Comment AlphaTauri évite l'échec de McLaren avec Ricciardo
Le retour de Daniel Ricciardo en Formule 1 à la mi-saison a été entravé par sa blessure, mais à Mexico, il a montré qu'il avait peut-être enfin retrouvé une voiture convenant à son style de pilotage.
Lors des saisons 2021 et 2022, Daniel Ricciardo et McLaren ont travaillé sans relâche pour mettre le pilote australien à l'aise dans les monoplaces papaye. Il est de notoriété publique que ces dernières sont faibles dans les virages lents, ce que l'écurie n'est pas encore parvenue à résoudre, et ses pilotes sont contraints de compromettre leurs freinages et leur vitesse de passage en courbe.
Tandis que Lando Norris et Oscar Piastri ont su contourner cette faiblesse pour signer de nombreux podiums sur des circuits convenant à la MCL60 de 2023, Ricciardo n'est jamais parvenu à surmonter le décalage entre le style de pilotage requis par cette voiture et ses anciennes monoplaces d'autre part.
Désormais, après quatre Grands Prix du vétéran chez AlphaTauri, le directeur de l'ingénierie piste de la petite Scuderia a une analyse similaire de la situation. "Nous voyons qu'il pilote la voiture différemment de certains autres pilotes avec lesquels nous avons travaillé, notamment Yuki [Tsunoda]", indique Jonathan Eddolls. "La manière dont il aborde les virages, la manière dont il tape les freins : le style de pilotage est différent."
Tandis que Ricciardo se mordait la queue en tentant de réduire son déficit sur Norris chez McLaren et avait fini par perdre sa confiance, il semble avoir trouvé une monoplace qui lui donne la flexibilité nécessaire pour déployer son style de pilotage naturel.
En 2022, Daniel Ricciardo (McLaren) s'est souvent battu avec sa monoplace
La fracture à la main de Ricciardo à Zandvoort a grandement retardé ce processus. Pendant ses cinq Grands Prix d'absence, AlphaTauri a apporté de nombreuses évolutions à son AT04, et a donc dû reprendre les bases avec l'octuple vainqueur en Grand Prix à Austin, puisque la monoplace était désormais très différente de celle qu'il avait pilotée avant la trêve estivale. Avec un régime de parc fermé en vigueur dès le vendredi soir en raison du format sprint, il s'est retrouvé coincé avec des réglages qui n'étaient pas optimaux et a fini 15e, à un tour.
"Nous avions ce point d'interrogation [à Austin]", poursuit Eddolls. "C'est pourquoi nous l'avons remis sur les réglages de Yuki, car la voiture a beaucoup évolué puisque nous avons apporté beaucoup de nouveautés aéro, et les caractéristiques avaient changé. Puis il a été coincé par le régime de parc fermé ; c'était la frustration de ce week-end-là. Nous en sommes repartis en sachant qu'il y avait davantage de performance dans le package, que nous n'avions pas eu l'opportunité de libérer."
Au Grand Prix de Mexico, en revanche, Ricciardo et ses ingénieurs ont eu le luxe de trois séances d'essais libres classiques pour peaufiner les réglages. Une avancée majeure a été faite dans ce domaine, couplée aux atouts de l'AT04 sur cette piste atypique, permettant à son pilote de créer la surprise avec la quatrième place des qualifications à un dixième seulement de Max Verstappen. Il a transformé l'essai avec une septième place sur les talons de George Russell – laquelle aurait pu en être une cinquième sans un drapeau rouge au mauvais timing, qui a permis à Russell et à Norris de chausser des pneus mediums quand le pilote AlphaTauri a dû conserver ses gommes dures usées, faute de mieux.
"Aborder ce week-end normal et libre [de restrictions telles que le parc fermé prématuré] nous a permis de passer la majeure partie du vendredi à travailler sur différents réglages pour essayer de libérer un peu plus de potentiel de la voiture selon son style de pilotage", souligne Eddolls. "On ne parle pas de gros chiffres, mais on voit des différences dans la manière dont il pilote. Il fait le temps au tour dans des parties différentes du virage. Par conséquent, la voiture expose des faiblesses différentes par rapport à la manière dont Yuki la pilote, par exemple."
"L'une de ses principales limitations a été le train avant, mais notre travail a pu améliorer le train avant de la voiture pour lui."
Daniel Ricciardo (AlphaTauri)
AlphaTauri montre des promesses depuis la dernière mise à jour de son plancher et a parfaitement exploité son grip mécanique sur l'Autódromo Hermanos Rodríguez. Cette performance s'annonce toutefois difficile à réitérer sur les circuits restant à visiter en 2023, même si Eddolls est convaincu que Ricciardo va poursuivre sa progression.
"Il faut aussi se rappeler que Yuki a été performant ici", souligne le Britannique. "Il a manqué les EL1 avec Isack [Hadjar] dans la voiture. Au moment de son run en pneus tendres en EL2, il avait pris le rythme et était presque au niveau de Daniel. Ce n'est pas comme si la direction empruntée pour les réglages allait libérer du potentiel uniquement pour Daniel."
Lorsqu'il lui est demandé comment AlphaTauri parvient à exploiter le potentiel de Ricciardo au contraire de McLaren, Eddolls juge l'AT04 plus facile à piloter grâce au fait qu'elle n'ait pas de faiblesse particulière, contrairement à celle de McLaren dans les virages lents. Ainsi, son pilote n'est pas sur des œufs et peut extraire davantage de performance.
"Je ne peux pas parler pour McLaren, mais la voiture que nous avons se comporte bien", analyse Eddolls. "Nous n'avons pas forcément la charge ou l'efficience aérodynamiques de certains top teams, mais il n'y a pas de grande faiblesse fondamentale. Le fait qu'elle fasse la même chose à chaque tour, d'un virage à l'autre, lui a donné la confiance de pouvoir lancer la voiture dans les virages en sachant qu'elle va tenir la route et faire la même chose à chaque fois. C'est une voiture qui lui a donné la confiance d'attaquer plus près de la limite que ce n'était peut-être le cas chez McLaren."
Les onze points engrangés par AlphaTauri en l'espace d'une semaine, s'ajoutant aux cinq unités inscrites lors des 17 Grands Prix précédents, ont en tout cas suscité l'euphorie au sein de la petite Scuderia. "La semaine dernière, Yuki a eu cinq points, et c'était énorme pour l'équipe. Tout le monde faisait la roue et des saltos arrière ! Alors en marquer six une semaine plus tard…" se délecte Ricciardo. "Il y a certainement des choses sur lesquelles je peux encore m'améliorer, mais globalement, je suis très, très content du week-end."
Avec Benjamin Vinel
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