Le 600e GP : Affaibli, Villeneuve résiste et égale son père
À l'occasion du 1000e GP du Championnat du monde de F1, Motorsport.com vous fait revivre les épreuves aux nombres symboliques de l'Histoire de la discipline. Voici le récit du 600e Grand Prix, celui d'Argentine 1997.
Le 1000e GP du Championnat du monde de F1
À l'occasion du 1000e GP du Championnat du monde de F1, en Chine, Motorsport.com revient sur des moments historiques de la discipline.
Alors que la saison 1997 en est à ses balbutiements, la Formule 1 s'apprête à organiser le 600e Grand Prix de son Histoire. Nous sommes le week-end du 13 avril et le paddock a rendez-vous en Argentine, après deux premières manches disputées en Australie puis au Brésil. L'Autódromo de Buenos Aires, qui accueille ce rendez-vous, n'offre pas un cadre forcément propice aux monoplaces : le revêtement est en très mauvais état, la piste bosselée et poussiéreuse.
Sur le plan sportif, c'est en co-leaders que David Coulthard et Jacques Villeneuve arrivent sur le tracé sud-américain, tous deux victorieux de l'une des deux épreuves précédentes. Vainqueur au Brésil, le Canadien est en verve et bénéficie d'une Williams-Renault qui affiche sa supériorité en ce début d'exercice. La FW19 confirme ce statut en qualifications avec une pole position signée par le Québecois devant son coéquipier Heinz-Harald Frentzen, en dépit des critiques qui touchent l'Allemand quant à ses performances. Des critiques qui ciblent également Eddie Irvine chez Ferrari, où il subit la loi d'un certain Michael Schumacher.
À Buenos Aires, la tenue des pneumatiques s'avère cruciale. Alors qu'elles confirment l'emprise des Williams en première ligne, les qualifications mettent à l'honneur Olivier Panis, troisième à une seconde pleine de Villeneuve au volant de la Prost à moteur Mugen-Honda. Le Français se paie alors le luxe de devancer Schumacher, quatrième sur la grille.
Le dimanche, à l'extinction des feux, le pilote Ferrari se mue en animateur du premier tour en prenant l'ascendant sur Panis – dans une manœuvre plutôt limite –, mais l'enchaînement suivant tourne en sa défaveur. Il harponne l'arrière de la Stewart de Rubens Barrichello, puis perd toute chance d'aller plus loin. Schumacher abandonne sa F310B en bord de piste, espérant sans doute un drapeau rouge… qui ne viendra jamais. Il y a bien du grabuge dans le peloton et plusieurs débris en piste, mais la direction de course opte alors pour une neutralisation de la course par la voiture de sécurité.
L'accrochage entre Schumacher et Barrichello, peu après le départ.
Villeneuve, lui, a pris un envol parfait et distancé la meute. Il fait de même lorsque la voiture de sécurité s'efface. Pourtant, le Canadien est loin d'être dans la forme de sa vie… Malade depuis la veille, il ne mange rien et cristallise les craintes au sein de son équipe, qui redoute une déshydratation pendant la course. "J'ai attrapé un virus entre les deux courses et je ne garde aucune nourriture depuis deux jours ; je me sens faible", a-t-il confié auparavant.
Alors qu'il mène le Grand Prix, son coéquipier Frentzen est contraint à l'abandon dès le sixième tour, suite à un problème d'accélérateur. Un mal qui va également toucher un peu plus tard la Prost d'Olivier Panis, qui était pourtant le plus rapide en piste et en passe de faire la jonction avec la tête de course.
Olivier Panis est contraint à l'abandon au 18e tour.
Le scénario de ce Grand Prix d'Argentine s'oriente peu à peu vers un duel entre Villeneuve et Irvine, dont le rythme est implacable dans le dernier relais. Le Nord-Irlandais se rapproche irrémédiablement, et parvient à mettre le leader sous la menace dans les derniers tours. Il peut même tenter une attaque, que Villeneuve repousse pour finalement franchir la ligne d'arrivée en vainqueur… avec moins d'une seconde d'avance.
