de Catalogne, la spectaculaire chute de Pecco Bagnaia est encore au cœur des débats. L'intéressé, diminué mais bel et bien apte à rouler ce week-end, attend des réponses quant à l'origine de l'accident et pour les autres pilotes, ce sont surtout les minutes qui ont suivi qui concentrent l'attention. Déjà très remonté dimanche, Fabio Quartararo reste mécontent que les images de la chute soient passées en boucle sur les écrans.

"Pour moi, c'est inacceptable", a rappelé ce jeudi le Français, qui n'était pas rassuré dimanche, au moment de remonter sur sa Yamaha pour le second départ. "On peut le montrer une fois mais tous les autres doivent repartir. [...] Il faut se dire qu'il y a 20 pilotes qui doivent partir et à qui ça peut arriver. Mentalement, c'est difficile, on voit une grosse chute, au final le pilote va bien mais ça pourrait être bien plus. On sait que quand ils disent 'pilote OK', on ne sait pas s'il s'est cassé un bras, deux jambes, ou rien. Pour moi, le voir une fois, ça va, mais en boucle avant notre course, ce n'est pas bien."

Marco Bezzecchi a également vécu des minutes difficiles avant la relance de la course. "Dans ce genre de situation, on est tous très nerveux", a résumé l'Italien. "Pecco était au centre médical, on ne savait pas comment il allait mais il fallait repartir. Pour nous, ce n'était pas très sympa de voir l'accident en boucle sur les images. Le garage est rempli d'écrans et c'est difficile de ne pas le voir. Ça aurait peut-être été bien d'en rester à cinq ou six replays."

Précisant avoir été "très nerveux" après cet incident survenu sous ses yeux, Jorge Martín estime aussi que les images ont trop été exploitées, même si elles ont permis de confirmer que Bagnaia était conscient. "On essayait de voir les images pour comprendre comment allait Pecco parce qu'on ne sait jamais ce qu'il peut se passer", a expliqué le pilote Pramac. "J'allais un peu mieux quand j'ai vu que c'était sur les jambes. C'était très tendu et ils l'ont diffusé assez souvent, on l'a aussi vu à terre. Je pense qu'il faudrait que ça reste un peu plus privé et, s'il va bien, peut-être le diffuser après. Mais il aurait fallu respecter un peu plus Pecco à ce moment-là."

Pour Brad Binder, il est important de trouver la bonne mesure entre des images rassurantes sur l'état de santé du pilote et le respect de ce dernier, sans savoir comment trouver cet équilibre. "On a besoin de continuer son job mais en même temps, c'est bien de voir si tout le monde va bien", a-t-il précisé. "Parfois, si les images ne montrent rien, c'est encore pire. Je pense que c'est une situation vraiment délicate. Je n'ai pas l'expertise pour apporter un commentaire."

En ce sens, Maverick Viñales souhaiterait que la direction de course puisse communiquer aux pilotes l'état de santé de ceux impliqués dans une grosse chute sans passer par les images de la réalisation. "Ça serait peut-être bien qu'ils puissent informer les pilotes avant que la course reparte", a confirmé le pilote Aprilia. "On est tous rivaux mais on veut que tout le monde aille bien. C'était assez dur, surtout de repartir, sans connaître les conditions de piste non plus. Sincèrement, c'était dur."

Sur internet, la chute fait plus de vues que la victoire. Au final, les gens veulent voir ça donc ceux qui produisent les images doivent le montrer. Mais pour les pilotes, c'est très difficile.

Marc Márquez

Marc Márquez a aussi mal vécu ces images que les autres pilotes mais a également conscience des enjeux commerciaux pour le championnat et de l'attrait du public pour les images spectaculaires. "Pour les pilotes, c'est très difficile de voir cette chute de nombreuses fois, surtout quand on doit reprendre la piste", a expliqué le sextuple Champion du MotoGP. "Pecco allait bien et la Dorna avait des informations venant de l'ambulance disant qu'il allait bien, qu'il fallait juste tout vérifier."

"Ça fait partie du show. Il n'est peut-être pas nécessaire de le montrer plusieurs fois mais la décision ne me revient pas. Dans mon cas, j'ai éteint les téléviseurs et c'est tout, je me suis concentré sur mon travail. Sur internet, la chute fait plus de vues que la victoire. Au final, les gens veulent voir ça donc ceux qui produisent les images doivent le montrer. Mais pour les pilotes, c'est très difficile. Sincèrement, je ne sais pas combien de fois ils l'ont montré donc je ne peux pas apporter un commentaire précis parce que comme je l'ai dit, j'ai coupé les téléviseurs et je me suis juste concentré sur moi."

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Marc Márquez

Luca Marini comprend le besoin d'informer le public et d'occuper le temps d'antenne durant un drapeau rouge mais souhaite que le débat sur ces séquences soit ouvert. "Il faudrait qu'on en parle avec l'organisation", a-t-il estimé. "Les médias doivent faire leur travail donc il faut exploiter ce temps où il ne se passe rien. Je pense que c'est dur pour eux mais pour nous, c'est très dur de voir toutes les images et d'être dans le bon état d'esprit six minutes plus tard pour un nouveau départ, une nouvelle course. C'était une situation difficile et on peut peut-être en parler avec l'organisation pour trouver une meilleure solution."

Johann Zarco a livré une opinion similaire lorsqu'on lui a demandé s'il approuvait la façon actuelle de diffuser les chutes. "Que dire... Non, mais c'est aussi la raison pour laquelle les gens allument la TV, c'est tout", a résumé le Provençal. "C'est quand on parle de danger et du fait que quelqu'un peut mourir que ça devient intéressant. Alors je ne sais pas quoi dire à ce sujet !"

Pol Espargaró furieux que la famille de Bagnaia ait été exposée

Lui-même touché par une grave blessure en début d'année, Pol Espargaró a été particulièrement froissé de voir que la réalisation diffusait la détresse de la fiancée de Pecco Bagnaia, en pleurs après l'accident. Très mécontent qu'une telle image soit passée à l'antenne et que sa propre épouse ait subi la même chose au Portugal, il souhaite ouvrir le débat avec les dirigeants du championnat.

"Ce n'est pas correct et ça me gonfle vraiment, c'est l'un des sujets dont je veux parler en Commission de sécurité parce que je l'ai vécu", a confié le pilote Tech3 à Motorsport.com. "OK, montrer l'accident est mauvais, surtout quand on ne savait pas comment allait Pecco, mais montrer la famille... Je n'expose pas ma famille sur Instagram ou sur les réseaux sociaux. Je déteste ça parce que je veux les protéger [de ce monde]. Je prends toutes les critiques, les blessures ou tout ce qui est associé à ça mais je n'accepte pas que ma famille soit exposée à la télévision et que les gens puissent les voir."

"L'une des choses avec laquelle mon épouse a eu beaucoup de mal, c'est quand des caméras l'ont filmée devant l'hôpital quand elle m'attendait. Dans le cas de Pecco, ils leur on dit que Pecco allait bien mais dans mon cas j'étais foutu, j'allais mal ; vraiment, vraiment mal. Ma femme souffrait beaucoup, et se retrouver à la télévision sous l'œil des caméras, c'est super mal. C'est une chose qui doit changer radicalement et qu'ils doivent vraiment revoir."

Avec Léna Buffa

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