La victoire d'Ocon répond au "club des milliardaires" décrié par Hamilton

Esteban Ocon a été confronté à de nombreux écueils avant de s'offrir son premier succès en F1. Le Français a vécu dans une caravane pour que ses parents puissent financer une carrière qui a régulièrement été menacée, malgré de bons résultats.

Le vainqueur Esteban Ocon, Alpine F1, fête sa victoire

Le vainqueur Esteban Ocon, Alpine F1, fête sa victoire

Glenn Dunbar / Motorsport Images

Esteban Ocon va se présenter pour la première fois en vainqueur de Grand Prix quand il arrivera à Spa cette semaine. Le Normand s'est imposé à Budapest en défiant tous les pronostics, Alpine n'ayant pas le niveau pour se mesurer à Mercedes et Red Bull cette année. Cette victoire est d'autant plus admirable qu'Ocon aurait pu ne jamais rejoindre la F1.

Issu d'un milieu modeste, Ocon est bien loin du "club de jeunes milliardaires" qu'est devenue la F1 selon Lewis Hamilton. "Si je devais repartir à zéro au sein d'une famille de la classe ouvrière, il me serait impossible d'être [en F1] aujourd'hui parce que les autres garçons auraient beaucoup plus d'argent", déplorait le septuple Champion du monde il y a quelques semaines.

Loin des parcours des Lance Stroll, Nicholas Latifi ou Nikita Mazepin, financés par leurs pères milliardaires, ou même de Lando Norris, fils d'un homme d'affaires dont la fortune est estimée à plus de 200 millions d'euros, Ocon a dû se battre pour atteindre la F1, avec plusieurs écueils sur sa route. Mais c'est surtout dans sa jeunesse que le Français a traversé des difficultés. Ses parents ont fait d'importants sacrifices pour lui permettre de poursuivre sa carrière.

"Ils ont donné tout ce qu'ils pouvaient, il ne restait rien", expliquait Ocon dans le podcast Beyond the Grid en 2018. "Ils ont vendu [la maison et le garage] pour la compétition. On vivait dans une caravane. Je n'aime pas en parler en général. Je n'aime pas expliquer cette histoire parce que c'était très dur. Repenser à ces moments et me dire que maintenant je suis [en F1], c'est assez fou."

"Ils m'ont soutenu et ils ont cru en moi dès le premier jour. Ils ont mis leur vie de côté pour m'aider à arriver où je le voulais. Ils ont cru en moi quand tout le monde disait que c'était impossible. Même dans ma famille, certains disaient qu'ils étaient fous et qu'il ne fallait pas le faire. Et ils y croyaient. On a réussi."

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La carrière d'Ocon semblait sur les bons rails quand il a intégré le programme Gravity, alors affilié à Lotus en F1, et qu'il a été titré en Championnat d'Europe de F3. Mais le programme s'est brutalement interrompu et ce n'est que grâce à son titre en GP3 que le pilote tricolore a pu continuer sa carrière, obtenant ainsi le soutien de Toto Wolff, patron de l'équipe Mercedes. "S’il ne m’avait pas aidé entre fin 2014 et début 2015, à l’heure actuelle, je serais probablement en train de faire cuire des burgers chez McDonalds", déclarait Ocon dans les colonnes du JDD en 2017.

Cette arrivée dans le programme de Mercedes n'a pas suffit à assurer la carrière d'Ocon. Après avoir été placé chez Renault, au poste de pilote d'essais, puis Manor pour des débuts en Grands Prix à Spa en 2016, il a rejoint Force India avec de bons résultats et finalement une impasse. L'été 2018 est resté dans les mémoires : en grande difficulté financière, l'équipe de Silverstone a été rachetée par Lawrence Stroll durant la pause estivale.

Malgré la très belle troisième place d'Ocon en qualifications à la course suivante, à Spa, une arrivée de son fils Lance Stroll dans l'équipe est vite devenue une évidence. Sergio Pérez apportant un budget important grâce à ses sponsors, Esteban Ocon s'est retrouvé sur la touche pour 2019 et a dû se contenter d'un rôle de pilote de réserve de Mercedes, en attendant son retour en F1 la saison passée avec Renault, depuis devenu Alpine.

Esteban Ocon avec son père et Toto Wolff après son titre en GP3 en 2015

Esteban Ocon avec son père et Toto Wolff après son titre en GP3 en 2015

Ocon a maintenant un avenir assuré à long terme puisqu'il a prolongé avec Alpine jusqu'en 2024, Charles Leclerc étant le seul pilote du plateau disposant d'un contrat avec une échéance si lointaine. Il estime que les embûches l'ont rendu plus fort : "La vie n'est pas toujours facile, et on apprend toujours des moments compliqués", confiait Ocon à GP Racing avant son succès à Budapest. "Je suis certain que l'expérience chez Mercedes, mon expérience chez Force India, font le pilote que je suis aujourd'hui, un pilote plus complet, plus expérimenté."

"En même temps, c'est sûr que ce n'était pas fun. Il y a eu des moments très stressants. Il m'est arrivé de ne pas dormir pendant trois jours. Mais au final, ça valait le coup, parce que c'est bien d'être où je suis aujourd'hui."

Ocon n'a jamais renoncé et a toujours cru en sa bonne étoile... ou plutôt en son travail : "J'ai toujours pensé qu'en faisant le boulot, il y aurait une place pour moi, un baquet pour moi, et que si j'avais plus de motivation que tous les autres, ça se verrait. Et c'est ce qui s'est passé. Je suis très heureux d'être ici maintenant, mais je suis également heureux que ce soit derrière moi."

Alors que l'avenir d'Esteban Ocon était très incertain à Spa il y a trois ans, il apparaît plus radieux que jamais au même stade de la saison 2021. Ce n'est peut-être pas une solution à la tendance du "club de jeunes milliardaires" évoquée par Lewis Hamilton, mais le pilote Alpine a néanmoins eu le mérite de démontrer que l'on peut gagner en F1 sans naître avec une cuillère en argent dans la bouche.

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