Grip, vitesse, pneus... Les faiblesses de Honda décryptées par Marini

Luca Marini sent de petits progrès sur la Honda, et voit surtout des difficultés dans les virages rapides et les premiers tours des courses. Joan Mir voit aussi une légère amélioration dans le clan japonais.

Luca Marini, Repsol Honda Team

Luca Marini, Repsol Honda Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Honda peine à se défaire de son statut de constructeur le plus en difficulté en MotoGP. Les gros changements apportés à la moto et les différentes expérimentations depuis le début de la saison n'ont pas permis de véritables progrès, en attendant des évolutions qui vont arriver dans les prochaines semaines. Mais quelle est la principale source du mal ?

Au printemps, un manque de grip à l'arrière était évoqué par les différents pilotes de la marque. Déjà plus réservé sur ce problème que les autres à l'époque, Luca Marini estime que des progrès ont été faits dans ce domaine au cours des derniers mois.

"Dorénavant, ce n'est pas notre plus gros problème", assure celui qui a fait son arrivée chez Honda cette année. "Peut-être que sur la liste, c'est le quatrième, mais c'en est un quand même. Je pense que c'est le cas pour tout le monde, on n'a jamais assez de grip, tout le monde. Mais nous avons faits de bons changements sur la moto avec les nouveautés que l'on a apportées, donc on a plus d'adhérence à l'arrière."

"Bien sûr, ce n'est pas suffisant comparé aux Ducati, Aprilia et KTM. Actuellement, je pense que ce n'est pas ce problème qui fait qu'on est lents."

Faut-il chercher les faiblesses de Honda du côté du moteur, sachant que les pilotes de l'équipe officielle ont renoncé à une version plus puissante et attendent une évolution en fin de semaine, au Red Bull Ring ? "Non, non", assure Marini. "Le moteur est bon. Ce n'est pas si mal, on a besoin de vitesse, un peu de couple. Mais si vous demandez à un pilote Ducati, il vous répondrait la même chose."

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L'Italien voit néanmoins "beaucoup de choses" à améliorer sur la Honda et selon lui, la principale faiblesse vient de l'incapacité de la moto à conserver beaucoup de vitesse en courbe : "Ce qui est le plus parlant dans ce que l'on peut comparer, c'est la manière de tourner dans les virages. La Ducati officielle conserve plus de vitesse dans les virages, l'Aprilia aussi, surtout l'officielle. La vitesse dans les virages de cette moto est incroyable, on n'est pas en mesure de faire ça."

Luca Marini, Repsol Honda Team

Luca Marini

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

"On doit freiner un peu plus tôt, maintenir le frein avant plus longtemps et ralentir au milieu du virage pour bien positionner la moto. C'est le principal problème en ce moment mais ça ne peut pas se résoudre en modifiant le style de pilotage. Ça peut aider, mais ce n'est pas suffisant. Il faut que l'on travaille là-dessus pour apporter des nouveautés."

Marini perçoit également une faiblesse de la Honda en début d'épreuve, probablement liée à la façon d'exploiter les pneus avec le réservoir plein : "On est très distancés dans les premiers tours. Après, c'est plus ou moins une demi-seconde au tour par rapport à un bon groupe, pas sur les leaders mais sur un bon groupe. Mais dans les premiers tours, on prend des secondes [de retard]. On doit comprendre comment on met de l'énergie dans le pneu arrière et comment on fait travailler le pneu arrière en fin de course."

"Je pense qu'actuellement, en qualifications, on est plus ou moins en mesure de faire un bon tour en pneu tendre", a-t-il ajouté. "Quand on prend un composé plus dur, on a tout le temps du mal."

J'arrive à exploiter les points forts de la moto en évitant ses points faibles

Marini peut en tout cas se satisfaire de progrès à titre personnel. Souvent distancé par les autres pilotes de la marque dans la première partie du championnat, il a pris son premier point de l'année au Sachsenring et en avait inscrit en second à Silverstone, perdu en raison d'une pression trop basse dans son pneu avant. Plusieurs éléments lui ont permis de gagner en confiance sur la Honda, après trois saisons à piloter des Ducati.

"Ce n'est pas qu'une chose, c'est un tout. J'ai fait de gros progrès dans mon pilotage, j'essaye de m'adapter à ce dont la Honda a besoin pour être rapide. Quand tu viens d'un autre constructeur, c'est très difficile au début de juste fonctionner à l'instinct car tu reproduis ce que tu faisais la saison précédente, mas ce n'est peut-être pas le mieux pour être performant avec notre moto en ce moment. J'ai atteint un très bon niveau à cet égard. J'arrive à exploiter les points forts de la moto en évitant ses points faibles."

"La moto a aussi beaucoup évolué, nous avons fait de gros progrès en changeant les réglages. Je ne dirais pas qu'elle n'est pas plus facile à piloter mais je peux prendre du plaisir en pilotant. Quand je veux être plus rapide, maintenant c'est plus facile pour moi, car on s'est rapprochés du concept de la moto que j'ai en tête."

Luca Marini, Repsol Honda Team

Luca Marini, Repsol Honda Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

"Je peux prendre plus de plaisir, essayer d'être plus rapide et les nouveautés que Honda nous a apportées m'ont permis d'être plus performant, comme pour les autres pilotes Honda. Même si ce n'est pas encore suffisant, ces trois éléments réunis nous donnent plus de performances."

Et même s'il se sait "encore très loin", Marini se réjouit de voir Honda légèrement réduire l'écart avec la concurrence, sans excès de confiance : "Je suis heureux de voir notre performance progresser, on fait de petits progrès à chaque Grand Prix, mais le problème, c'est que ce ne sont que de petits progrès... Il faut encore travailler pour avoir un rythme correct."

"Maintenant, on peut se battre contre la Yamaha de Fabio Quartararo en qualifications mais il avait un rythme légèrement supérieur au moins pendant le sprint [à Silverstone], donc il faut travailler un peu pour être rapides pendant plus de tours plus facilement, J'ai l'impression que je peux attaquer de manière agressive pour faire un tour rapide, mais quand il s'agit d'être régulier en course, je suis en difficulté.  Zarco semble avoir le contrôle et arrive à mieux gérer."

Mir perçoit aussi des progrès

Interrogé sur cette note d'optimisme de la part de son coéquipier, Joan Mir a préféré ironiser sur leur situation actuelle. "On est tous les deux à 18 secondes..." a souligné le Champion du monde 2021 à l'arrivée du sprint en Grande-Bretagne. "Je suis content qu'il soit heureux ! Mais je ne le suis pas. C'est la réalité !"

Marini n'est en tout cas pas le seul à progresser sur la Honda. Malgré le V4 moins puisant utilisé récemment, Mir a "retrouvé de bonnes sensations" sur sa moto grâce à de bons changements de réglages : "Avec cette configuration moteur, on perd en performance. On a aussi vu que Taka a rencontré beaucoup de difficultés ce week-end [à Silverstone], il se plaignait de la même chose que moi avec le caractère de ce moteur. Mais il n'y avait pas que ça."

"On a fait un retour en arrière en reprenant les réglages que j'avais en début de saison car je pouvais mieux solliciter l'avant. En course, j'étais content de mon ressenti donc nous allons probablement garder cette base et ne plus rien toucher."

Avec Nina Prognon

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