Ces particularités qui rendent Adrian Newey spécial

Pour David Coulthard, ce qui rend Adrian Newey aussi spécial en Formule 1 n'est pas tant son CV que sa compréhension de ce dont a besoin un pilote de course, étant lui-même pilote à ses heures perdues.

Le vainqueur Max Verstappen, Red Bull Racing, Adrian Newey, directeur technique, Red Bull Racing

Adrian Newey est à quelques mois de quitter Red Bull définitivement. Aujourd'hui, celui qui fut son directeur technique puis son directeur technique en chef n'est déjà plus réellement impliqué dans le fonctionnement de l'écurie autrichienne, où il jouait un rôle de conseiller de luxe offrant ses retours à la structure technique en place. 

Beaucoup auront beau répéter qu'un homme ne fait pas tout, la réussite des projets dans lesquels Newey a été impliqué au fil de sa carrière, avec quelques épisodes glorieux de l'Histoire de la F1 comme les révolutionnaires Williams du début des années 1990 ou bien l'ultra-dominatrice RB19 de 2023, ainsi que sa notoriété font de son départ un événement qui va au-delà d'un simple mouvement de personnel. Il n'y a d'ailleurs qu'à voir la frénésie dès qu'une rumeur sur son futur point de chute apparaît.

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En attendant de savoir si, oui ou non, il va s'impliquer dans le projet Aston Martin comme cela semble aujourd'hui être la tendance, Motorsport.com a interrogé un ancien pilote qui connaît très bien l'ingénieur britannique. David Coulthard a en effet travaillé avec Newey a plusieurs moments de sa carrière et dans plusieurs écuries : d'abord chez Williams, quand l'Écossais n'était alors qu'un pilote essayeur au milieu des années 1990, puis chez McLaren. Quand Coulthard a fait le pari de rejoindre Red Bull au milieu des années 2000, il a contribué à convaincre le technicien de se joindre à lui.

Il est difficile de séparer les trajectoires de Newey et de Red Bull : à mesure que l'influence de l'ingénieur grandissait et que ses réalisations se perfectionnaient, l'écurie s'est véritablement muée en une force sur laquelle, en Formule 1, il est désormais impossible de ne pas compter. Ce qui adviendra à partir de l'année prochaine, quand les chemins seront définitivement séparés, reste à déterminer, mais pour Coulthard il est clair que ce qui différencie Newey de bons nombres de ses contemporains, c'est de pouvoir se mettre à la place du pilote.

"J'ai travaillé avec Adrian lorsque j'étais pilote d'essai chez Williams, alors que j'avais une vingtaine d'années. J'ai ensuite travaillé avec lui chez McLaren", a d'abord rappelé le vainqueur de 13 Grands Prix en F1. "Adrian est un designer très talentueux, mais ce qui le distingue clairement des autres, c'est qu'il pense comme un pilote de course. Il est lui-même pilote amateur."

Adrian Newey au GP Historique de Monaco en 2016 au volant de la Lotus 49B.

Adrian Newey au GP Historique de Monaco en 2016 au volant de la Lotus 49B.

Photo de: Keith Sutton

"Il ne va pas effrayer Max avec ses temps au tour, mais il a participé au Grand Prix Historique de Monaco cette année avec sa Lotus, je crois. Il est capable de courir et il comprend donc ce dont parle un pilote lorsqu'il évoque le 'sous-virage à l'accélération' ou la transition entre sous-virage en entrée et survirage en sortie de virage. Il sait exactement ce que cela signifie parce qu'il l'a expérimenté lui-même. Je pense que cela l'aide beaucoup."

Autre aspect qui compte selon Coulthard : la connaissance complète du processus allant de la conception au pilotage d'une monoplace, l'Écossais mettant l'accent sur un profil qui va à l'encontre de la spécialisation de plus en plus importante des ingénieurs dans la F1 moderne. "Il a également été ingénieur de course et je pense donc qu'il constitue un package complet."

Il n'a pas un CV académique qui terroriserait beaucoup d'ingénieurs concepteurs, mais c'est un autre exemple de la différence entre la théorie et la pratique.

"De nos jours, on trouve des spécialistes, des ingénieurs en matériaux. Ils savent quels sont les bons matériaux pour fabriquer les pièces de la voiture. C'est leur domaine de compétence, ce ne sont pas des compétiteurs à proprement parler. Ce ne sont pas des ingénieurs, ni des ingénieurs de performance. Ce sont des ingénieurs en matériaux. Il faut beaucoup de gens spécialisés dans un rôle particulier, mais le leadership d'Adrian vient du fait qu'il comprend vraiment le processus [complet], de la conception à la fabrication, de la livraison au pilotage."

"Je pense que cela lui donne un avantage concurrentiel par rapport à des ingénieurs beaucoup plus qualifiés sur le plan académique. Il n'a pas un CV académique qui terroriserait beaucoup d'ingénieurs concepteurs, mais c'est un autre exemple de la différence entre la théorie et la pratique. Il faut des gens sur le terrain qui soient créatifs et performants."

Propos recueillis par Ronald Vording

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