MotoGP GP de Saint-Marin

Les facteurs qui ont remis Marc Márquez au centre du jeu

Marc Márquez juge sa victoire à Misano "encore plus importante" que celle en Aragón, car elle confirme qu'il est désormais capable de lutter avec les leaders de Ducati. Les évolutions ne sont pas à chercher du côté de sa moto mais dans une meilleure confiance à son guidon.

Marc Marquez, Gresini Racing Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Après des débuts très encourageants sur la Ducati, qui ont même poussé la marque à le promouvoir dans son équipe officielle au détriment de Jorge Martín et Enea Bastianini, Marc Márquez semblait avoir marqué le pas. L'Espagnol était légèrement décroché depuis le début de la saison européenne, ce qui était en partie attribué à une GP23 de plus en plus dominée par le modèle le plus récent de la Desmosedici, mais la situation a changé dans les dernières courses.

Au Red Bull Ring, Márquez a retrouvé de bonnes sensations et la question de sa capacité à gagner s'est de nouveau posée, cependant la carcasse spéciale apportée pour cette course pouvait troubler la donne en sa faveur. Márquez a toutefois fait encore mieux au GP d'Aragón, en dominant le week-end de bout dans des circonstances une nouvelle fois favorables, entre un tracé fait de longues courbes sur la gauche, dans lesquelles il excelle, et une adhérence précaire qu'il a mieux appréhendée que ses rivaux. Puis l'Espagnol a récidivé au GP de Saint-Marin, cette fois en tirant profit d'une courte averse pour se propulser en tête.

Si la victoire en Aragón, conquise après trois ans de disette, a été la plus forte "au niveau des émotions", celle de Misano a encore mieux illustré son retour au premier plan. "Pour moi, celle-là est encore plus importante, pas parce que c'est la dernière, mais parce qu'elle est arrivée dans des conditions normales, sur un circuit normal, avec un grip normal", a souligné Márquez, qui a certes profité de la pluie mais a été dans le coup à chaque séance. "J'ai été rapide tout le week-end, toujours dans le top 3 ou 4 dans les chronos. C'est le plus important pour les prochaines courses."

Comment expliquer le bond en avant de Marc Márquez depuis la trêve estivale ? Il ne vient pas en tout cas de changements particuliers sur sa moto, Ducati s'étant engagé à offrir le même traitement aux pilotes Gresini et VR46. "J'ai autant de soutien que pour les autres GP23, exactement le même", a assuré Márquez après sa victoire à Misano. Le #93 attribue surtout ses progrès à une harmonie trouvée sur sa moto. Alors qu'il cherchait à s'adapter à une machine très différente de la Honda en début d'année, il a commencé à jouer sur de plus gros réglages récemment.

"Il semble qu'on était vraiment au contact dans la première partie du championnat, puisqu'on a eu du mal. Il ne faut pas oublier que c'est ma première année sur cette moto, ma première année avec les techniciens, ma première année dans l'équipe. Parfois, il faut du temps pour connaître la direction."

Marc Marquez, Gresini Racing Team

Marc Márquez

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

"On est restés dans cette direction, avec des réglages de base, puis on s'est un peu adaptés à mon style de pilotage, et j'ai commencé à me sentir de mieux en mieux, à Silverstone en particulier, où j'avais beaucoup de mal. On a décidé de faire un gros changement, de chercher une autre direction, et je me suis senti de mieux en mieux. J'aurai du mal sur certains circuits mais avec ces réglages de base, je suis plus proche [des pilotes de la GP24]."

Márquez parvient ainsi à mieux s'exprimer sur la Ducati : "Mentalement, je commence à me sentir de plus en plus fort. Aragón, le Red Bull Ring et cette course [à Misano] m'ont apporté de la confiance. L'Aragón a toujours été une bonne piste pour moi mais [à Misano], j'ai mené, j'ai creusé un écart... Parfois, on oublie ces sensations et j'ai pu les retrouver." 

"Par exemple, quand on était à Austin, dans les virages à gauche, je n'avais pas encore cette confiance", a-t-il précisé, confiant se rapprocher des sensations qu'il avait lors des saisons précédentes : "Maintenant, je pilote comme sur la Honda, c'est mon style. Je perds du temps dans les virages à droite – je commence à en perdre moins, à me rapprocher de Pecco [Bagnaia] qui est le plus rapide à ce niveau. On verra si on pourra continuer comme ça."

Ce qui manque encore à Márquez

Les récents succès de Marc Márquez ont également rassuré sur son potentiel physique. La blessure de 2020, celles qui ont suivi les années suivantes, les quatre opérations et les diverses périodes de convalescence ont laissé des traces chez un pilote désormais trentenaire, néanmoins il se sent aujourd'hui suffisamment en forme pour lutter... tout en restant conscient de certaines faiblesses.

"Pour le dire sincèrement, physiquement ça va moins bien. En 2019, mon corps allait plus ou moins bien. Oui, maintenant, je vais suffisamment bien, je le montre en piste en me battant avec les leaders, mais je dois travailler un peu plus chez moi."

Marc Marquez, Gresini Racing Team

Marc Marquez, Gresini Racing Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

"Dans des conditions normales comme [à Misano], c'était comme en 2019, même si 2019 était à un tout autre niveau", a-t-il précisé, restant encouragé par son potentiel actuel : "Je sens que je peux jouer avec mon corps, je peux commencer à jouer plus avec la moto. Il y a encore quelques points faibles, comme les virages 11 ou 9, où Pecco est super rapide. Il faudra comprendre cela pour le week-end prochain. Je ne serai pas plus rapide mais je me rapproche de lui. Il y a encore des choses à découvrir mais à chaque fois qu'on gagne en confiance, on arrive à mieux jouer avec le corps et être plus rapide."

Les deux derniers week-ends, qui ont vu Jorge Martín et Pecco Bagnaia laisser filer de gros points, ont permis à Márquez de faire passer son retard sur le leader du championnat de 83 à 53 points. Avec encore sept manches au programme, il a largement le temps de combler l'écart pour décrocher un septième titre en catégorie reine dès cette année.

Mais si l'intéressé reconnaît que ses chances sont "plus [élevées] que la semaine dernière", il estime devoir encore gagner en constance et gommer les erreurs qui troublent ses week-ends, comme sa chute en Q2 à Misano. S'il y parvient et connaît de nouvelles courses aussi favorables, tout sera possible : "Je suis plus proche mais je garde la même mentalité. Si je veux me battre avec [les leaders du championnat], je ne dois pas faire ces petites erreurs en sprint, en qualifications, pendant les essais le vendredi."

"Ces erreurs en qualifications, ça peut arriver mais sinon, la confiance que je ressens quand je suis rapide et que je suis proche d'eux est de plus en plus forte. Il y aura des circuits sur lesquels j'aurai du mal. J'imagine, ou j'espère, que certaines courses en Asie se feront dans des conditions pluvieuses. Alors, tout est plus ouvert et tout peut arriver." 

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