Chez Force India, on trouvait Pérez "très solide émotionnellement"

Stratège dans la structure de Silverstone de 2015 à 2022, Bernie Collins évoque les difficultés récentes de Sergio Pérez et le contraste avec le pilote qu'elle a côtoyé pendant six saisons.

Sergio Perez, Sahara Force India F1 VJM10

Sergio Pérez a quelque peu perdu de sa superbe depuis qu'il a rejoint Red Bull Racing, surtout au terme d'une saison 2023 particulièrement difficile. Il a conclu celle-ci par 17 Grands Prix consécutifs sans la moindre pole position ni victoire au volant de l'une des monoplaces les plus compétitives de tous les temps en Formule 1, pendant que son coéquipier Max Verstappen écrasait tout sur son passage.

Ayant gravi les échelons côté stratégie dans la structure de Silverstone jusqu'à être directrice de la stratégie course chez Aston Martin, désormais consultante sur Sky Sports F1, Bernie Collins tient pourtant Pérez en haute estime – bien qu'elle ne le considère pas comme le pilote le plus talentueux avec lequel elle ait collaboré.

Chez Force India, Pérez avait acquis la réputation d'un pilote ayant le don de prendre soin de ses gommes, exécutant ainsi des stratégies audacieuses – pour le plus grand plaisir de celle qui les concoctait. De surcroît, son état d'esprit était manifestement différent.

"C'était très facile de travailler avec lui en cas de mauvaises qualifications, car il renversait immédiatement la situation et était bon en course", se remémore Collins dans le podcast Beyond The Grid. "Quand les qualifications étaient mauvaises pour quelque raison que ce soit, j'arrivais toujours dans le bureau un peu découragée, en mode 'Ce n'est pas ce qu'on attendait, on voulait bien mieux, ça va être une course difficile'. Et très souvent, Checo demandait déjà : 'Bon, qu'est-ce qu'on va faire en course ? On part 18e'. Je me disais : 'Je n'ai même pas encore surmonté la négativité, et tu me demandes déjà comment on va résoudre ça'. Un départ depuis la 18e place n'a évidemment pas été simulé."

"J'ai toujours trouvé, particulièrement avec sa famille autour de lui, qu'il était très solide émotionnellement à l'époque. Forcément, c'est très différent quand on est le pilote qui marque le plus de points. C'est une situation très différente de Red Bull."

Sergio Perez, Force India et Bernie Collins, ingénieur de la stratégie Force India

Sergio Pérez discute avec Bernie Collins chez Force India

"Je pense que sa réputation a souffert. Au début de l'année [2023], il était très compétitif – j'ai été surprise de voir comme il était compétitif face à Max. J'ai un faible pour Checo, aucun doute là-dessus, car pendant de nombreuses années, c'est lui qui marquait des points dans l'équipe en faisant des choses comme la stratégie du GP de Russie 2015, il faisait ce qu'on lui demandait." Dans cette course, Pérez occupait la cinquième place lorsqu'il était rentré au stand pour un unique arrêt au 12e des 53 tours. Se hissant au troisième rang, il avait été doublé par Valtteri Bottas et Kimi Räikkönen en fin d'épreuve, mais l'accrochage des Finlandais dans la dernière boucle lui avait permis de récupérer le podium.  

​"Il n'est pas le même pilote que Max [Verstappen]. Max est un bien meilleur pilote. Il n'est probablement le stratège qu'était Sebastian [Vettel], car Sebastian est un bien meilleur stratège. Mais il était très bon dans la gestion des pneus et travaillait très bien avec son ancien ingénieur, Tim [Wright], pour améliorer ses qualifications."

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"À une époque, il était très mauvais en qualifications, c'était clairement sa faiblesse, alors il a travaillé pour améliorer ça. Je dirais que Sebastian est probablement le meilleur pilote avec lequel j'aie travaillé, mais Checo – dans cette équipe avec le groupe que nous avions sur le muret des stands, qui n'a pas tellement changé à ce jour – faisait beaucoup de bonnes choses avec cette voiture."

Sebastian Vettel, Aston Martin, sur la grille avec un ingénieur

Sebastian Vettel sur la grille de départ au Grand Prix de France 2022, l'un des derniers de Collins chez Aston Martin

Collins a effectivement eu le loisir de collaborer avec Vettel pendant un an et demi, lors des saisons 2021 et 2022, et a été impressionnée par le quadruple Champion du monde – non seulement par son talent pur mais aussi et surtout par son intelligence et ses connaissances historiques.

"Il y a deux choses : il comprenait très bien ce que l'on essayait d'accomplir et les raisons pour lesquelles cela pouvait fonctionner ou non", souligne la Nord-Irlandaise. "Et il avait une très bonne mémoire quant à ce qui était arrivé dans le passé. Il passait souvent en revue d'anciennes courses et disait par exemple : 'Et en 2010 ?'. Je répondais : 'Je ne suis pas remontée si loin en arrière'. Alors il fallait étudier ce cas précis."

"Beaucoup de grands pilotes, notamment Sebastian, étaient vraiment capables de visualiser ce qui se passait autour d'eux et la stratégie que l'on essayait de mener à bien ; il était capable d'imaginer les lignes que nous avions sur le papier telles qu'elles se matérialisaient en vrai."

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