Il n'hésite pas à décrire cette course comme "la plus dure physiquement", compte tenu de son état de santé. Il n'empêche qu'en s'imposant, il décroche son sixième succès en Formule 1, ce qui est alors autant que son illustre père, Gilles Villeneuve. "Il faut cesser ces comparaisons", tranche-t-il toutefois. "Je ne suis pas ici pour battre la marque de Gilles. Son souvenir est éternel. Même si je gagnais dix fois plus de Grands Prix, jamais je ne pourrais le faire oublier."
Villeneuve et Irvine dans les derniers tours du GP d'Argentine.
Au terme de cette course animée, derrière les duettistes Villeneuve et Irvine, c'est Ralf Schumacher qui rafle la troisième marche du podium. L'Allemand dispute sa première saison en F1 et fait briller la Jordan-Peugeot en tirant son épingle du jeu. Il devient alors le plus jeune à monter sur un podium de la catégorie reine, à 21 ans. C'est d'autant plus remarquable que les deux Jordan, la sienne et celle des Giancarlo Fisichella, se sont accrochées plus tôt dans la course. Mais sur le plan stratégique, le recours aux gommes dures est payant.
Au soir de cette troisième manche de la saison, fort de deux victoires en trois Grands Prix, Villeneuve s'installe solidement seul aux commandes du championnat. Il compte 12 unités d'avance sur Michael Schumacher, qui va au fil des mois inverser la tendance pour maintenir le suspense dans la lutte pour le titre jusqu'à la dernière course de la saison. Une finale sous haute tension et à grande polémique à Jerez, qui elle aussi a marqué l'Histoire sur le chemin des 1000 Grands Prix de F1 !
Ralf Schumacher au volant de la Jordan 197 à moteur Peugeot.
Grand Prix d'Argentine 1997
Pilote | Voiture/Moteur | Trs | Écart/Cause | |
1 | Jacques Villeneuve | Williams/Renault | 72 | 1:52'01.715 |
2 | Eddie Irvine | Ferrari | 72 | 0.979 |
3 | Ralf Schumacher | Jordan/Peugeot | 72 | 12.089 |
4 | Johnny Herbert | Sauber/Petronas | 72 | 29.919 |
5 | Mika Häkkinen | McLaren/Mercedes | 72 | 30.351 |
6 | Gerhard Berger | Benetton/Renault | 72 | 31.393 |
7 | Jean Alesi | Benetton/Renault | 72 | 46.359 |
8 | Mika Salo | Tyrrell/Ford | 71 | 1 tour |
9 | Jarno Trulli | Minardi/Hart | 71 | 1 tour |
10 | Jan Magnussen | Stewart/Ford | 66 | Moteur |
Ab | Nicola Larini | Sauber/Petronas | 63 | Sortie de piste |
Ab | Pedro Diniz | Arrows/Yamaha | 50 | Moteur |
Ab | Shinji Nakano | Prost/Mugen-Honda | 49 | Moteur |
Ab | Jos Verstappen | Tyrrell/Ford | 43 | Moteur |
Ab | Ukyo Katayama | Minardi/Hart | 37 | Sortie de piste |
Ab | Damon Hill | Arrows/Yamaha | 33 | Moteur |
Ab | Giancarlo Fisichella | Jordan/Peugeot | 24 | Accrochage |
Ab | Rubens Barrichello | Stewart/Ford | 24 | Hydraulique |
Ab | Olivier Panis | Prost/Mugen-Honda | 18 | Électrique |
Ab | Heinz-Harald Frentzen | Williams/Renault | 5 | Embrayage |
Ab | Michael Schumacher | Ferrari | 0 | Accrochage |
Ab | David Coulthard | McLaren/Mercedes | 0 | Accrochage |
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