Bastianini de plus en plus confiant mais "il reste du chemin"
Il avait créé la surprise l'an dernier pour sa première saison en MotoGP et il a enfoncé le clou en remportant la première manche du championnat 2022. Enea Bastianini continue à gagner en confiance, conscient néanmoins qu'il a encore du chemin à faire.
Enea Bastianini a beau avoir intégré la catégorie MotoGP en tant que champion en titre du Moto2, il est sans doute le rookie que beaucoup n'attendaient pas l'an dernier. Est-ce parce que son parcours a parfois eu des airs de rendez-vous manqué, avec un titre Moto3 touché du doigt mais une consécration qui a tardé à arriver ? Italien, certes, mais pas du clan VR46, peu à l'aise en anglais aussi, il a sans doute bénéficié d'une moindre médiatisation que certains de ses collègues, avant de véritablement convaincre par lui-même, en piste, au prix d'une superbe progression.
Ses formidables remontées et les deux podiums qu'il a décrochés dans la dernière partie de la saison 2021 ont épaté le paddock et rappelé à quel point il méritait d'être suivi avec attention. Il n'avait pourtant pas été un poids lourd sur le marché des transferts, quelques semaines plus tôt et se savait destiné à rester sur une Ducati plus ancienne que celle des pilotes officiels, malgré tout de même un saut de deux ans avec sa nouvelle spec.
Et puis, surtout, Enea Bastianini a trouvé un cocon parfait pour l'accueillir. De retour chez Gresini Racing, il représente, avec son coéquipier Fabio Di Giannantonio, l'héritage de Fausto Gresini, qui les a tous deux encadrés par le passé. Dans un environnement bienveillant, et déjà devenu un leader, il parfait son adaptation tout en pouvant se permettre d'exprimer des objectifs élevés.
Dans son stand, la continuité est assurée par Alberto Giribuola (dit "Piggia"), qui se charge d'être son garant technique. Un atout non négligeable, puisque le technicien était le bras droit d'Andrea Dovizioso dans l'équipe officielle Ducati et qu'il apporte aujourd'hui au jeune pilote toute la richesse de son expérience avec le constructeur.
"Pour moi [il apporte une] grosse contribution", observe d'ailleurs Dovizioso. "L'an dernier, c'était sa première saison et ça fait la différence d'avoir la bonne personne à vos côtés, surtout quand on ne peut pas développer la moto. Au Qatar aussi, je ne connais pas les détails mais je sais à quel point Piggia est bon et je suis sûr que l'équipe a fait un excellent travail parce qu'une seule personne ne suffit pas pour gagner."
"Je pense que Bastianini est dans une situation favorable parce qu'il a une personne proche de lui qui connaît tout de Ducati, et je sais comment ça fonctionne là-bas. Ça fait la différence d'avoir une personne qui peut rester concentrée sur ce qu'il faut pour être rapide sur cette moto, sans perdre de temps sur différentes choses, et de savoir ce qu'il faut faire et ne pas faire. Je pense que c'est une part importante de ce qui l'a rendu très performant à la fin de la saison dernière, du très bon test qu'il a fait et du fait qu'il ait pu gagner la première course."
Bastianini n'est en effet pas du genre à laisser filer sa chance, et lorsqu'elle s'est présentée durant la première course de la saison, il a sauté sur l'opportunité pour inscrire une première victoire à son palmarès. Une surprise ? Déjà plus tellement… Deux semaines plus tard, il repartait au combat, bien décidé à ne pas s'en tenir à ces premières récompenses, qui ne sont que des étapes dans son esprit.
"La victoire est très importante pour l'humeur, mais je suis toujours le même que lors des tests", soulignait-il. "Je ne change pas. Cette année, je pense que je suis plus compétitif parce que j'ai un meilleur package et j'en suis content et je pense qu'on pourra être compétitif durant toutes les séances cette année, mais il est encore tôt pour le comprendre."
Enea Bastianini et son chef mécanicien
"Je me sens fort, mais je pense qu'il reste du chemin à faire pour réussir à être compétitif partout", affirmait-il, encore prudent malgré cette confiance qui ne cesse de croître. "Je crois que j'ai encore des lacunes à combler, mais à l'heure actuelle on arrive à être rapides un peu partout, et ça me donne confiance, assurément. Je crois qu'en cas de piste mouillée ou en conditions mixtes, je ne suis pas encore assez compétitif pour figurer parmi les cinq premiers, alors il y a encore beaucoup de travail à faire. Mais sur le sec, avec ce que j'ai pu constater avec les tests et une course, on est assurément rapides."
L'axe de progression principal qu'il avait identifié à l'aube de sa deuxième saison concernait les qualifications, assurément son point faible l'an dernier en dépit de sa capacité à compenser en course ses mauvaises positions de départ. Et en Indonésie, il se félicitait d'un début de championnat particulièrement réussi de ce point de vue : "On a clairement progressé sur ce point. Ça n'est toutefois que la deuxième course et je voudrais voir comment ça ira à la moitié du championnat. Mais pour le moment, il est vrai que seuls Martín et moi sommes entrés dans les cinq premières places. On sait que Jorge est très, très rapide en qualifs, tandis que moi, j'ai toujours rencontré des difficultés, alors être devant dans un exercice qui ne m'a jamais très bien réussi, ça veut dire que la confiance est belle."
Place désormais à un nouveau challenge cette semaine, avec un Grand Prix d'Argentine que le MotoGP redécouvre après trois ans d'absence. Et s'il s'agissait d'une nouvelle chance à saisir pour Enea Bastianini ? "L'Argentine est une piste qui me plaît beaucoup", affirme-t-il, lui qui a connu une course mouvementée à Mandalika. "On sort d'une course un peu mitigée en Indonésie. Les conditions n'étaient pas géniales, mais on a progressé sur le mouillé, ce qui n'est pas rien, alors je suis content." Content, peut-être, mais certainement décidé à faire mieux dès cette semaine.
Avec Vincent Lalanne-Sicaud
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