Les incroyables confidences de Stroll sur son accident et son retour
Auteur d'un véritable exploit physique, Lance Stroll a accepté de revenir longuement sur deux semaines insensées, depuis sa chute de vélo jusqu'à sa sixième place à Bahreïn, en passant par une convalescence éclair.
"Je ne pense pas que quiconque puisse vraiment imaginer…" suppose Lance Stroll avant de livrer son récit. Plutôt discret, si ce n'est mystérieux, quand il s'agit de s'exprimer devant un micro, le Canadien a finalement accepté de détailler ce qu'il décrit comme "les deux semaines les plus folles de [sa] vie". Deux jours après une sixième place héroïque au Grand Prix de Bahreïn, disputé avec deux poignets et un pied meurtris, et après quinze jours passés à distiller les informations au compte-goutte quant à son état de santé, il s'est livré. De quoi mesurer, certainement, l'ampleur de l'exploit.
À ceux qui en douteraient encore, Lance Stroll apporte une confirmation : peu de sportifs professionnels sont faits du même bois que le commun des mortels. Dans le podcast F1 Nation, il évoque tout d'abord les circonstances de son accident de vélo, survenu juste avant de prendre la direction de Sakhir pour les essais hivernaux.
"Je suis tombé de mon vélo, je suis tombé très fort", raconte-t-il. "J'ai su tout de suite que je m'étais cassé quelque chose, que mes deux poignets étaient touchés. Et mon orteil, je ne m'en suis rendu compte qu'en fin de journée car j'étais très concentré sur mes poignets. J'ai dû marcher 20 ou 30 minutes pour revenir de l'endroit où je suis tombé jusqu'à la voiture, car on roulait dans la forêt. Je me disais déjà que j'allais probablement manquer quelques Grands Prix, peut-être revenir en Australie ; toutes ces pensées se bousculaient et le timing était horrible, quatre jours avant de partir pour les essais hivernaux... Moins même, deux jours avant de partir et quatre jours avant d'être dans la voiture. Le monde entier s'est écroulé autour de moi…"
La présence de Lance Stroll au GP de Bahreïn tiendrait presque du miracle.
Les heures qui ont suivi ont été celles des premiers diagnostics, mais ont également marqué le début d'une volonté très claire : rapidement, Lance Stroll a pris conscience qu'il lui restait une chance de déjouer les pronostics les plus pessimistes, à condition de s'entourer des meilleurs médecins. Et c'est finalement au docteur Xavier Mir, spécialiste en orthopédie et traumatologie, et membre de l'équipe médicale du MotoGP, qu'il s'en est remis.
"Je suis arrivé à l'hôpital, j'ai passé des radios et le poignet droit était cassé", détaille-t-il. "Ils n'ont pas tout de suite vu du côté gauche, et je ne n'avais même pas regardé mon orteil, car j'étais concentré sur mon poignet, mais mon orteil me tuait de douleur. Je me suis dit qu'il était probablement fracturé aussi. Ils sont revenus me voir vingt minutes plus tard et m'ont dit qu'il fallait m'opérer. Mais j'ai attendu avant de me faire opérer car je n'étais pas certain de qui allait le faire, quel médecin. Ils voulaient opérer sur place, j'étais à Malaga, mais j'ai dit : 'Non, non, je dois m'assurer d'avoir le bon médecin'. J'ai attendu et ils sont revenus vingt minutes plus tard, juste au moment où j'ai eu mon plâtre, et il m'ont dit que je m'étais aussi cassé deux os au poignet gauche. Je suis donc retourné dans ma chambre pour plâtrer le poignet gauche."
"Je suis sorti de l'hôpital avec deux [bras en] écharpes, sans pouvoir bouger les mains ni les poignets, et j'ai pris directement l'avion pour Barcelone. Car un ami m'a mis en contact avec un médecin qui s'est occupé de nombreux pilotes MotoGP, et je me suis dit que si j'allais le voir… J'étais proche de Barcelone et ça me donnait une chance de revenir aussi vite que possible dans la voiture. J'ai envoyé les radios à mon ami, qui les a transmises au docteur en Espagne, et il a dit : 'Viens me voir demain, dimanche matin à 9h, je réserverai la salle d'opération pour lundi'."
"Il a examiné mes deux poignets et a dit : 'Tu as trois fractures, une au poignet droit qui doit être opérée le plus rapidement possible, et deux au poignet gauche'. Puis je lui ai parlé de mon orteil, j'ai retiré ma chaussure et ça saignait. Il m'a dit : 'Tu as une fracture à l'orteil aussi, mais on ne peut rien y faire'. Il m'a dit de revenir 24 heures plus tard pour l'opération du poignet droit. Il m'a donc opéré à droite et m'a plâtré le poignet gauche. Il m'a dit qu'il allait immobiliser le poignet gauche pendant deux à quatre semaines, sans savoir combien de temps il faudrait pour le poignet droit… en espérant que je commencerais à bouger un peu pour Bahreïn, et peut-être piloter, tout en sachant que ça prendrait du temps pour l'orteil et qu'il fallait le laisser au repos."
Lance Stroll peut savourer son résultat, et le podium de son coéquipier Fernando Alonso.
Je ne pensais pas pouvoir monter dans la voiture de sitôt.
Lance Stroll
Une fois l'opération passée, il n'y avait donc aucune certitude quant à une date précise de retour à la compétition. Tout s'est accéléré avec beaucoup de détermination et, certainement, une capacité à dépasser la douleur. C'est seulement mercredi dernier, après une séance de simulateur où le retour de force du volant a été poussé plus que de raison, que la décision a été prise avec Aston Martin, et surtout avec la bénédiction du médecin, de tenter de prendre part au Grand Prix de Bahreïn.
"J'ai passé toute la semaine à faire des tests après l'opération du lundi, et j'ai dormi le dimanche soir et le lundi soir à l'hôpital avec ma mère, qui a été incroyable, qui a été à mes côtés en permanence", souligne Lance Stroll. "Je ne pensais pas pouvoir monter dans la voiture de sitôt. Je ne pouvais pas bouger, j'étais loin d'être en état de piloter. Je passais dix heures par jour avec mon ostéopathe Henry à faire de la rééducation, à essayer de me remettre au travail. Et ça me semblait toujours aussi impossible. Et puis soudain, la semaine dernière, lundi et mardi, j'ai eu le sentiment de pouvoir faire plus de mouvements. Et mercredi encore plus…"
"Je suis allé dans le simulateur mercredi et j'avais très mal, mais je me disais que d'ici la première séance d'essais le vendredi, ça pourrait peut-être le faire. Le médecin m'a examiné le mardi soir à Barcelone et m'a dit : 'Je suis satisfait du poignet droit, l'opération semble stable. Le poignet gauche, les fractures ont l'air suffisamment saines pour courir. Et l'orteil, c'est une question de tolérance à la douleur. Mais je ne suis pas inquiet du risque d'aggraver l'état de ton poignet ou ce genre de choses'. Je me suis donc dit que j'allais essayer. J'ai réussi à monter dans la voiture vendredi. Quoi qu'il en soit, c'était une belle expérience de vie, une belle histoire à raconter au dîner ! Mais je ne veux plus jamais connaître ça !"
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