Pour Pol Espargaró, les innovations rebutent de nouveaux constructeurs

Pol Espargaró estime que les constructeurs susceptibles de s'engager en MotoGP risquent d'être découragés par les moyens à mettre en œuvre pour se mettre au niveau de la technologie atteinte ces dernières années. Le pilote Honda s'interroge sur l'intérêt de la course au développement.

Pol Espargaro, Repsol Honda Team

Pol Espargaro, Repsol Honda Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Le niveau actuel de technologie atteint par le MotoGP fait débat. L'aérodynamique ou des dispositifs comme le holeshot device sont-ils susceptibles de nuire au spectacle ? Empêchent-ils les pilotes d'exprimer leur talent ? Les records de vitesse de pointe et celle conservée en courbe sont-ils trop élevés ? Pour Pol Espargaró, le degré de sophistication actuel de la catégorie reine nuit également à son attractivité auprès des constructeurs.

Car si une marque comme Ducati se réjouit de transformer son implication en MotoGP en laboratoire pour les modèles par la suite vendus en concession, le Catalan estime que le niveau atteint est désormais un frein pour trouver un remplaçant à Suzuki, en raison des moyens nécessaires pour combler le retard sur les constructeurs déjà présents. Il juge également cette débauche de technologie inutile pour le spectacle.

"Pourquoi est-ce qu'on a tout ça ?" s'est interrogé Espargaró. "Pour être plus rapides, c'est tout. Juste pour être plus rapides, on veut faire de meilleurs chronos. Pourquoi être trois secondes plus rapides au tour ? On nous dit 'il faut dépasser les 350 km/h en bout de ligne droite' ou 'il faut prendre ce virage une demi-seconde plus vite.' Personne ne demande vraiment qu'on soit plus rapides en ajoutant des choses sur la moto et en rendant les motos plus difficiles."

"Je vois un problème de plus avec la situation actuelle : il y a une place libre pour un nouveau constructeur [et] quel constructeur va venir actuellement, avec les devices à l'arrière pour que la moto soit très basse ? On sait à quel point c'est dur de voir quel ensemble aérodynamique fonctionne, quel aileron fonctionne de quel côté, comment fonctionne le device à l'avant ou à l'arrière, ce qu'on peut avoir avec l'électronique..."

"C'est tellement difficile et critique de développer une moto que pour un nouveau constructeur, il faudrait être très courageux pour venir ici [...] avec beaucoup d'argent à dépenser en soufflerie pour faire des ailerons et toutes ces choses."

Un lien de plus en plus ténu avec les modèles de route

Pol Espargaro, Repsol Honda Team

Pol Espargaró

Et pour Pol Espargaró, les innovations apportées par Ducati sont si extrêmes que le pont avec les modèles de série n'est désormais plus si évident : "On a vu de très grosses Ducati dans les rues, mais elles sont très éloignées [des prototypes du MotoGP]. Chez Honda ou chez Yamaha, ce n'est pas si éloigné. Chez Ducati, il y a plus de choses sur la moto [engagée en compétition]. Je ne suis pas opposé à ça, parce que les règlements permettent tout en ce moment [mais] ça rend la situation super, super difficile et après je pense que c'est un gros problème pour des constructeurs."

"Combien d'ailerons sont similaires aux Ducati que l'on voit dans la rue ?" a-t-il questionné. "Il y a de petits ailerons sur la Panigale, mais si on regarde la Ducati, elle est remplie d'ailerons. Je sais que c'est aussi le cas en Formule 1 mais ce que je me demande, c'est quel est le sens de tout ça ? Ici, on essaie de faire de meilleures motos pour la série. En utilisant ce genre d'ailerons, cette aérodynamique, est-ce qu'on fait de meilleures motos pour les gens ou est-ce qu'on fait une faveur à celui qui va acheter une moto de route ?"

Pol Espargaró ne nie pas les innovations issues de la compétition par le passé mais estime que le développement aérodynamique pourra difficilement être transféré sur la moto de monsieur tout le monde : "On a amélioré l'électronique – ce qui va sauver des vies dans les accidents –, les freins, le couple, la façon dont la puissance arrive – c'est plus doux et agréable –, l'adhérence, la stabilité au freinage... Toutes ces choses, ça fonctionne, mais les ailerons ? [...] Ça ne fait que compliquer les choses mais au final, c'est le MotoGP. C'est aussi un prototype, donc ça va."

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